Ci-après
quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):
-"Grammaire Tati" de Régis MOULU
- "Hors caméra" d'Angeline LAUNAY
-"Qu'est-ce qu'il a dit, qu'est-ce qu'il a dit"
de Françoise MORILLON
- "Les tribulations de Hulot en ville" de
Janine NOWAK
- "Pand-hulot, l'escargot de Bourgogne" de
Laure DECHéZELLE
- "Une rencontre fort improbable… de Jacques Tati
et de Kévin du 9-3" de Bénédicte MOLLIER
"Grammaire
Tati" de Régis MOULU, auteur
animateur
Jacques Tati se penche sous les ans,
que reste-t-il d'une société,
prend-on encore le temps de parler à son neveu,
naîtra-t-il,
qu'y a-t-il de plus insouciant qu'un chien-courge ?
Grammaire Tati,
notre soin.
Tati reste flexible,
l'enfance lui parle au creux de son oreille de bronze,
et le chien se fait une fête
d'être face
à une flaque
de pâquerettes.
Et si l'on se disait, comme ça, pour rien,
juste histoire de jouer toute sa vie pour de faux,
comme ça, pour soi, pour eux,
et si l'on se disait que le joie tenait dans son parapluie à déployer
sur le monde l'antenne du poète,
un capteur de sons,
mixeur de temps
et peut-être même démanteleur de distances,
la prise totale quoi,
la dissolution complète,
la joie du cinéma.
Et si d'un chapeau
crèche à cheveux,
et si d'un imperméable
cloche à secrets,
l'esprit de Tati nous couvrait !
Je lève alors son coude,
un angle d'approche,
comme un ange clignerait de son aile,
être complice bien sûr,
ouvert, évidemment
et étourdi, ça c'est certain
comme on peut l'être à chaque fois que les rues nous incisent
de toute leur géométrie percée.
Le chien a des oreilles en peau d'edam.
Tati, la grammaire
Tati, c'est un jeu de l'oie
qui finit au vieux St-Maur
par faire le numéro
d'un Tati statufié,
Sur la place des hommages
son angle de bras est ouvert comme un guillemet,
le neveu capté dans les oreilles,
Tati est là,
à présent rivé sur une plaque,
offert sur un plateau,
Tati est stoppé par son chapeau,
Tati ici rêve d'être tire-bouchonné,
il vit pour d'autres rives,
fait de la résistance,
on le devine homme-fût, homme-bobine,
dérouleur de films,
démouleur de mimes,
"décibels façonneur"
aux bandes sons canons où c'est
marcher pour tricoter,
rire pour mettre l'alarme,
klaxonner pour défaillir
et parler pour se taire,
qui cuit un steak déclenche une cascade !
qui coupe une branche nous sectionne le bras !
Tati contre l'étroitesse des lignes,
contre les séries en série,
contre les boulevards de rien
ou les copies d'un nulle part,
Tati contre le décor qui astreint,
qui éloigne,
qui déshumanise,
qui dépoétise,
Tati le détail
Tati l'errance,
Tati chapardeur de plaisirs,
distributeur d'insolite
qui forme ce qu'il vient de parcourir,
qui réécrit le patrimoine…
Tati mise sur Gérard,
Gérard joue avec le chien,
Tatischeff a du chien !
Tati au marché,
Tati déambule,
se penche sur tout,
surtout la tête,
Tati interrogateur,
Tati réalisateur réalisant que…
la vie est dans le chien,
teckel malin tel qu'il est,
on est toujours tel qu'on mérite d'être,
tel oncle, tel neveu,
tel neveu, tel teckel,
telle est la leçon à désapprendre comme elle est,
Hommage à Tati !
oui, hommaginons,
décalcifions,
déclassifions,
démarchons et long-en-largissons,
instruisons,
investissons,
interstiçons,
précipissons et défaillons,
redéfaillons
et reredéfaillons,
déglaçageons,
déglaçons et dégageons-nous les orteils,
désoreillifions par là même,
décéruminions,
déconduitons,
dénasons et décorneillons,
empaupiérisons-nous
tout en nous bouche-à-bouchant,
désterrons,
déstressons et déclinons les fausses invitations,
rayonnons,
extraplosons,
déconvenons,
désemboutissons, et décontenaçons tout ce que nous pavons,
décornons, décornons,
ou alors initiativons,
intronisons,
informidablons et même, allons-y, diformidablons !
"Hors
caméra" d'Angeline LAUNAY
Personnages :
Jacques Tati
Un garçon
Dorothy
Tati - Jeune homme, enfin… je voulais dire… cher
enfant… voilà, je voulais vous demander quelque chose… une chose qui
a un rapport avec un objet qui m'est assez cher… Il n'est bien sûr pas
question d'argent… il est question de cet objet personnel, ma pipe !
Il se trouve que je l'ai perdue, ou plus exactement… enfin, je ne veux
pas dire qu'elle m'ait été " volée ", non, le mot n'est qu'en partie
exact. Elle m'a été " enlevée ", oui, c'est ça, je dirais… ce fut un
" rapt " mais peu banal, quoiqu'un rapt ne soit pas à vrai dire un acte
coutumier. Ainsi, ma pipe est tombée de ma poche et, tandis que je me
baissais pour la ramasser, un chien - enfin, une espèce de bolide -
s'est rué dessus et a disparu au bout de la rue ! Je me suis retrouvé
" interdit " en même temps que " désemparé "… Bref, l'auriez-vous vue
? - enfin, ma pipe, et par la même occasion, le chien, puisque maintenant
l'une ne va pas sans l'autre… C'est pourquoi je me vois dans l'obligation
de vous interroger, mon jeune ami…
Garçon - Monsieur, vous tombez bien, c'est mon chien ! Il est
parti par là. Je vais l'appeler… Il a peut-être pris votre pipe pour
un os !
Tati - Ma pipe, un os !
Garçon - Euh, une espèce d'os, avec un bout qui manque… Ha ha,
ce serait comme si elle avait été rongée d'un côté…
Tati - Rongée d'un côté, ma pipe !
Garçon - Ne vous faites pas de bile, Monsieur… ?
Tati - Je m'appelle Tati, Jacques Tati.
Garçon - Ne vous faites pas de bile, Monsieur Tati-Jacques-Tati.
Tati - Non, Jacques Tati.
Garçon - Ah bon… Ben mon chien, il s'appelle " Reviens " et votre
pipe, il va vous la ramener… à moins qu'il ne soit allé l'enterrer dans
un trou.
Tati - C'est une éventualité qui n'est guère souhaitable… Humm…
Fâcheux…
A cet instant, s'arrête une voiture à leur hauteur.
Une jeune femme est au volant.
Doro - (avec un léger accent anglais) Pardon,
Monsieur, pourriez-vous m'indiquer la route pour La Varenne ?
Tati - Mais certainement, mademoiselle… mademoiselle ?
Doro - Dorothy, Dorothy Seymour.
Tati - Très honoré, mademoiselle Dorothy. Vous permettez que
je vous appelle Dorothy…
Doro - Vous pouvez même m'appeler " Doro ". Et vous, vous êtes…
Tati - Tati, Jacques Tati.
Doro - Oh, Tati, c'est original comme petit nom.
Tati - Euh… Oui… Doro, c'est charmant…
Doro - Vous trouvez ?
Tati - Non seulement mais encore…
Doro - Merci. Je me suis perdue. J'ai roulé au bord du fleuve…
Tati - De la rivière…
Doro - Ah oui, la rivière ! C'est si joli. J'ai suivi l'eau,
j'ai tourné et je suis tombée ici.
Garçon - Comme la pipe !
Doro - Comment ?
Tati - Il parle de l'objet que je me suis fait " rapter ".
Doro - " Rapter " ?
Tati - Ne faites pas attention, mademoiselle Doro, c'est le chien
qui… mais il reviendra peut-être…
Garçon - Sûrement puisqu'il s'appelle " Reviens " !
Doro - " Reviens "… Quel drôle de nom !
Garçon - Il vaut mieux pas qu'il s'appelle " Disparu ", surtout
avec la pipe !
Doro - Je ne comprends rien à vos histoires et je suis toujours
aussi perdue ! Tati - De fait… Vous disiez… La Varenne, c'est un peu
loin, à l'autre bout de la presqu'île.
Doro - Pourquoi pas une " île déserte " tant que vous y êtes
!
Tati - Déserte, non, mais île… presque…
Doro - Et que faites-vous dans cette presqu'île ?
Tati - Oh, je suis ici pour tourner un film au Vieux Saint-Maur.
Doro - Puis-je savoir qui est le vieux saint Maur ?
Garçon - Eh ben il est vieux, il est saint et il est mort !
Tati - Ca se défend comme définition.
Doro - Vous tournez un film ! Vous faites un métier passionnant
!
Tati - Passionnant, oui, mais je ne suis pas sûr que ce soit
un métier… Vous ne seriez pas actrice par hasard ?
Doro - Ai-je l'air d'une actrice ?
Tati - Non seulement l'air mais également " l'élégance, la prestance,
l'assurance… "
Doro - Alors, il y a une petite place pour moi dans votre film,
monsieur Tati ?
Tati - Justement, je cherche quelqu'un qui puisse apporter une
note charmante et dynamique dans mon histoire… une jeune femme exactement
comme vous !
Doro - Je suis flattée, monsieur Tati, mais je ne suis pas sûre
de correspondre au personnage que vous recherchez…
Tati - Ne vous en faites pas… Soyez juste vous-même et ce sera
parfait !
Doro - Si je m'attendais à ça… Je suivais la… rivière, je suis
arrivée - comment avez-vous dit - au vieux Saint-Maur, et j'ai la proposition
pour un film… Au fait, de quoi parle votre film, monsieur Tati ?
Tati - De l'atmosphère dans laquelle vivent les gens du quartier…
Doro - C'est un curieux sujet…
Tati - Oui, un sujet qui peut rendre curieux… Toutes ces rues,
ces maisons, ces arbres… et les habitants qui rentrent et qui sortent,
qui passent, se parlent…
Doro - Ou roulent sans savoir où ils vont…
Tati - Par exemple… Savons-nous où nous allons ou ce que nous
voulons vraiment…
Doro - Vous savez ce que vous voulez, monsieur Tati ?
Tati - Oh, je vous en prie, vous pouvez m'appeler Jacques.
Doro - Ah non, je ne peux appeler tout de suite par son prénom
un imprésario rencontré par hasard !
Tati - Mais je ne suis pas imprésario !
Doro - Ah ? Je croyais que ceux qui font des films sont des imprésarios…
Tati - Vous pouvez dire " cinéaste " mais je préfèrerais que
vous disiez " Jacques ".
Doro - Je préfère " Tati ", c'est si mignon…
Tati - Merci mademoiselle Doro, c'est aimable.
Doro - Je vous en prie… Et le titre de votre film, c'est ?
Tati - Je ne l'ai pas encore trouvé mais ce serait un titre qui
puisse avoir un rapport avec la ville, les gens ou l'époque à laquelle
nous vivons…
Doro - Quelque chose comme… " Playtime " ?...
Tati - Je n'aurais pas trouvé mieux ! C'est heureux que je vous
aie rencontré, mademoiselle Doro, vous me donnez une idée formidable
!
Doro - " Formidable "… le film ou l'idée ?
Tati - L'idée, bien sûr ! Le film, il se fait tout seul une fois
l'idée lancée.
Doro - Oh, vous m'engagez pour jouer ou pour lancer les idées,
monsieur Tati ?
Tati - Les deux bien entendu !
Garçon - Et moi, je fais quoi dans tout ça ?
Tati - Vous, jeune homme, vous ne voudriez pas tenir le rôle
de mon neveu, par hasard ?
Garçon - Alors là, tout ce qui est " par hasard ", je prends
! Je suis le roi du hasard ! Sauf que mon chien, lui, s'il revient,
c'est pas par hasard... Tenez, le voilà ! Et qu'est-ce qu'il rapporte
? - Reviens, viens ici ! Veux-tu rendre sa pipe à monsieur Tati ! Si
tu la lui redonnes, il y aura peut-être un rôle pour toi dans " Playtime
" !
"Qu'est-ce
qu'il a dit, qu'est-ce qu'il a dit" de Françoise MORILLON
Mais il n'a rien dit ou plutôt il ne dit rien ; il n'a
pas besoin de dire.
Si tu permets que je te tutoies, cher Monsieur Tatischeff….
ou plus simplement Grand Jacques. Je suis toute petite devant toi, ta
longue stature en arc de cercle presque parfait n'en finit pas, heureusement
que ton petit chapeau de feutre à arrêter ta croissance, sinon tu aurais
continuer de pousser comme la tige d'une mauvaise herbe.
Tu ne dis rien, pourtant ton neveu semble être à ton
écoute, il boit tes paroles ou tes pensées mais il est surtout sous
le charme de ce grand roseau malicieux qui le protége.
Je comprends que tu te sois posé là avec Gérard ; quel
bel endroit pour un Grand, le Général De Gaulle s'y serait bien trouvé
sur cette Place de la Pelouse à Saint-Maur : il aurait pu lancer à tue-tête
le "je vous ai compris " aux Français en 1955 en dépliant avec grande
facilité ses grands abattis !
Au fait, tu me permets le tutoiement ? tant pis, j'ai
déjà écrit une bonne dizaine de lignes qui emploient " tu ". Alors,
je continue, c'est plus sympa, Jacques, non ?
J'ai voulu entreprendre un dialogue avec toi mais je m'aperçois
comme on dit que c'est un dialogue de sourds, je suis la seule à dialoguer,
dialoguer veut dire deux pourtant ! Ah tu suis ? ben tant mieux et ton
neveu avec son petit nez à la retroussette il est mignon avec sa petite
casquette de pensionnaire de la gentry anglaise ; il boit tes paroles
pourtant non ? que dit-il ? mais elles sont muettes ces statues et pourtant
quand je vous observe je vois vos lèvres bouger et les phrases s'envolent
s'enroulent en se perdant dans l'air au milieu du beau ciel bleu qui
nous recouvre ce matin.
Et c'est le petit chien qui est votre script-dog, il garde
ta pipe entre ses dents, Jacques, toi, ton neveu Gérard Arpel et ton
teckel vous êtes là pour qu'on parle de vous : la place est bonne, hein
petits malins et c'est nous qui planchons cet après-midi.
Il parait que tu as tourné un film ici en 1958 et que
presque toute la planète en a parlé : prix spécial du prix au Festival
de Cannes, Grand prix technique de la CSTCF à Cannes, prix Méliès de
critique cinématographique en 1958.
Il paraît aussi que ton beau-frère t'a trouvé du boulot
dans son usine Plastac, mais tu n'es pas fait pour travailler, célibataire
endurci ; tu est fait pour penser, durer, quand je te regarde tu me
fais penser à une sorte de pape à la Tati, une énigme apparue en 1958
et qui reste toujours une énigme. Tes pieds sont bien accrochés à la
pelouse du Vieux Saint-Maur, il y a intérêt, vu ta hauteur et ta ligne
comme j'ai dit plus haut tu aurais pu t'envoler comme ces cerfs-volants
longilignes entraînant ton neveu et ton teckel : oui à propos du chien
assis sur son train arrière je n'en ai pas beaucoup parlé, est-il ton
ombre, ton gardien, ton cerveau ? il garde ta pipe en permanence, il
la serre fort dans ses crocs - il paraît que l'on te l'a volée plusieurs
fois cette fameuse pipe ? Et pourquoi n'as-tu pas préféré un grand chien,
il aurait pu te rendre plus de services en étant presque à ta hauteur,
ah ? tu préfères un petit, ça fait un pendant avec toi un peu déjanté
physiquement et ils vivent plus longtemps les petits chiens et c'est
plus facile à caser lorsqu'on travaille.
Donc tu as travaillé dans l'usine de ton oncle mais quelle
idée, c'est trop moderne pour toi, tu es trop en décalage, c'est pas
pour toi les gadgets, la vie moderne, l'argent, tu es trop bien là,
admiré de tous, tranquille, protégé par l'église St-Nicolas, tu es un
poète, tu dois le rester, nous t'admirons, chapeau et merci Monsieur
TATI.
"Les
tribultaions de Hulot en ville" de Janine NOWAK
I - Vendredi 2 Décembre 2000 à 16 H
Gérard, le P'tit N'veu : Tonton, Tonton, tu
es là ?
M. Hulot, l'Oncle : Mais oui, Gérard, mais oui.
Gérard : J'ai peur. Pourquoi il fait tout noir ?
M. Hulot : T'inquiète pas, p'tit bonhomme ; c'est
parce que nous sommes sous une bâche.
Gérard : Ben pourquoi elle nous a mis une vache sur la tête,
Madame Mélanie ?
M. Hulot (riant) : Mais non, pas une vache avec des cornes,
mais une bâche avec un B comme bonjour. C'est une sorte de grande couverture…
Mais, c'est vrai, tu dormais et tu n'as pas réalisé ce qui se passait,
Nous ne sommes plus chez Mme Quentin, mais dehors, sur un coin de gazon
où on nous a transportés. Et j'ai l'impression qu'il va se passer quelque
chose… Ecoute ce brouhaha de conversations autour de nous.
Une voix d'homme s'élève : " … et nous avons le grand
plaisir d'inaugurer, érigée sur la Place de la Pelouse qui vient d'être
spécialement aménagée à cet effet, l'œuvre de Mme Mélanie Quentin. Découvrons
là … Si quelqu'un veut bien m'aider à ôter ce voile rebelle ". Applaudissements,
vivas, bravos, bravos, bravos …
L'homme reprend (c'est le Maire de la commune) : " c'est ici même, au
cœur du Vieux Saint-Maur, je le rappelle, que Jacques Tati a tourné
en 1956, les extérieurs de son film intitulé " Mon Oncle ". Il avait
été particulièrement séduit par ce quartier et trouvait que la patine
du temps donnait une âme à toutes ces charmantes et modestes demeures.
Tati n'avait pas hésité à recruter sur place, pour la figuration, adultes
et enfants. En outre, fidèle à son habitude, il avait inclus à son film,
scènes de marché, jeux d'enfants, groupes de bavards, tranches de vie
de ce coin de banlieue si simple mais si vivant.
Nous remercions Mélanie Quentin qui, grâce à son talent, a su créer
cette splendide sculpture évocatrice de " Mon Oncle ". Nous voyons M.
Hulot, avec son éternel parapluie et sa pipe vissée à la bouche ; il
est vêtu, comme à l'accoutumée, d'un pantalon et d'un imperméable trop
courts ; il se penche sur son neveu, lui tient une main et parait l'écouter
attentivement. A présent mes amis, je vous propose de m'accompagner
sous le chapiteau dressé un peu plus loin, afin de partager le verre
de l'amitié ".
Derniers applaudissements, vivas, bravos, bravos, bravos …
Tout le monde s'éloigne pour boire le vin chaud promis. Les voix deviennent
des murmures. Le silence s'installe.
Gérard : Ouh ! J'ai le tournis. Quand ils ont
enlevé la bâche, comme je regardais en l'air, ça m'a fait euh … comme
un vertige à l'envers. Tu vois ce que je veux dire ?
M. Hulot : Oui, je comprends ; c'est parce qu'ils ont arraché
la toile assez brutalement. Tu aurais imaginé cela, gamin ? Pas loin
de cinquante ans plus tard, on nous honore encore … Ben vrai (dit-il,
les deux mains sur les hanches).
Gérard : Attention, mon Oncle. Tu vas attraper la grosse tête
!!!
M. Hulot : Alors là, pas de danger. Tu me connais. Tu m'imagines,
moi, fier et arrogant, gonflé de vanité ? Voilà qui surprendrait bien
mon entourage et qui serait en totale contradiction avec ma folie douce.
Tu sais, mon Gérard, je suis plus lucide qu'il ne parait : évidemment,
j'ai toujours donné l'impression de vivre sur une autre planète, tant
ma façon d'être était tellement non conventionnelle. Il est très difficile
d'offrir une belle image de soi-même quand on est comme moi, empêtré
dans sa maladresse et qu'au lieu de jolis mots, ce ne sont que des miettes
de phrases qui te tombent de la bouche. Jacques Tati a été un peu sévère
avec moi quand il m'a créé. Certes, je compose un personnage attachant,
sympathique, très émouvant et drolatique, mais si singulier avec ses
manies et ses bizarreries. C'est parfois un peu lourd à porter.
Gérard : Dis, mon Oncle, on part se promener ?
M. Hulot : Attends un peu, mon garçon. Laissons les familiers
du quartier s'habituer à notre présence. D'ici peu de temps, ils passeront
devant notre socle sans même s'apercevoir si nous n'y sommes plus pour
cause de vagabondage. Patience, patience …
II - Samedi 4 JUIN 2005.
Gérard : On s'est bien amusé, hein mon Oncle
?
M. Hulot : Pas mal.
Gérard : Regarde le chien, comme il est content ! C'est bien
que Mme Mélanie nous l'ait donné. Et puis lui, au moins, il ne lâche
pas ta pipe !
M. Hulot : Ma pipe ! Ah, parlons-en de ma pipe ! Voilà un
sujet qui me fâche ! Dieu sait si je ne suis pas conformiste, mais je
trouvais en effet insupportable qu'elle me soit systématiquement volée.
Cela s'est produit au moins douze fois, et puis bleump, niab, clomb,
gnoup, bloung, moumpf, pfoumpf, tneupf …
Gérard : Oh mon Oncle, mon Oncle, arrête !!! Tu es encore
en train de mâchouiller tes mots. Dès que tu t'excites, on ne te comprends
plus ; même-moi, alors c'est dire ! Mais tu as raison, les gens sont
vilains. Regarde la dame qu'on a rencontrée l'autre jour, tu sais, heum
… comment elle s'appelle déjà ?
M. Hulot : La lanceuse de globos, tu veux dire ?
Gérard : Oui, c'est cela : hé bien, elle ne les a jamais retrouvés,
ses fameux gloooo … trucs !
M. Hulot : Hé oui, que veux-tu : autre époque, autres mœurs.
Gérard : Tonton ! On ira encore tirer les sonnettes ?
M. Hulot (avec tristesse) : Ah, les sonnettes ! Si tu savais
le mal que je me donne pour te trouver de bonnes vieilles sonnettes
! A présent, on ne rencontre plus que des interphones, digicodes et
autres curiosités du genre, inutilisables pour nous.
Gérard : Moi, ce que je regrette, c'est la vieille carriole
tirée par le cheval ; j'aimais bien quand on y montait pour rentrer
le soir.
M. Hulot : Hé oui, les seuls chevaux que nous voyons à présent,
sont ceux du cercle hippique. Ce n'est plus pour nous non plus.
Gérard (se parlant à lui-même) : Il devient drôlement grognon,
mon Oncle en vieillissant. Je n'ai pas de chance aujourd'hui, avec les
sujets que j'aborde. Il faut vite que je trouve une idée pour lui rendre
sa bonne humeur.
(Puis tout haut et avec malice) : Oh, mon Oncle, que dis-tu de ça
: le magasin là, à l'angle de la rue, hé bien, quarante-neuf ans après,
c'est toujours une librairie ! Tu ne trouves pas cela formidable ? Et
un peu plus loin, le bistrot où tu étais client existe toujours ! Oh,
bien sûr, les noms ont changé ainsi que la décoration, mais ce sont
encore les mêmes commerces. Ce n'est pas miraculeux, ça ?
M. Hulot (qui n'est pas dupe) : Tu as raison, gamin, parlons
plutôt de choses réjouissantes. Il faut reconnaître qu'on nous a fait
un beau cadeau en nous installant ici. Nous nous retrouvons dans ce
quartier délicieux où le temps semble s'être arrêté. Evidemment, si
on examine de très près ce qui nous entoure, rien n'est plus vraiment
pareil. Mais je dois l'admettre, les transformations apportées ont embelli
le site sans trop le modifier et surtout sans dénaturer le charme désuet
de cet univers presque villageois.
Je sais, j'ai l'air comme cela anachronique et ennemi de toutes nouveautés.
Que veux-tu, moi je suis une âme simple, qui se contente de peu et bien
sûr, toutes ces machines modernes et avant-gardistes me terrorisent.
Mais je ne suis pas borné et je peux comprendre que les ménagères (qu'elles
soient de plus ou de moins de cinquante ans !) se réjouissent d'utiliser
des instruments qui leur facilitent la vie.
Pour ma part, je suis sans souci majeur et mon seul but, est de réaliser
ma vie poétiquement, à l'abri des tumultes existentiels. Alors, c'est
inévitable, je suis dérangeant, parais excentrique. Je ne possède pas
l'art de la parole, ne sais pas construire de belles phrases percutantes
; mes capacités oratoires sont nulles ; quant à mon élocution confuse
et trébuchante, elle provoque de la gêne et divers remous. Involontairement,
je multiplie les gaffes, empêtré que je suis dans ma loufoquerie. Je
suis incapable de m'intégrer socialement et professionnellement. Et
mon goût immodéré pour la liberté nourrit le malaise que je créé. Il
n'y a chez moi, pourtant, aucune volonté de provocation et néanmoins
je surprends, choque et même dérange. Je me souviens, comme si c'était
hier, de tous les qualificatifs qui m'ont été attribués lors de la sortie
du film. Veux-tu un échantillonnage ? éparpillé… ahuri… insouciant…fantasque…
dégingandé… grand Duduche gesticulant… immature… emberlificoté… Pierrot
lunaire en gabardine… turbulent - voire incontrôlable -… enfant perdu
dans la jungle des villes… primesautier… que sais-je encore …
Gérard : Tu as tort, mon Oncle, de te juger aussi sévèrement.
Moi aussi je les ai lus, les articles de l'époque et je me souviens
des louanges qui t'étaient adressées. C'était très flatteur, tu sais
: émouvant… un tourbillon joyeux… tendre… en état de grâce auprès du
public… d'une grande fraîcheur… comment de ses faiblesses il a su faire
des qualités… splendide dans le désastre… un je ne sais quoi de rêveur
et de doux… on subit son charme… un peu naïf, beaucoup poète… un amuseur
qu'on adore … qui fait la part belle au mystère et au rêve … un ovni
magnifique … un funambule attendrissant.
Tu as su apporter du bonheur aux gens et cela n'a pas de prix. Et je
peux ajouter qu'auprès de mes copains, quand tu venais me chercher à
la sortie de l'école, tu avais drôlement la cote !
M. Hulot : Tu crois ?
Gérard : Beuh, oui ! Tu sais bien que tu as toujours été mon
idole et que je ne t'ai jamais, jamais, jamais menti. Si je te le dis,
c'est que c'est vrai !
M. Hulot (illuminé) : Tu as raison mon petit Gérard. Continuons
allégrement nos facéties, nos jeux de piste de rues en rues. Oublions
l'ordre établi, la discipline, les lignes droites et surtout les noirceurs
du monde. Vive la fantaisie !
Regarde, la nuit est venue. Une de ces belles nuits d'été où l'on se
croit relié aux étoiles. Comme on se sent bien et léger sous ce plafond
peint de signes astrologiques ! Vois-tu, j'ai compris quelque chose
d'important : toutes les époques sont belles … une fois qu'elles sont
passées… C'est un moment d'émotion très doux ; cela s'appelle la nostalgie.
Mais il faut surtout éviter les regrets.
J'ai vu il y a quelques temps l'affiche d'un film. Le titre était splendide
: " Se souvenir des belles choses ". Retiens bien ceci, Gérard : c'est
exactement ce qu'il faut faire dans la vie : se souvenir uniquement
des belles choses et rejeter celles qui sont trop sombres. Et je
forme un vœu : puisque nous sommes, à nous deux, le symbole ressuscité
d'un mythe, puisque nous savons faire surgir un climat onirique, puisse
notre immortalité apporter un peu de chaleur aux gens de ce quartier
en faisant se juxtaposer réel et imaginaire et en leur offrant ainsi
de partager, pour toujours, notre joie de vivre.
"Pand-hulot,
l'escragot de Bourgogne" de Laure DECHéZELLE
Le sénateur MAUJEAN qui arborait de grandes moustaches
et qui était propriétaire du domaine de l'abbaye du vieux SAINT-MAUR,
venait de déjeuner avec le neveu du cinéaste TATI, le baron TAYLOR.
Tout au long du déjeuner, ils devisèrent sur le boom économique de l'informatique
sans oublier pour autant, d'évoquer le charme prégnant et encore vivant
des bords de la marne à SAINT-MAUR.
Le déjeuner terminé, le baron TAYLOR s'en retourna dans ses bureaux
de paris situés place Saint-Georges où régnait une circulation organisée
de la hiérarchie imposée et voir fléchée.
Il fuma un cigare sur le balcon de son bureau qui donnait sur les toits
de paris, en songeant, nostalgique à son oncle TATI qui aimait tant
la beauté de l'innocence.
Soudain, le baron TAYLOR regarda avec attention et stupéfaction
un escargot de bourgogne qui venait d'atterrir sur un dossier. Le gastéropode
laissa une traînée scintillante sur les dossiers brûlants à l'ordre
du jour.
Le baron TAYLOR devait tenir dans les cinq minutes qui
suivaient un conseil d'administration avec les plus hautes instances
de sa société.
Brusquement, le téléphone sonna, le baron décrocha et se retrouva avec
l'escargot sur la pointe de son index.
Il répondit d'une façon laconique au président sur les projets d'administration.
Melle Mars sa secrétaire vint le chercher en grande hâte
et lui recommanda instamment de se rendre à la réunion car il était
l'homme de l'autorité. Le baron TAYLOR, se précipita alors, dans la
salle où il retrouva toute l'assemblée ainsi que Monsieur ARPEL qui
était raide comme la justice avec l'œil grinçant d'impatience.
La séance du jour fut totalement inaudible. En effet, un concert surprise
d'origine mexicaine s'improvisa sous leurs fenêtres.
Le baron TAYLOR sorti rasséréné, l'escargot sur son épaule
comme une étoile.
Pour se remettre de cette séance il décida d'aller se
détendre, en faisant une petite visite au château de Versailles accompagné
de son nouvel ami.
Pand-hulot, l'escargot, était ravi de cette initiative.
La file d'attente dans la cour royale ne fit pas peur
à l'escargot qui décida à ce moment là, de se transformer en " pois
sauteur ".
En effet Pand-hulot décida d'emblée de sauter sur toutes les têtes des
touristes et passa consciencieusement à travers le sas de sécurité,
les antennes bien droites et les yeux grands ouverts de fierté.
Le baron TAYLOR prétendit faire partie du comité officiel de la restauration
du salon des nobles de la Reine. Les guides dépassés par une ordre d'espagnol
en Tunas et guitare le laissèrent passer craignant de négliger un mécène
de la " BNP-PARIBAS pour l'ART ".
Le baron TAYLOR se demandait où pouvait bien être son
escargot. Il l'aperçu soudain, en immersion totale dans les plumes d'autruche
de la reine, surplombant le dais royal. Un écriteau indiquait que dans
cette salle aucun commentaire d'aucune sorte ne pouvait être fait.
Le baron, gêné de voir son ami dans cet émoi, décida de lui tendre le
plus discrètement possible, la pointe de son parapluie afin que celui-ci
retrouva ses esprits et un peu de tenue.
Pand-hulot au bout du parapluie ruisselait de bonheur et le baron TAYLOR
(le bras ainsi tendu à la TATI) passa pour un guide averti et donc respectueux
des consignes puisqu'il indiquait en silence de sa baguette distinguée
les œuvres restaurés de Mercure répandant son influence sur les arts
et les sciences.
Un cocktail de presse dédié aux généreux mécènes clôturait
la phase de nettoyage de ce superbe chantier.
Ariane de Lestage responsable de la communication du château de VERSAILLES
fut saisie de convulsion mondaine en voyant le baron. Elle se précipita
sur celui-ci, en le conviant très chaleureusement à une allocution sur
le salon de la paix qui fut annexé en tant que salon des jeux pour la
jeune Duchesse de bourgogne.
L'escargot sur l'épaule du baron succomba au charme de
cette ravissante personne. Soudain, Pand-hulot fit éclater sa coquille
de joie qui tomba en direct, dans la flûte à champagne d'Ariane. Puis,
il décida de se jeter dans les bulles de sa divine hôtesse afin d'y
retrouver sa coquille.
Affolé, le baron TAYLOR accepta immédiatement de faire
un petit discours en arrachant le verre aux lèvres d'Ariane qui allait
avaler tout cru le gastéropode, pour le lever en signe de fête.
De la coupe de champagne scintillait les deux antennes de Pand-hulot
qui venait de récupérer sa coque ainsi qu'une couronne royale.
Vive la Reine et vive le Roi cria le baron TAYLOR.
Le Baron TAYLOR porta au comble de l'extase l'escargot de bourgogne
quant il déclara éperdu "Je déclare le bal des escargots ouvert ".
Les ébats mondains terminés, le baron et son ami Pand-hulot,
bien calé sur son épaule, firent enfin, une agréable et paisible promenade
en barque sur le lac du parc royal.
Tout à côté de Pand-hulot venait de se placer discrètement,
avec beau coup de délicatesse et toute fière, une adorable et impétueuse
Pand-hulotte.
"Une
rencontre fort improbable… de Jacques Tati et de Kévin du 9-3"
de Bénédicte MOLLIER
Kévin = K
Jacques Tati : JT
K : Dis….t'es un géant toi ! oh la la … viens, baisse
toi. Baisse toi encore, plis toi en deux s'il le faut, je suis petit
moi…voilà, j'ai quelque chose à te demander. Voilà, j'aimerais savoir,
tu fais quoi ici à Saint Maur ? C'est quoi toutes ces machines et ces
gens en " costumes " ?
JT : eh bien petit…on tourne un film pour le cinémascope
et ces grosses machines noires que tu vois là-bas, ce sont les caméras.
K : C'est quoi le cinéma au juste m'sieur ?
JT : Eh bien petit (dit il en se raclant la gorge), j'ai
écris une histoire et maintenant je la filme à Saint Maur. Vois tu le
cinéma s'est mettre en image et son une histoire.
K : Et elle raconte quoi ton histoire ?
JT : je parle de la vie, des hommes et de leurs travers.
J'y raconte la vie des gens, la vie de tous les jours avec les petits
bonheurs et les malheurs aussi.
K : et c'est quoi le bonheur M'sieur ?
JT : Alors je vais essayer d'être le plus simple possible
dans ma réponse. Je vais prendre une image. Ferme les yeux et imagine
toi marcher dans l'herbe pieds nus un jour d'été quand l'air est bon,
quand l'herbe te chatouille les doigts de pieds entre les orteils.
K : Oui, cela paraît cool mais y'a pas d'herbe devant
chez moi, rien que des bacs à sable ripoux plein de crottes de chien
et puis l'herbe chez nous, on la fume !
JT : voilà, le plaisir que tu as à marcher dans l'herbe
peut être une des manifestations du bonheur Petit.
K : Ouais, ouais, c'est cool…faudra que j'essaie ! mais
je crois que je préfére encore ma game boy !
JT : ta gamme quoi ??
K : Oh laisse béton !! et tu le fais souvent de marcher
dans l'herbe…c'est pour cela que tes pantalons sont ras le plancher…trop
courts !
JT : Dis donc Petit, si je comprends bien tu te moques
de moi ?
K : Non M'sieur…J'oserais pas….alors continue et raconte
moi cette histoire
JT : C'est l'histoire d'un homme qui vit seul dans la
toute petite maison que tu vois là-bas. Il n'a pas de travail et dans
la journée il va rendre visite à sa sœur qui vit dans une très belle
maison moderne. Il y va tous les jours. Et s'il y passe tous les jours,
c'est pour Gérard le petit garçon de la maison. Il joue avec lui, lui
raconte des histoires et ils font du vélo ensemble. Le petit garçon
s'ennuie tout seul dans cette grande maison quand ses parents travaillent…Tu
vois la visite de son oncle qui est aussi un peu son ami, c'est l'histoire
que je souhaite raconter. C'est aussi un peu une histoire d'amitié…
K : Ben…y'a pas de cow-boys et d'Indiens dans ton histoire…c'est
nul ! pas de sabres ni d'épées lasers non plus, et puis elle est où
l'action dans ton histoire ?
JT : Tu sais Petit, le cinéma ce n'est pas que pour raconter
des histoires de cow boys et d'indiens, de gendarmes et de voleurs…
On peut aussi parler des gens simplement.
K : On en n'est plus là M'sieur ! maintenant le kif c'est
les bataillles intra-supra galactiques entre white vador et dark spray
!
JT : Qui cela ?
K : laisse béton, tu vas pas comprendre ! mais bon tu
vois il faut une action dans ton film sinon les gens vont s'ennuyer
grave.
JT : tu parles un bien drôle de langage Petit !
K : Au fait, c'est quoi ton nom ? moi, c'est Kévin.
JT : je m'appelle Jacques. Jacques Tati. Dans une vie
antérieure j'étais cinéaste, poète, comédien…
K : TATI ????? comme les Magasins ? c'est trop d'la balle
!!!! Ecoutes Jack, même si dans ton histoire y'a pas d'action, ton histoire
avec ce p'tit garçon, elle parait top émouvante et coooooooooooooooool….
Moi aussi M'sieur j'aurais bien aimé faire du vélo avec un ami…déjà
avoir un ami ce serait pas mal. Mais dans la cité, là-bas derrière l'église
c'est trop la zone, top mortel et craignos !
JT : Top quoi ? je ne comprends rien du tout à ton langage
! Ecoutes Petit…cela te plairait de faire du cinéma ?
K : Oh c'est vrai ????tu veux bien ? c'est grave génial
!
JT : je cherche un autre petit garçon pour jouer un des
petits amis de Gérard qui apparaît dans une scène ou il va jouer au
foot.
K : c'est trop kiffant ton deal, c'est ok !
JT : Ecoutes Petit, il faudra juste que tu changes un
peu ta façon de t'exprimer.
K : Ok Hombré ! top là !
JT : Top quoi ?
K ; Top là, cela veut dire que l'on est tous les deux
partant.
JT : Ok Petit top là !