SAMEDI 5 MAI 2012
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
"Le monologue du plaisantin 2"

Animation : Régis MOULU

Comédienne présente :
Armelle BERENGIER

Thème :

Accéléra-
tions et emballe-
ments

Afin de renforcer l'émotion ou d'intensifier une action en cours (et donc le suspense), un personnage fera preuve d'emballements lors de sa prise de parole. Ou de syncopes.

Ce procédé est par exemple utilisé pour révéler l'émotion et donc la confusion d'un être lors de sa déclaration amoureuse, ou lorsqu'il est pris d'une incompressible colère...

Remarque : au-delà de la contrainte formelle (thème), le sujet suivant a été proposé :

Exposer l'expérience la plus insolite qu'ait vécu un cascadeur (dans ou en dehors de son travail)


Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support sur les aspects techniques pour maîtriser le rythme d'un texte a été distribué... Cool !

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "Métier cascadeuse : pilote automobile" de Véronique VALADE

- "Le pari" de Janine NOWAK

- "Le chat de la voisine" de Nadine CHEVALLIER



Armelle BREGENGIER interprétant un texte à l'encre fraîche (coll. J. NOWAK)

 

"Métier cascadeuse : pilote automobile" de Véronique VALADE

Ce matin, je ne me suis pas réveillé.
C’est mon fils qui me secoue en criant : « y a pas d’école aujourd’hui ? ».
Là un trou. Je ne sais pas quel jour on est ?
Mardi, oui, y a école. 8 heures moins 5, c’est chaud.
« Vite vas t’habiller »
Je saute dans ma tenue de la veille, ma combinaison rouge.
Cuisine, lait tartine.
On est prêt.
Je sors le vélo hollandais, celui avec le porte-enfant à l’avant.
Je fonce. A chaque bosse, mon fils vole.
Dans la descente, le radar marque 60.
Le stop en bas, ca sera pour la prochaine fois.
Le feu.., ouf il est vert.
Le passage à niveau, ça tangue.
Le virage sur une roue.
Dernière ligne droite, je double les retardataires.
Je freine juste devant l’école.
L’horloge marque 30.
« Maman, t’es géniale »
Qu’est ce que ça serait, avec ma voiture de fonction.

« Bonne journée, fiston »

 

"Le pari" de Janine NOWAK


C’était un soir. Un soir après boire. J’étais avec mes inséparables copains Paulo, Nanar et Gégé. Les «Trois Mousquetaires », qu’on nous appelle. D’ailleurs, Nanar, qui n’a aucune culture, n’a toujours pas compris pourquoi ! Mais bref, passons.
Donc, cette fameuse fois-là, nous étions passablement imprégnés… et quand je dis « passablement », je suis modeste : sévèrement serait plus proche de la réalité.
Gégé, c’est le rigolo de la bande. Et son grand plaisir est de lancer des défis insensés. Défis que, bien évidemment, nous nous empressons de relever.
Alors, il me dit comme ça, tout à trac, d’une voix pâteuse : « Hé dis donc, Jeannot, toi qui fais des choses difficiles, voire irréalisables, je suis sûr que t’es même pas cap. de mettre ta tête dans la gueule d’un crocodile ! ».
« Moi, pas cap. ? », que je lui rétorque ? 
« Ouais, pas cap.», qu’il insiste.
« Hé bien, on va voir ça, et pas plus tard que tout de suite, encore ». Et j’enchaîne : « Combien on parie ? ».
« Cent €uros », qu’il me lance.
« Banco », fut ma réponse.
Nanar - il manque peut-être d’instruction Nanar, mais son sens pratique est incontestable -intervient : « Et où on va trouver un crocodile, en plein Paris, à cette heure-ci ? Hein ? ».
« Fastoche », que je leur assure. « Suivez-moi, les copains. Je connais un endroit ».
« Où ça, où çà ? », qu’ils me demandent.
Mais…  « Chut… secret…».
Et nous voilà déambulant en pleine nuit, dans les rues de Paname, d’une démarche plus ou moins assurée, suivant l’état d’ébriété de chacun.
On arrive, près d’une grille, donnant sur un grand parc. Je sors de ma poche un petit instrument qui ne me quitte jamais. Il faut que je fasse un aveu : mon métier de cascadeur m’offre des tas de possibilités. Escalader des façades est pour moi un jeu d’enfant. Aussi, n’étant pas d’une probité à toute épreuve, il m’arrive de joindre l’utile à l’agréable… si vous voyez ce que je veux dire… Et du coup, je suis devenu un as de la cambriole. Cependant, parfois, il m’arrive de prendre un chemin plus classique : une porte, mais oui, une bonne vieille porte. C’est la raison pour laquelle je me suis équipé ; j’ai eu la chance de dénicher chez un malfrat à la retraite, ce petit  « sésame », qui permet de tutoyer n’importe quelles serrures, même les plus récalcitrantes.
Ainsi donc, nous franchissons sans encombre la grille de ce parc, puis nous avançons en file indienne vers l’imposant bâtiment qui s’offre à nos yeux, sur la gauche.
Nanar susurre à mon oreille : « Non mais t’es vraiment certain qu’il y a des crocodiles là-dedans ? ».
« Affirmatif », que je lui réponds.
Nouvelle effraction, et nous pénétrons dans un grand hall, très obscur. Nous gravissons un escalier.
Je connais bien les lieux, et nous arrivons vite et sans encombre, malgré la pénombre quasi complète, à l’endroit recherché. Je donne l’ordre à notre petit groupe de s’immobiliser.
Puis, je tends discrètement à Paulo ma lampe de poche, avec l’instruction de l’allumer et de la braquer sur moi, dès que j’aurai fini de compter jusqu’à trois.
Ensuite, je dis à Gégé : « Regarde bien, mon Gégé, c’est l’heure pour toi de sortir ton oseille. Je vais mettre ma tête dans la gueule d’un crocodile. A la une, à la deux, à la trois ».
Et aussitôt dit, aussitôt fait.
A la suite de quoi, nous entendons un hurlement. C’est Gégé, qui, dans l’émotion du moment, subitement dessoulé, se met à beugler : « Non, mais tu te fous de moi ! Tes cent €uros, tu peux toujours courir pour les avoir. Il est empaillé, ton crocodile. Ça compte pas, c’est pas du jeu. T’as pris aucun risque !!! ».
Moi et les copains, on rigole un bon coup et puis je rassure Gégé : « Mais bien sûr que ça compte pas. C’était pour blaguer. Cependant, tu admettras, Gégé, que tu n’avais pas précisé que le crocodile devait être vivant. Donc, tout était permis, y compris le Muséum d’Histoire Naturelle avec cette bête naturalisée ».
Morale de l’histoire :
« Comme quoi, afin de s’éviter bien des désillusions, il est impératif d’être toujours très précis quand on demande quelque chose à quelqu’un ».

 

"Le chat de la voisine" de Nadine CHEVALLIER

(Un homme dans un lit d'hôpital reçoit un visiteur)
Salut Johnny, c'est sympa de passer me voir ! Comment je me retrouve là ? Oh, ben, c'est tout simple !
Tu sais sans doute que je m'étais cassé le tibia le mois dernier pendant le tournage de "Titanic, le retour" ? Pas comme on l'a dit pendant les prises de vue ! Là, tout était nickel, calculé au quart de poil, je connais mon métier.
Non ! C'était en sortant du studio, une peau de banane sur le trottoir... Eh ! Rigole pas !
(Il tousse)
Bon total, l'hosto, le plâtre, béquilles, un mois coincé dans mon deux pièces au 5ème étage sans ascenseur...
Pas question de m'encroûter sur mon canapé toute la journée, tu me connais, muscle et souplesse, c'est tout le métier... Alors, plâtre ou pas, tous les jours les 5 étages avec les béquilles, salle de sport, musculation et retour.
(Il tousse)
Impeccable ! Je tenais une forme olympique. Et puis hier soir, 23 heures, ma voisine qui frappe, au secours, à l'aide, son chat sorti par le velux, coincé dans la gouttière...
Comment ? J'en sais rien... Bon aller sur un toit, je l'ai déjà fait, pas compliqué d'aller chercher son chat... Il pleuvait à verse mais bon... je grimpe sur l'escabeau, je passe le corps dans le velux, la force des bras, rétablissement, bon, le plâtre frotte un peu mais ça va. Glissade en douceur sur le ventre jusqu'à la gouttière, la tête en bas, je visionne le chat, la voisine "Minou Minou" qui pleure la tête dans le velux, je tends les mains, j'attrape la bête, griffures, ça saigne, je tire, elle est coincée, je la dégage, griffures de plus belle, je remonte, le chat m'échappe et rentre par le velux...
(Il tousse)
Et là ! Cette imbécile de voisine qui ferme le velux !
Et rien d'ouvert ailleurs sur le toit. Je rampe, je frappe à toutes les lucarnes, personne !
Je redescends à la gouttière, j'appelle dans la rue, personne ! (Il tousse)
Résultat : nuit sous la pluie, plâtre tout ramolli ! Ce matin, les pompiers... Ils n'ont rien voulu entendre, ils m'ont descendu sur un brancard, moi ! Le roi de la cascade !
Total, ils pensent que je voulais sauter du toit, ils veulent que je voie un psy. Et j'ai une double pneumonie... mais bon, d'un autre côté, plus de plâtre, c'est guéri de ce côté là.
(Il tousse)
Il parait que la voisine est furieuse, son chat a laissé un bout de queue dans la gouttière...

 

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
Retour page Atelier d'écriture