SAMEDI 4 DECEMBRE 2010
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
"Le monologue du plaisantin"

Animation : Régis MOULU

Comédienne présente :
Françoise BOISSEAU

Thème :

Contra-
dictions et oppositions


Le comique naît souvent de l'écart produit entre deux attitudes opposées face à un même événement. Le parallélisme permet donc d'exposer nos contradictions et nos ambivalences, souvent à l'image de nos variations d'humeur (peur/bonheur, peine/joie...).

Et c'est grâce à une écriture théâtrale qui vise notamment des paroxysmes qu'on pourra en rire d'autant plus... ce qu'on compte bien faire au cours de cette nouvelle séance !

Remarque : au-delà de la contrainte formelle (thème), ce sujet a été énoncé en début de séance : pour permettre au personnage de votre monologue de s'exprimer, partir d'un minuscule mensonge (ou défaut, ou trouble qu'il n'assume pas) et amplifier ses conséquences et les contradictions dans lesquelles il est, de fait, plongé !
Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support a été distribué... En sus, un "syllabus" présentant les techniques de l'écriture théâtrale comique a été remis lors de votre première venue. Cool !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "Fausse joie !" de Janine NOWAK


Françoise BOISSEAU jouant un texte encore tiède... avec adresse à Régis MOULU
(coll. Janine NOWAK)



"Fausse joie !" de Janine NOWAK

Mais que vois-je ? Qu'aperçois-je ? D'où vient donc cette bonne bouteille qui chambre sur ce coin de table ? Tu as une nouvelle à m'annoncer ? Tu veux fêter un évènement ! Chouette ! Euh, quel genre, l'évènement ? Heureux, j'imagine ? Ah, il faut que je devine… Réfléchissons… Non, je ne trouve pas. Tu ne veux pas m'aider un peu, me mettre sur la voie, me donner un indice au moins. Que dis-tu ? Un toit ? Un toit…Un toit !!! Oh, allez, tu me fais marcher ? Vrai ? Sans blague ? Tu as trouvé un point de chute ! Déjà ! Cela ne fait que huit mois que tu campes chez moi ! Ouh, la tête qu'il me fait ! Mais je blague : tu ne me gênes nullement et je ne te reproche rien, car cette situation, je n'ai rien fait pour qu'elle cesse. Attends voir que je me remémore un peu tout ça. Voilà, j'y suis. Au début, tu as débarqué " juste pour un week-end ". Puis, petite prolongation pour " juste une toute petite semaine, si ça ne dérange pas trop ? ". T'es toujours d'accord ? Bon. Après, c'était seulement pour " jusqu'à la fin du mois, dernier délais, promis, juré, craché ". Et puis… et puis… et puis… voilà : huit mois ont passé !
Alors, n'est-ce pas, on accepte, on en prend son parti, on s'y fait ; et de plus, je vais te dire, on s'acclimate, on s'organise, on attrape même des habitudes, et, à la limite : on apprécie ! Et là, brusquement, tout à trac, tu me dis que tu vas partir !!! Aussi, forcément, c'est un choc pour moi, ça me fait tout drôle et j'ai du mal à réaliser C'est pour quand ? Ah, tu n'as pas encore signé ton bail. Mais c'est imminent… Vouiais, vouais, vouais…
Bon, soyons précis : si tu as trouvé un studio, c'est que tu es parvenu à dégoter un travail ? Car j'imagine mal un propriétaire cédant son appartement sans garanties ! Ce ne sont pas des philanthropes ces gens là, ce qui est d'ailleurs dans l'ordre normal des choses. Ah… pour le boulot, c'est aussi imminent. O.K…
Hé bé, c'est bien tout ça. C'est Byzance pour toi en ce moment ! Que de futurs chamboulements dans ta vie !
Et, sans indiscrétion, cet emploi, ce serait quoi, au juste ? Oh, ce n'est pas tout à fait réglé et il reste un infime détail. Et cet " infime détail " c'est… ? Nous y voilà : tu as besoin que je te donne un petit coup de main. Voyez-vous ça… Et, il est de quel genre le " petit coup de main " escompté ?. Hum ? C'est suite à une idée qui vient de germer dans ton petit crâne de piaf. Et moi, quel rôle je joue là-dedans ? Attends, attends, ne me bouscule pas. Si je comprends bien, je dois intervenir auprès de mon Oncle Henri, l'industriel, et le prier de t'embaucher dans son service de publicité. Mais comment donc ! Ben voyons, c'est tout simple ! Y'a qu'à demander ! On n'attendait plus que toi ! On se demande, d'ailleurs, comment ils faisaient jusqu'à présent !
Juste pour info. hein, redis-moi un peu quelles furent tes études et, pendant qu'on y est, parle moi aussi de ton parcours professionnel. Nous disons donc : B.E.P.C. Euh, comment le B.E.P.C. ? Raté. Raté de justesse, mais raté quand même. Voui. Mais cependant, tu es quand même parvenu à te hisser jusqu'en terminale. Très bien ça. Quelle terminale ? Bac Pro. O.K. Comment ? Raté aussi, le Bac. Pro. Oui, bien évidemment, c'est de la faute des correcteurs. Continuons. Alors, ensuite, entre deux périodes de chômage, tu as été employé chez Olida. Comme mannequin ? Ah, ah, ah ! Non, je plaisante, excuse moi ; je ne suis pas charitable. C'est juste une image qui vient de me traverser l'esprit comme un flash : étant donné que tes cuisses sont, comment dire… copieuses… je t'imaginais volontiers posant pour une publicité de jambonneaux ! Je te demande pardon. Allez, ne boude pas : je rigolais. Et après Olida ? L'alimentaire encore avec les pâtés Kerbronec. Que faisais-tu chez Kerbronec ? Représentant. Tu dis que tu es imbattable et que ton bagout te permettrait de convertir un musulman à la cochonnaille ! Admettons. Je veux bien te croire… mais ça reste à prouver. Qu'est-ce que tu racontes ? Que tu te verrais bien responsable de la publicité ! Et allez-donc, déjà une promotion ! Tout à l'heure tu souhaitais bien modestement faire partie du service et un quart d'heure plus tard, te voici déjà à sa tête. T'es sans complexe toi !
Ainsi donc, tu t'imagines créant des slogans. Mais sais-tu dans quoi il travaille, mon Oncle Henri ? Non, pas vraiment, sauf que tu as entendu parler de bière. En effet, il est question de bières. Et maintenant, cherchez l'erreur ! Il y a confusion dans ton esprit : ce n'est pas DE LA bière… mais…DES bières… des cercueils, quoi. Comme tu peux le constater, c'est très particulier, ce n'est pas un commerce banal. Il n'y a pas de périodes de soldes sais-tu, pas de promotions. Les gens ne viennent pas flâner le dimanche par désœuvrement. Ils n'achètent pas par envie, mais par nécessité. Alors, tes spots publicitaires… excuse-moi…
Aussi, pour être clair, on dira : pas de boulot et aucune espérance ? On est bien d'accord. Et l'histoire du logement, c'était quoi ? Vas-y, ose le dire ! C'est bien ce que je subodorais : une affichette gratuite d'une agence immobilière, trouvée ce matin dans la boîte aux lettres. En conséquence, nous revoici à la case départ.
Mais quel besoin avais-tu d'inventer toute cette histoire ? Ai-je dit quelque chose ? T'ai-je fait la moindre réflexion, le moindre reproche ? Tu es là ; je l'accepte ; et de surcroit, je t'accepte tel que tu es, avec tes qualités - si, si, tu en as quelques unes, crois-moi - et tes défauts - sans commentaires à ce sujet !-. Alors, je ne vois toujours pas l'utilité d'imaginer brusquement un tel scénario ???
Mon vieux Félicien, fais moi un sourire. T'as essayé, t'as rêvé un instant. C'est humain. Débouche la vite, ta bonne bouteille. Et on va fêter : RIEN !!! Ou plutôt si, tiens : on va boire à notre indéfectible AMITIE !

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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