SAMEDI
15 juin 2019
dans le cadre du cycle Animation : Régis MOULU Thème : Tout déconstruire, tout réenvisager Quel plaisir, quel défoulement, quel relâchement il y a à détruire ! Allez, on déboulonne les statues, on sabre les mythes... et on installe quelque chose d'éclairé et de choisi à leur place. Ce contraste promet toujours d'être vivifiant, l'herbe serait-elle plus verte après la tonte (et un arrosage par dessus) ? Tel est le thème qui nous a inspiré lors de cette séance d'écriture qui investit une possible révolution des aspects formels. Remarque
: au-delà de la contrainte formelle
(thème), le sujet suivant a été énoncé en début de séance : de n'importe quelle manière que ce soit, tenter d'avancer sur ce défi : « encore et toujours enregistrer le réel pour lutter contre l’oubli et la dissolution ». |
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Ci-après
quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre): - "Mémoire à trous" de Nadine CHEVALLIER - "Action : exprire... inspire" de Marie-Odile GUIGNON - "De profundis" de Solange NOYé - "Dans la forêt lointaine" de Janine BURGAT - "L'homme qui ne réfléchissait et ne parlait qu'en slogans" de Régis MOULU
"Mémoire à trous" de Nadine CHEVALLIER
Mais ce n'est pas bien déconstruit tout ça !
"Action : expire... inspire" de Marie-Odile GUIGNON
J'enregistre, tu enregistres, il enregistre, nous enregistrons... Stop. Blanc ; noir ; blanc ; noir ; blanc ; noir. Mélange. Naissance gris, souris ! Tu souris il sourit, rictus... Dissolution de la première partie. Au commencement était le verbe obscur, sans dessus dessous, ni droite ni gauche, l'inconsistance incarnée. Des courants d'air voyageurs, un souffle générateur, tellement discret. Une lumière jaillissante dans la morosité ambiante. Une petite flammèche rose, puis orange, puis rouge, avec des reflets bleus et des taches violettes. L'orage pour exister. Beaucoup de tapage pour se sentir vivant. Est-ce utile ce remue-ménage ? Juste l'occasion de déglutir l'impossible. L'assimilation régit toute soumission... Je traverse, tu traverses, il traverse, nous traversons... Hop. Trait ; circonvolution ; trait ; circonvolution. Alternance, l'écriture. Critères, consignes, règles... Dissolution des traces. A la recherche d'un fil conducteur : un petit point disséminé dans le grand vide. Germination, multiplication de soi. Apprécier la douceur d'exister. Uniquement, généreusement, cérébralement. Les pensées ambulantes transportent des mondes nouveaux. Les aspirations existentielles construisent des villes en échafaudages nocifs. En regardant les alentours, ils rétrécissent, se resserrent et les murs géants s'écroulent brisés par la folie des horizons oubliés. Le chaos. La terre tremble. Le feu tire ses langues assoiffées de pureté. La neige dégradée coule dans des artères rougies de sang neuf... Je cohabite ; tu cohabites ; il cohabite ; nous cohabitons...Va. Plein ; vide. Refondation : la racine. Ramifications multiples dans les profondeurs des humus. Renaissances des décompositions nourricières. La verdeur créative dessine les agitations échelonnées des nuances, oxygénant, rassurant le ciel, sans limites visibles. L'espace jubilatoire s'étend. Au loin, très loin : les feux d'artifice sidéraux, où les étoiles filantes s'éclatent en morceaux de rire lumineux. Leurs yeux recueillent les scintillements de la Lune et autres planètes. Ils rêvent. Ils dansent la volupté d'être démembrés, la liberté des cauchemars éteints. J'imagine ; tu imagines ; il imagine ; nous imaginons...Là. Splendeur et misère. Ouverture : porte, fenêtre, barrière. Les chemins serpentent sans but précis. Qu'est-ce qu'une frontière ? Le pas de la porte. Code digital. Fuite des parallèles. L'effondrement irréversible voyage dans l'univers des probabilités. Le nomadisme, un vêtement spirituel d'avenir...
Où étais tu ? La forêt ? Pleine de mousses et de champignons ? Les chats observent les champignons. Au pire ils se cachent derrière mais ils ne les consomment pas. Tu rêves ! Même bien cuisinés ? Même bien cuisinés. Ils foulent le sol, se tapissent en écrasant les champignons, en se vautrant dans la mousse . Mais ils détestent les champignons. Dis nous donc ta vérité. J'étais dans la forêt profonde des grands arbres morts et des grands chênes. Et enchainée dans les chênes et leurs glands, tu as entendu le hibou ? Dans la forêt lointaine on entend le hibou, du haut de son grand chêne, on entend le coucou. Poil au chou. Le chou est de trop, non ? Garde le poil, le chat sera fier, fier et content. J'étais dans la forêt lointaine, au milieu des choux, genoux, hiboux, joujoux et poux. Tous empaillés sur un grand X. X grand format.. Il faut écrire couramment pour savoir que le X n'est rien d'autre qu'une lettre cochonne que le chat dédaigne. Depuis quand le chat dédaigne la cochonaille ? Le lard et le jambon n'ont jamais boudé la couenne et le chat le sait. Son pédigré le lui confère volontiers. Sauf si son sac de croquettes quotidiennes portent ce nom là. Pédigré, le seul aliment poulet, flocon d'avoines et vitamines. Ton chat a bonne mine, la belle affaire ! Où étais tu ? redemandent les yeux du chat. J'étais dans la forêt, je recherchais le loup. Paraît qu'il est revenu avec armes et bagages. Un loup garou ou un loupé ? Un loupiot, le masculin d'une loupiotte, soit un petit enfant, perdu dans la forêt. Poil au jarret. Le chat lève la queue. Il n'y a pas de petite ou grande guerre. Il y a LA guerre. On s'en contente. De temps en temps, nécessaire la guerre, disait mon pépé. Pour après, tout reconstruire, tout reconstruire, je l'aime à mourir... Le chat rigole. Il te regarde au fond de ses yeux, te déponctuer, t'enfermer dans des forêts de feuilles où les mots déambulent d'octobre à juin. C'est cyclique. La vérité ? Un chat est un chat. Ton absurdité n'a pas de limite. Failles, entrailles, boustifailles et marmaille. L'enfant était perdu. Je suis allée le chercher, ça part d'un bon sentiment, d'une attention délicate. Enfant et chat ne font pas bon ménage. C'est l'enfance de l'art. Il va te falloir choisir. L'enfant ou le chat. Comme pour la recherche de la vérité, c'est cornélien. Choisir c'est renoncer.
« Intentions crues, expressions nues, joie bourrue ». « La création sort du « frigo » pour aller se faire cuisiner ailleurs ». « Dessocler les évidences permet de ressemeler mes différences, dès fois j'y pense, souvent j'y repense ». « Quand l'usine à rêve de la métaphysique me travaille, elle licencie mes facultés, elle me pousse à démissionner, je me sens épanoui comme une phrase sans points, etc. » « Être fou d'espérance de manière désabusée, c'est encore la meilleure façon de prospérer ». « Élargir le monde, comme pour asphyxier le monde ». « Astuces et malices, autant de puces qui se glissent partout, partout, partout ». « Voies nouvelles, rire sauterelle ». « J'invente moi-même les inventions, c'est plus facile à retrouver quand j'ai urgemment besoin ». « Déconstruire n'est pas détruire, « décons- », « décons- », vite, vite ». « La pulsion de vie a longtemps été la partie la moins visible de mon corps, ça va changer, je vais me bouleverser ! » « La partie essentielle de ce que je ne suis pas proteste constamment en moi, aïe, aïe, aïe ! » C'est l'histoire d'un homme qui ne réfléchissait et ne parlait qu'en slogans. Ainsi se cristallisait-il, le cerveau en stalagmite. « La partie essentielle de ce que je ne suis pas proteste constamment en moi, aïe, aïe, aïe ! » « Aventures langagières, attendez-moi, le temps que j'enfile ma peau, car je pars avec vous ! » « Adieu mes défenses-réflexes ! j'enfourche désormais tous les prétextes ». |
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Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet ! |