SAMEDI 5 avril 2008
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
" D'espérance en expériences"

Animation : Régis MOULU

Auteur invité :
Patrice CAZELLES,
poète

Thème : Fait divers fait maison
L'animateur a amené avec lui une histoire qui appartient à la rubrique "faits divers" d'un journal (c.f. ci-bas). Cette histoire met en scène plusieurs personnes.
Après sa lecture, chacun a écrit le point de vue d'une personne protagoniste de l'histoire.
Il s'agit alors (pour que le contraste d'une personne à l'autre soit le plus fort possible) d'écrire avec un vocabulaire affirmé son propre parti pris.

Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support sur la construction d'un personnage, les caractéristiques d'un témoignage et l'assertivité (savoir s'affirmer) a été distribué !

 

 

 

 

 

 

 

LE FAIT DIVERS ORIGINEL

Mali, marché de Niamakoro - Grande était la surprise des populations de Niamakoro la semaine dernière (samedi). Dans le marché de Niamakoro, "Soukoukoro" (l'ancien marché), une vendeuse de tomate a découvert, dans le panier de tomate, 4 tomates à la forme de la tête de l'homme. A les voir, ces tomates se présentent sous la forme d'une tête humaine avec des points assimilables aux yeux, au nez, à la bouche. Dès l'annonce de la nouvelle, la maison de la vendeuse de tomate non loin du marché a été envahie de monde, chacun voulant satisfaire sa curiosité comme pour dire que "voir une seule fois vaut mieux que d'entendre cent fois". Puisqu'elle était envahie de monde, la famille a décidé que ceux qui souhaitent satisfaire leur curiosité payent 25F CFA. Mais, malgré tout, les gens ont accepté de faire la queue pour voir l'inédit. Et jusqu'aujourd'hui, les gens défilent dans cette famille pour regarder ces tomates.
Source : Nouvel Horizon

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "J'ai 10 ans aujourd'hui" de Céline CORNAYRE

- "O toma tique !" de Janine BERNARD

- "Mais ne nous laissez pas succomber à la tentation (mélodrame africain)
de Janine NOWAK

- "Sauce trop mate" de Jean-Pierre ANGELOSANTO

- "Charlie Four" d'Anne-Marie PETTRé

- "Volubitos verdurotimas hominutis, plante orpheline de la brousse"
de Marie-Odile GUIGNON


"J'ai 10 ans aujourd'hui" de Céline CORNAYRE

J'ouvre un œil, puis le second, la nuit a été courte mais la journée sera longue. Pourquoi ? parce que cela fait au moins presque 9 ans que j'attends cela car, tenez vous bien, ouvrez grandes vos écoutilles, j'ai 10 ans aujourd'hui !!!

Et c'est pas rien, 10 ans, je suis presque un grand sans rire. En plus, c'est jour de grand marché, ce qui veut dire, pas d'école, incroyable non ! Je vais pouvoir savourer l'évènement à pleines dents et à pleins d'yeux !!
Je me précipite dans la salle de bains, je sais que bientôt, très bientôt, je vais enfin pouvoir me raser comme papa… Regard dans le miroir, bon, c'est pas gagné pour tout de suite, mais ça va venir…

Au fait, je n'ai pas fait les présentations. Je fais fiça sinon maman va me houspiller joyeusement car pas d'école, certes, mais grand marché, le seul, l'unique de l'année, celui qu'il ne faut manquer sous aucun prétexte, je ne vous fais pas un dessin !
En accéléré donc, mon profil commence par un prénom, Ernest. Je sais, c'est con de s'appeler Ernest. Et en plus, c'est même pas la faute à pas de chance, non, c'est mon grand frère qui l'a voulu, c'est lui qui l'a prévu, c'est lui qui a tout calculé, voilà. Remarquez bien qu'il s'appelle Célestin, ce qui n'est guère mieux si vous voulez mon avis. Il a dû vouloir se venger, je pense.

Je continue, physiquement, j'ai tout ce qu'il faut là où il faut et en plus, je crois que je plais aux filles !! C'est bizarre, je dois être en avance sur mon âge, même Freud parle d'une période de latence…
Je crois que la fille de la vendeuse des plus belles tomates du marché m'a repéré. Elle s'appelle Ernestine (sans rire), elle est belle à tomber, douce à croquer et drôle à pleurer.
A l'école, je suis ni premier de la classe ni tout à fait cancre, juste beaucoup trop bavard et éparpillé si j'en crois ce que dit la maîtresse.
J'adore jouer aux gendarmes et aux voleurs, à chat perché et aux billes.
Mon plat préféré, c'est les tomates farcies, et ma maman a prévu d'en faire pour ce midi, elle est pas belle, la vie ?

Le petit déjeuner est très vite expédié, le panier est prêt, chaussures, chaussettes, Ray Ban aux pieds et Rolex au menton…. Je suis dans un tel état d'excitation, pardon…

J'arrive enfin au marché. Première étrangeté : quasiment personne aux abords et tout un attroupement massif vers le milieu, là où je devrais voir Ernestine, avec un peu de chance !!
Je tire maman par la chemise, lui signifiant la direction des tomates, autrement dit pour moi, du bonheur.

Devant ce raffut total à la limite du chaos, je feinte, je shunte, je me faufile comme je peux à travers ce mille-pattes géant. Ce que j'entends est très curieux, des bribes de conversations anodines mêlées à des paroles complètement biscornues du type : " ces tomates sont en fait des têtes, comme Louis XVI après son passage chez Monsieur Guillotin ! ". Je n'en crois pas mes oreilles ! Et ce qui commence à m'agacer prodigieusement, c'est qu'au lieu de les apercevoir, elles, les fameuses tomates, je ne fais que me cogner la tête dans des derrières à répétition. Les femmes ET les enfants d'abord ai-je soudain envie de hurler.
Mais ma maman m'a toujours appris à respecter les gens, à dire pardon, à dire bonjour, sans jamais se départir de son calme et de son sourire…

Et ça marche ! Un passage s'ouvre, mais ce que je vois d'abord, c'est la tête d'Ernestine, aussi rouge que ses tomates, visiblement paniquée par la foule et rassurée de me voir. Ni une ni deux, elle embarque avec elle deux des spectaculaires trophées qu'elle avait auparavant soigneusement emballés à l'insu de tous (en plus, elle est futée), me prend par la manche et réussit comme par magie à nous extraire de cet enfer people. Parce que c'est ça, c'est à celui ou celle qui se fera photographier devant telle ou telle vraie/fausse tomate en forme de visage. Et tant pis pour les tomates ! Zéro respect pour leur intimité ! Personne ne s'est demandé si ces tomates voulaient ou non leur quart d'heure de célébrité, fallait qu'elles y réfléchissent avant, point barre.

Même la maman d'Ernestine, qui est à l'origine de ce gigantesque coup publicitaire, s'est trouvée submergée, dépassée par ce qui ne devait être au départ qu'une amusante plaisanterie. Ce qu'Ernestine me dit là me fait bondir ! " Alors, ce n'est pas une blague ?! " lui demandai-je avec les yeux plus que jamais en forme de points d'interrogation.

C'est ici qu'elle me tend toujours soigneusement emballés, Louis XVI et Marie-Antoinette, sans rire.
Moi, je ne savais pas si je devais me tordre de rires, me glacer d'effroi, ou m'éclipser à toutes jambes. J'avais tout imaginé pour le jour de mes 10 ans, mais pas çà.
Bon d'accord, c'est vrai que j'ai dit encore pas plus tard qu'hier à Ernestine que 10 ans, c'était pour moi une vraie révolution et que j'allais enfin pouvoir révolutionner le monde grâce à mon cerveau tout bouillonnant d'idées et de sentiments…
Oui mais quand même, je ne parlais pas de ressusciter Louis XVI et Marie-Antoinette, c'est trop sanguinolent pour moi. Je n'ai que 10 ans, pensais je intérieurement.

Tout chaviré d'émoi, d'émotion et de crainte, j'avoue alors à Ernestine ma triste condition de petit garçon, trop naïf pour ne pas douter d'une histoire, même aussi peu crédible soit-elle.
Un - je ne sais quoi dans son regard - parvient à ranimer ma curiosité naturelle et j'ose, oui j'ose, ouvrir le torchon …

J'ai 10 ans aujourd'hui et je sais que je ne regarderai plus jamais les tomates de la même façon.
C'est comme pour les formes des nuages, je sais que ce n'est pas que la condensation alliée à l'imagination, c'est réel, si réel que je passe souvent des heures à les contempler béatement, au détriment de mes leçons…

J'ai 10 ans et vous savez pas quoi ? Finalement, c'est peut être pas si urgent que ça, d'être grand.



"O toma tique !" de Janine BERNARD

- Puisque je te dis qu'on parle de nous sur une toile, une toilée cirée, propre sûrement, puisqu'elle est nette. Enfin, c'est ce que j'ai compris quand ils ont ouvert la porte sur le cinglé qui tirait à la mitrailleuse avec son appareil à lumières.
- Le Bounty qui ricanait en demandant si ça sortirait en noir et blanc ?
- Oui, ces deux là. Paraît qu'ils vont nous propulser plus loin que le pays, au-delà des frontières. Sur la toile.
- Et les gosses aussi ?
- Pardi ! Je te dis qu'on va aller loin. Vous entendez les gosses ?
- Laisse les donc, à cette heure faut qu'ils dorment pour que demain, le grain de peau soit lisse, bien frais. Un petit pli, une ride et on risque gros. Moi, je veux voir du pays. Aucun de nous quatre doit se prendre une seule ridule.
- On a une chance de voyager gratos. Bien attachés les uns et les autres à notre tige nourricière, casserons pas la famille comme ça. Ils ont bien trop peur qu'on dépérisse si on nous sépare. Suffit de pas bouger, se faire des bonnes nuits et d'attendre.
- Dire que si on ne leur ressemblait pas, on serait déjà au fond d'une marmite encadrée d'un navet et d'une carotte et le derrière sur un piment. " Quand ils nous coupe tout bas, on voit la vie en sauce ! "
- Alors que là, ma graine de gazelle, tu vas voir le voyage qu'on va nous payer…
- Pourvu qu'ils nous mettent dans un panier en osiers larges, pour qu'on puisse voir les paysages ! Tu vas dormir cette nuit mon cœur de buffle ?
- Comme un bébé. Nos deux rejetons bien attachés, ensemble, notre petit Juju, écoute, elle respire bien, et notre petit Géroniko, aussi. Nos deux petits peaux rouges sont magnifiques. J'ai la chair bien au repos. Dors ma graine adorée, dors toi aussi.

Quand on a le cœur en graines comme moi, on devient vite insomniaque, toujours en souci pour sa petite famille.

Mon gros cœur de buffle va s'assoupir, ça je le sais. Et mes deux petits dorment depuis le coucher du soleil quand ils arrêtent le défilé dans la case qui nous sert de refuge. Mais moi, je ne m'assoupis pas facilement. Toujours peur qu'un de nos gardiens nous reluquent par la petite fente qui donne dans la cour. Depuis qu'ils nous ont découvert, voilà quoi ? Trois, quatre jours, c'est le cirque permanent. Notre petite famille de peaux rouges est devenue le Tomato Barnum. Et comme on a des yeux comme eux, apparents, apparemment ils viennent vérifier de temps en temps, si on les referme, comme eux.
Déjà qu'on était tous les quatre la risée de nos congénères légumineux depuis quelques jours. Et voilà que maintenant les autres trouvent qu'on leur ressemble. Quel destinée tout de même…

Dans ce pays, au mieux, notre destin c'est la sauce. Savent rien manger ici, sans sauce.
Mil ? en sauce, riz ? en sauce ! , maïs ? en sauce. Ou alors c'est la boîte. Une petite tache de naissance, un grain de beauté mal placé, une joue un peu flapie et c'est la descente aux enfers. En concentré dans une boîte grande comme un confettis ou un tube, une tombe pour des centaines d'entre nous.
Mais nous quatre, et moi surtout, qu'est ce qui va les intéresser, sinon mes graines ? Histoire de pouvoir recommencer une famille ano - malienne.

Qui sait ? Si le dernier cri change les traditions, nous pourrions vivre comme précurseurs. Ils auraient tous leur tête à notre image. Ils n'ont pas fini de nous tripoter les graines. Et c'est qu'ils ont l'air nombreux, bien aussi nombreux que notre espèce. Comme pour nous, va en falloir des manips génétiques !

J'aime bien ce mot. Génétique. Je l'ai entendu hier devant le Bounty qui s'extasiait. " génétique ! purement génétique " qu'il a dit en me regardant. Interdiction de toucher. Un vieux est assis à côté de notre panier et au moindre geste pour nous toucher les protubérances, (c'est ainsi qu'ils appellent nos yeux, notre nez ou notre bouche) toc ! un coup de chicotte qu'il a posé sur ses genoux. Ca les calme illico !
Faut pas que je ris. Gare aux rides.

Faut que je dorme…
Qu'est-ce que ça me fait d'être sous loupe jour et nuit ? D'abord des nôtres qui gloussaient en nous regardant, et maintenant les autres qui se bousculent pour nous mater ? Peut-être qu'à la fin, j'en aurais assez. J'attendrai avidement le couteau salutaire et la fin en rondelles dans une assiette sur un lit de vinaigre pas trop piquant.
Et ma petite Juju, si elle pouvait gagner quelques semaines, elle a l'œil fin, la bouche bien dessinée. Qui oserait la découper trop vite dans une salade mal fagotée, sur les genoux d'un concombre mal attentionné ?
Et mon petit Jéroniko, mon petit peau rouge aux yeux légèrement bridés, plus jeune que Juju de quelques centimètres sur la tige mais avec un toupet vert tendre à cinq branches des plus affriolant sur le sommet du crâne.
Je fais tout ce que je peux pour les ventiler car faut pas qu'ils transpirent dans la journée, sinon fini le voyage, direct la sauce.
Faut qu'on rapporte gros à la famille du vieux, on évitera la casserole annoncée. Mais si un tordu leur propose un bon prix pour Dieu sait quelle expérience, notre compte est bon.
Et moi qui ai un peu plus de graines que les autres, la première piqûre foreuse exploratoire sera pour moi…
Dieu des légumineuses, penchez vous sur notre modeste famille pas comme les autres…
J'ai entendu aussi une énormité dans le défilé des visages. Qu'on serait un fruit et pas un légume. Moi qui n'est pas un poil de sucre, pas une once de produit maléfique ! Un fruit… Ca m'a fait rougir jusqu'aux graines. De courroux. Mon cœur de buffle l'a vu. Il a roulé vers moi de quelques millimètres pour me réconforter. Quand on touche à l'origine, aux racines, ça émeut toujours, forcément…
Qu'est-ce qu'il faut pas entendre depuis trois jours comme conneries !
"Tu trouves pas qu'elle me ressemble ? "
Moi ? Ressembler à ce débris ?
Dieu des légumineuses donnez-moi vite un miroir que je vérifie ! La honte !
- Oh ! la toute petite, je la donnerais bien à mes gosses, un jouet écologique !
Ma Juju ? Dans les mains d'un gamin pervers ? Génétique, écologique, ils vont nous emmener chez quel loustique pour nous torturer ? Parce qu'ils ont l'air tellement curieux qu'il va falloir nous étudier et tout ce qu'ils étudient fini en " tique ". Il y aura peut-être la tomatique. Ils ne nous couperont plus, ils nous regarderont seulement en cherchant dans nos protubérances, des yeux ano-maliens, le reflet de leur propre image…
Jusqu'à présent, on leur avait caché notre propre réflexion tomatesque. Que nous feront-ils s'ils découvrent notre secret ? Que nous pensons, nous les végétables ? Les verduras ? Les végétaux ?
Une telle idée me fait trembler et le sommeil me fuit.

Faut que je dorme.
Dès le lever du soleil, le défilé va reprendre avant la chaleur. Le vieux va revenir s'asseoir avec sa chicotte et un bol d'eau dont il nous asperge à heure régulière comme des petits vieux en temps de canicule. Manque plus que le serviette éponge autour des épaules.
J'en ai tellement entendu des mots nouveaux ces derniers jours.
- Faudrait pas en faire du ketchup tout de même, ce serait dommage !
Du ketchup . C'est quoi ?
Si on voyage, on verra sûrement des ketchups et puis d'autres races, du monde entier. Ca va rendre jaloux mon gros cœur de buffle, encore qu'il est pas le dernier à se retourner sur des grosses maliennes sans ano- malie.

Faut que je dorme…
Etre comme tout le monde et la vie suit son cours, son programme. Nous, dans une casserole, une assiette, une boîte plus ou moins concentrée. Notre vie habituelle est un concentré.
Mais différents des autres et, en plus, ressemblant à ceux qui nous dévorent sans état d'âme, allons nous, nous aussi, rejoindre leurs habitudes ? Leur ressembler nous fera bouger tous les quatre peut-être, mais si chacun d'eux veut l'un de nous, à son image, dans sa maison, sur sa cheminée, ou dans son salon, nous voilà, pour l'éternité, le miroir légumineux de la race humaine…
Vertigineuse destinée tomatesque… C'en est trop.

Faut que je dorme. Le sommeil fuit un cerveau qui divague.
Dieu des légumineuses, endormez-moi, faites moi revenir au pays des tomates toutes pareilles, où l'on dort la nuit sans se poser de question en attendant la gamelle…


Le coq de Soukoukoro chante.
Mon cœur de buffle s'étire. Les deux petits peaux rouges s'ébrouent.
Le cirque va reprendre. Je les entends déjà : " suivant ! Poussez pas ! Y en aura pour tout le monde ! Vous avez payé ? "


Dieu des légumineuses
Entendez la prière
D'une tomate insomniaque
Et pourtant bonne mère.

Des humains elle n'avait
Qu'une bien faible apparence.
Suffisante, pourtant,
Car teintée d'innocence.

Epargnez lui,
A elle et sa famille,
L'humaine indignité
D'une laide apparence
Ou d'une infirmité.

Car tomates ou laiderons
Peuplent ensemble nos cités.
Et ressembler à l'un
Ne peut faire l'autre admirer !


"Mais ne nous laissez pas succomber à la tentation… (mélodrame africain) de Janine NOWAK



Misère… Le niveau a encore baissé. Les cailloux qui tapissent le lit du fleuve sont visibles. La chaleur est accablante. Tant de mois de sècheresse ! Le poisson manque. J'en ai si peu attrapé, aujourd'hui… Quelques perches au fond de ma pirogue. Je vais devoir toutes les vendre au marché. Je ne pourrai même pas en garder une pour améliorer l'ordinaire de ma famille. Nous sommes décidemment trop pauvres…

Me voici aux portes de Niamakoro. Qu'est-ce que j'entends ? Mon oreille fine, exercée aux différents bruits de la brousse, perçoit de loin un brouhaha inhabituel. Il semble provenir du marché. Bah… je verrai bien, puisque de toute façon, je m'y rends pour négocier le produit de ma pêche. C'est sans doute, encore une querelle de ménagères. Ah, ces femmes ! Elles ont la langue bien pendue ; et dès que les hommes, vaquant à leurs occupations, ont le dos tourné, elles ne savent qu'inventer pour créer des histoires ! Pourtant, ces cris ne ressemblent pas à ceux des altercations habituelles. Les piaillements des femmes paraissent joyeux. Me voici arrivé sur la place ; je vais bientôt savoir.

" Dis-moi, Soulémane, qu'est-ce que c'est que tout ce tintamarre ? "
Soulémane : " Ah, N'Goubé ! Tu ne sais pas ? C'est vrai, tu arrives de la rivière. Hé bien, figure-toi, que Eloa, la marchande de tomates, a découvert dans son cageot, quatre monstres. " N'Goubé : " Quatre monstres ? "
Soulémane : " Oui, quatre tomates monstrueuses ayant la forme de têtes humaines ".
N'Goubé, pas autrement ému : " Et alors " ? "
Soulémane : " Et alors ? Tu ne te rends pas compte ! … Une tête d'homme, enfin ! Avec des points qui semblent être des yeux, des nez, des bouches ! Ce n'est pas normal … C'est de la magie…
N'Goubé : " Bof, tu sais, il m'arrive parfois de trouver des poissons qui ne sont pas non plus coulés dans le moule. La nature est imprévisible et commet elle aussi des erreurs. Allez, au revoir, Soulémane. Il est urgent que j'aille gagner ma vie ".

Ah, ce brave Soulémane… toujours aussi naïf et prêt à s'émouvoir d'un rien. Des " tomates-têtes d'hommes "… je vous demande un peu ! Bon, voilà mon coin ; au travail. " Jolies perches arc-en-ciel ! Jolies perches arc-en ciel… "

Voilà… J'ai tout liquidé. J'en avais si peu, il faut dire… Je vais vite rentrer chez moi et me régaler d'une galette de manioc. Mon épouse, Ramaya, les réussit à merveille.
Me voici presque arrivé. Tiens, c'est curieux… D'habitude, je suis accueilli par une appétissante odeur et aujourd'hui, rien de tel. Que se passe-t-il ? La maison est vide et le repas n'est pas préparé… Les enfants sont à l'école. Mais où est Ramaya ? Serait-il arrivé un malheur ? Je vais m'informer auprès de mon voisin Diallo.
A peine, N'Goubé a-t-il le temps de mettre un pied dehors, qu'il se heurte à Diallo.
N'Goubé : " Ah, Diallo, j'allais chez toi. Tu ne saurais pas où se trouve Ramaya ? "
Diallo : " Et moi qui venais te voir pour te demander si tu avais vu ma femme ! "
Ils se regardent, disent en même temps : " Où sont-elles ? "
Ils voient arriver Mamadou, qui semble inquiet.
Mamadou : " Je cherche ma femme ".
N'Goubé et Diallo : " Et nous aussi nous cherchons les nôtres ! ".
Brusquement, N'Goubé, semble avoir une illumination : " Les tomates ! ".
Diallo et Mamadou le regardent avec, dans l'œil, un gros point d'interrogation.
N'Goubé, confirme : " Oui, les tomates ! Eloa a, parait-il, trouvé des tomates bizarres dans son panier. Je suis sûr que nos épouses sont allées voir ces phénomènes. Allons chez Eloa ; nous serons fixés ".
Ils se mettent tous trois en chemin. A l'approche du domicile de la marchande, des bruits de conversations sont perceptibles. Puis nos trois amis remarquent une longue file d'attente ; des hommes et des femmes, qui sagement, font la queue en papotant. Et soudain, sortant de la maison d'Eloa, ils aperçoivent leurs épouses respectives.
En voyant approcher leurs conjoints, les trois maîtresses de maison ont un petit mouvement de recul. Ramaya, plus courageuse que ses consoeurs, fait un charmant sourire et, minaudante, arrondissant un œil candide, se met à décrire avec forces détails et qualificatifs flatteurs, les admirables tomates d'Eloa. Les deux autres femmes viennent surenchérir, et bientôt, N'Goubé et ses deux compagnons, doivent mettre le holà, décrétant qu'on se croirait pire que dans un poulailler. Le calme revient.
N'Goubé, mi figue, mi raisin : " Et comme ça, Eloa laisse tout le monde entrer chez elle, pour admirer ses tomates ? "
Un peu gênées, les trois femmes émettent un timide " Oui ".
N'Goubé, sur le même ton : " Tiens donc… La générosité n'est pas sa principale qualité ordinairement. La visite était-elle gratuite ? ".
Penaudes, les trois femmes font profil bas.
N'Goubé, d'un ton ferme : " Alors ? J'ai posé une question ! ".
Ramaya entreprend une ultime tentative pour apaiser le courroux qu'elle perçoit chez son mari. Avec un sourire, qu'elle espère ensorceleur, elle plaide sa cause et celle de ses amies, disant que les distractions sont rares, qu'elles n'ont pas souvent l'occasions de s'amuser, qu'une fois n'est pas coutume, etc., etc. …
N'Goubé n'a qu'un seul mot : " Combien ? "
Ramaya marmonne : " niemeniemenq F. CFA ".
N'Goubé, sévère : " Articule, je n'ai pas entendu ! ".
Ramaya redresse fièrement la tête et d'un air de défi, crie, plus qu'elle ne dit : " 25 F. CFA ! ".
N'Goubé reste stoïque. Il n'émet pas un son, ne dit pas un mot. Il attrape sa femme par un bras et la traîne jusqu'au domicile conjugal.
Ramaya n'est pas rassurée. N'Goubé n'est pas un violent. Il n'a jamais levé la main sur elle ni sur les enfants. Mais là, elle ressent une froide et inhabituelle détermination chez son époux. Ils pénètrent dans la maison.
Toujours sans prononcer une parole, N'Goubé sort de sa poche la recette de la vente de ses poissons et la pose sur la table.
" 115 F. CFA ", annonce-t-il, " voilà ce que m'ont rapportées des heures de travail. 115 F. CFA. Avec ce peu d'argent, nous allons devoir vivre à six, payer loyer, nourriture, vêtements, impôts. Que penses-tu de ton attitude ? ".
N'Goubé a parlé calmement, posément, avec une pointe de tristesse dans la voix.
Ramaya a bien conscience que la vie est difficile, plus que difficile. Que N'Goubé fait le maximum pour subvenir à leurs besoins à tous. C'est un homme courageux, travailleur, foncièrement honnête. Elle est toute chagrinée de l'avoir déçu.
Elle s'est laissée entraîner ; elle a eu besoin d'un moment d'évasion ; sortir de ce quotidien si pesant, si morne. Elle essaie d'expliquer ses états d'âme à son mari.
N'Goubé est sévère, parfois dur, mais toujours par obligation. En réalité, ce n'est pas lui qui est dur, mais leur existence ; et ils ne doivent céder à aucune tentation sinon c'est la catastrophe. D'ailleurs, ce n'est pas à Ramaya qu'il en veut le plus, mais bien à cette Eloa qui est si habile à tirer parti de la crédulité des autres. Il comprend, il trouve même légitime que sa femme ait besoin de sa part de rêve. D'ailleurs, il voulait lui réserver une surprise à la fin du mois. Mais, puisqu'il la sent triste, il va la lui dévoiler tout de suite, cette bonne surprise : les vacances scolaires arrivent. Ils se rendront dans la famille de Ramaya où ils ne sont pas allés depuis deux ans déjà. C'est loin, à trois jours de pirogue. Mais ces retrouvailles sont de si grands moments de bonheur et Ramaya est toujours tellement heureuse de retrouver ses parents.
A cette merveilleuse nouvelle, les yeux de Ramaya resplendissent de plaisir.
La paix et la sagesse sont définitivement revenues dans le ménage.



"Sauce trop mate" de Jean-Pierre ANGELOSANTO


Ne fais pas ta fière.
C'est un accident. Passe, passe ton chemin.
Tout ce remue ménage. Ce mélange.
Ne fais pas ta fière, tu n'y es pour rien !
Le hasard nous a fait tomber là, et toi tu te gonfles et ouvre grand les yeux.
La poitrine bouffie de sa moisson.
Tu es la reine de la journée.
On se bouscule. On s'agite. On cherche à te séduire. On te paie.
Le temps passe, et de nous tu ne sauras rien.
Un panier, quatre boules rouges.
Au nez semblable.
Aux yeux semblables.
A la bouche semblable.
Curiosité.
Un panier, quatre tomates.
Qu'en sera-t-il. Qui va les manger ?

 

"Charlie Four" d'Anne-Marie PETTRé

Je suis la petite fille du vendeur de graines de la rue des deux Ecus à Paris dans le 1er arrondissement. J'ai perdu mes parents très jeune et est été élevée par mon grand père et la bonne Cerise. Très marquée par son aspect bien en chair, son teint rouge et sa peau lisse et brillante comme une tomate, je rêvais toujours de cultiver des tomates ayant l'aspect de Cerise.

Avant de mourir, mon grand-père me dit : "un jour, tu iras en Afrique sur le marché de Niamakoro, au Mali". Il disait aussi toujours "chaque fois que tu commences un travail, fais un voeu et il se réalisera un jour".

En âge de reprendre l'affaire de mon grand-père et après avoir lu et étudié ses écrits et ses expériences, je décide de me consacrer à la culture de tomates et en particulier de faire évoluer une graine mise au point par mon grand-père. Mais malheureusement mon grand-père était mort avant de pouvoir la vendre pour une culture à grande échelle.

Je vends cette graine à un cultivateur du Mali, qui très vite me fait part de ses résultats.
Cette graine fournit des tomates de grandes qualités :
- un très bon rendement en Afrique, pousse très vite, n'a pas besoin de beaucoup d'eau ;
- leur conditionnement est très rapide et facile, chaque pied donnant toujours que quatre tomates, une grosse, une moyenne et deux plus petites ;
- très riches en fer et en vitamines, elles ont des pouvoirs surnaturels très appréciés par les sorciers africains.

Mais comme toujours il y a un petit problème, une contrainte. Il ne faut jamais couper la tomate avec un couteau. Si on croque la tomate à pleine dent, un jus de sang sort de la tomate, s'écoule dans la gorge, d'où l'expression "s'en faire des gorges chaudes". On ne peut donc que la cuire, la presser ou bien la mélanger avec d'autres aliments et alors là les cuisinières ne peuvent plus s'en passer tant ses vertus sont grandes.

La veille de mes trente ans, en sortant du Père-Lachaise où j'allais régulièrement entretenir la tombe de ma famille, je repense à mon grand-père et à ce qu'il m'avait livré le jour de sa mort. Je décide de partir le lendemain sur ce fameux marché de Niamakoro voir le cultivateur. Un de mes meilleurs clients et qui avait acheté l'année passée une semence millésimée que j'avais particulièrement soignée, élaborée avec beaucoup d'attention et de tendresse "charlie four" (en souvenir de mon grand-père Charles). Le jour de sa création, j'avais fait un voeu. Je devais donc partir et être le 30 juin, jour de mon anniversaire, à midi précise, sur le marché de Niamakoro pour voir si mon voeu allait se réaliser.

J'arrive sur le marché par une chaleur accablante, des gens dans tous les sens qui crient, qui rient, qui courent, des enfants pleurent, le tout dans une poussière invraisemblable. Et mes tomates dans tout ce brouhaha et cette cohue, où vais-je les trouver ? quand j'aperçois au milieu du marché un grand panneau avec inscrit "CHARLIE FOUR" venez déguster les Charlie Four. Assister au miracle du 30 juin.

Je m'approche, remonte une queue d'au moins cent personnes et arrive sur une place. Ah ! quelle surprise ! sous une coupole en verre quatre énormes tomates que le cultivateur avait mises de côté pour moi. Ces tomates étaient le portrait de mon père, de ma mère, de la bonne et de moi petite. Le cultivateur me reconnaît, arrive tout de suite vers moi, m'entoure, me salue, m'embrasse, me sert du thé et m'explique très rapidement pourquoi tout ce monde. Ils vous attendent, certains viennent de très loin, certains ont passé toute la nuit pour assister à votre arrivée. Le sorcier, le grand " Mamadou Ndiia " leur a promis richesse, santé et paix pour toujours s'ils vous voient croquer la tomate. Il me recouvre d'une robe blanche et je pénètre sous la coupole. Je m'apprête à croquer la tomate (celle qui me ressemble bien sûr) quand envahie d'une grande chaleur, je m'évanouis. Je suis réveillée par des chants d'oiseaux de toutes les couleurs qui envahissent la coupole et mes parents sont là, présents, en chair et en os. Mon voeu se réalisait...
Mes parents m'expliquent qu'ils étaient partis peu de temps après ma naissance, en Afrique, cultiver des tomates et la bonne Cerise était venue les rejoindre à sa retraite sans rien me dire, j'étais tellement absorbée par l'élaboration de cette graine de tomate " CHARLIE FOUR ".

 

"Volubitos verdurotimas hominutis, plante orpheline de la brousse" de Marie-Odile GUIGNON


Lorsque je suis sortie de l'humus, il faisait très sombre. La croûte que je traversais, brunâtre, s'écarta docilement : mon premier œil s'écarquilla dans la fraîcheur brumeuse d'un sous-bois de lianes et d'orchidées qui se présentèrent dès ma première apparition : ma couleur tendre vert les faisant fondre d'instinct de protection.
Ainsi rassurée je commençais à grandir la tête attirée par les frondaisons des grands arbres dorés dans la lumière du zénith.
Un jour, j'entendis un bruit non identifiable ? ... Inquiète, mes pupilles se dilatèrent sur 380 °, ma tige balaya l'espace en orientant ses feuilles.
Un long bipède stationnait à quelques centimètres de mon propre pied et il s'inclinait dangereusement vers mes pousses... Subitement, je vis une tête ronde et ma sève se glaça dans mes fibres... Impuissante je sentis la terre trembler autour de moi et toute mon existence chavirer dans une natte de raphia... Une grande lassitude m'envahit et je m'évanouis...
Quelques temps plus tard, combien plus tard ?... Je me suis réveillée avec des névralgies épouvantables dans les pétioles et des courbatures dans les radicelles... Cependant mes racines fonctionnaient bien elles pompaient dans un terreau, ma foi bien garni, tout ce dont j'avais besoin pour me nourrir et me remettre de ma transplantation... Peu à peu, je retrouvais des forces et me mis à explorer mon nouvel environnement.
En oscillant sur les cotés et vers le bas je vis que j'étais installée dans une grande vasque de terre cuite. Tout autour, d'autres vasques plus petites contenaient aussi d'autres plantes mais aucune ne me ressemblait ni de formes ni de couleurs, aucune de ma famille...
J'allais donc devoir cohabiter avec des inconnues... ou... faire connaissance ! ...
Un frôlement acide m'interpella à droite : vêtue de feuilles lisses, la tige raide avec des boules jaunes suspendues ici et là dit :
" Je m'appelle citronnier et vous ?
- Volubitos -Verdurotimas - Hominutis.
- C'est un nom à coucher dehors ! ". S 'exclama une voisine indigo à la larges feuilles pointues mauve grise.
Et tout autour de moi les rires les plus succulents s'esclaffèrent...
Pour se perdre dans le courant d'air produit par le déplacement de la propriétaire de l'espace vert des transplantés.
Une mélodie se diffusa :
" Lou lalélou lalélou laléloulalou lalélou lalou.. " Il paraît que c'est une berceuse malienne?
Puis une autre chanson :
" Ah mon potager, le plus beau le plus sauvage, ah mon potager des légumes vous me donnez.. ".
Mes compagnes m'expliquèrent que nos vies dépendaient de la bonne volonté de cette grande tige brune mélodieuse : une femme. Elle déversait sur nous toute l'eau fraîche et les oligo-éléments indispensables à notre survie. En échange nous devions lui procurer des fruits qu'elle viendrait cueillir dès leur maturité.
J'étais effondrée ! ... J'ignorais quel genre de fruit je devais produire? ... Là où j'étais avant...
Je me torturais longuement l'esprit d'étamines...
En plus de ces soucis, mon développement se tordait, alors j'ai du prendre appui sur un tuteur, un pauvre hère de bois flotté échoué d'un rivage pluvial. Pour que je m'accroche à lui, il me contait ses périples dans de vastes univers normalement inaccessibles aux végétaux puisque nos conditions de vies font de nous des sédentaires forcés... Je méditais et philosophais sur l'existence et la vie après la mort...
Ma dure réalité, mon objectif impératif qui devait concentrer toutes mes énergies : " Produire des fruits ", maturait en tâtonnant…
Des bourgeons différents se formèrent, s'arrondirent, éclatèrent en fleurettes blanches et dorées. D'après ma Compagnie elles ressemblaient à des étoiles... Elles s'éteignirent pour donner naissance à quatre boules grises et verdâtres qui ne tardèrent pas à virer au rouge cuivré foncé et à grossir démesurément. Je m'agrippais à mon tuteur pour supporter le poids de ces fardeaux. Dans le subconscient de mes fibres la vision de mon enfance hantait ma sève. J'interrogeais alors mes feuilles. Elles examinèrent attentivement mes fruits et leur diagnostic tomba " C'est la tête de l'homme du sous-bois venu nous saisir! ".
Résignée, j'attendais dans l'angoisse la visite de la femme des récoltes. Elle vint, cueillit mes quatre fruits en chantant, elle les déposa délicatement dans son panier, et s'en fut d'un pas balancé...
Je me sentais plus légère et m'assoupis un brin. Un brouhaha épouvantable me sortit de ma léthargie provisoire ! Mes feuilles et mes tiges se dressèrent de tous mes sens. Les autres habitants du jardin m'imitèrent. Nos tendres feuilles se tendirent vivement comme les oreilles des humains qui s'agitaient en palabres d'étonnement près du jardin.
Voilà ce qui se passait :
Quatre " tomates " à la forme de la tête d'un homme venaient d'être découvertes dans le panier de la vendeuse des fruits de notre maison et elle était envahie de monde, chacun voulant satisfaire sa curiosité.
Une longue file de gens faisaient la queue pour pouvoir contempler... Je le compris subitement... MES FRUITS ... Les Volu-Verdu-Hominus Une prise de conscience subite bouscula mes canaux " sévinaux " , je rougis de la tête aux racines. Déstabilisés d'émotion mes brindilles ne savaient plus comment se tenir !
Je m'appuyais alors à mon tuteur pour me ressaisir et pour réfléchir calmement aux lendemains productifs...

L'ébauche de mon avenir prochain se profilait à l'horizon de ma destinée.

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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