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Elle s'invite, il travaille, elle se déclare, il s'informatimorphise, elle insiste, il la rejette, elle l'a violé et il ne le saurait pas. Drame.

Jean-Sébastien Pijeau-Najberg et Nathalie Capelle - Rencontres Théâtre Court au Bahut à Arcueil, mai 2002 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)

C'est parce que dans notre monde, il n'y a jamais eu autant de place pour les objets qu'on est si demandeur d'intimité et d'authenticité, quitte à le laisser dire par le corps.

Jean-Sébastien Pijeau-Najberg - Rencontres Théâtre Court au Bahut à Arcueil, mai 2002 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)

Mais jusqu'où iront-ils, y compris dans leurs confessions ? En tout cas peu importe, à chacun ses moyens car c'était avant qu'il fallait réfléchir.

Jean-Sébastien Pijeau-Najberg - Rencontres Théâtre Court au Bahut à Arcueil, mai 2002 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)

Extraits de...

Fantasmes et Solitude ne font qu'un, mais que deviendras-tu ?

2ème couche : Alerte au feu.

Découverte d'un intérieur géométrique et confortable, minimaliste et propre, clair et précis. Tout est issu d'une pensée assistée par ordinateur. La vie y est facile. Entrée de Nathalie qui écume du public. (Au milieu de ce dernier, peut-être quelques personnes en papier...)

Nathalie. - Je m'appelle Nathalie Je suis presque invitée, j'ai fait exprès d'arriver la première, je veux l'étonner et je vais l'étonner ! En moi j'ai des souvenirs de tribu organisée. Aujourd'hui j'aime un homme, un homme qui aime son ordinateur. Je n'en suis pas jalouse, un ordinateur c'est un ordinateur, un ordinateur ce n'est pas une femme, car être une femme, c'est beaucoup plus dur qu'avoir à être un ordinateur ; pour être une femme, être une femme ne suffit pas puisqu'il faut lutter sans cesse pour le rester. JEAN-SEBASTIEN ! ...Jean-Sébastien, en moi beaucoup de témoignages ! C'est de l'émotion brute, c'est facile à comprendre ! Il faut que je la déverse, et je la déverse maintenant !

Jean-Sébastien va pour s'approcher d'elle...

Nathalie. - Non, ne bougez pas Jean-Sébastien, tu trônes si bien ! (Je ris faussement ; de toute façon, rire est ici inadapté)

Jean-Sébastien. - C'est pour te saluer nathalie Paraître bien élevé L'éducation reste en moi comme les dents d'un squelette OK mais dis donc Tu es en avance Ma belle Ce n'est pas toi que j'attendais Parle pendant que Je finis sinon Tu n'auras pas le temps Tu dois partir dès que françoise arrivera Il nous faut travailler Travailler sérieusement OK OK J'enregistre et Lance ce programme Je suis chirurgien Un grand chirurgien dont l'avenir ne se divise pas

Nathalie. - Après cela, que dire ... et surtout comment faire, à part replonger dans ce qui nous reste de notre enfance, conte à l'appui ! Allez, écoute Jean-Sébastien ce que je vais te narrer : Premièrement, le trop est toujours suspect, nous ne l'oublierons pas. Ecoutons l'histoire de cette femme handicapée - que je ne sais pas bien regarder. Cette femme assiste à l'enterrement de sa fille. Elle est assise, en triangle sur son canapé, un canapé trop confortable. Ça passait en direct à la télévision. (Je pleure) Ailleurs, le printemps claironne pour toutes les fleurs. Et il n'y a pas que des dépressifs pour y faire attention. Il est 6 heures 33 précises, et ce sont les gouttes de rosée qui me le disent. Parole d'eau, eau de la nuit, l'ultime murmure des pierres... me dis-je avant de jeter ma montre le plus loin possible ! Floc ! (Bien qu'affectée je veux poursuivre) C'est un moment particulier où il fait ni jour ni nuit, ni chaud ni froid, ni sec ni mouillé, ni calme ni bruyant - seuls les animaux se réveillent en caresse - ni défini ni infini, et là encore je vous parle de la vie. Tout n'est que surprise et émotion, le plus beau mariage qu'on puisse trouver sur la terre ! Alors mon corps savoure, nu, entier... car il n'y a plus de raison pour lui couper la parole... Les rencontres devinrent multiples... et j'éprouvai cette intelligence... Mais le train repartit à près de 420 km/h et " quant est-ce qu'on arrive ? " lança même un enfant-tête de con. (Je pleure malgré moi). Excuse-moi Jean-Sébastien, des histoires comme ça, j'en ai des tas. Elles me polluent. Le seul intérêt que j'y voie, c'est que, moi, quand je pleure, je sais que je suis vraie ! Mais tout ça est inclassable. Inclassable ! (Ce mot m'étourdit mais je lutte pour que cela ne se voie pas). Je viens d'apprendre que le terrible ne se compare pas, ne se partage plus... tant il est fort. Alors Jean-Sébastien, reprendrais-tu un peu de mes intimes, car je veux bien encore mourir s'il s'agit pour nous de vivre tout de suite à deux ! (Jean-Sébastien rit exagérément) Arrête, Jean-Sébastien, sur moi il y a plus d'un liquide ! (Il se ravise)

3ème couche : Cube et sexes ronds.

Jean-Sébastien. - Exclusif Je ne m'en suis pas douté pourtant On se connaît Là C'est trop tard Impossible Savoir que ton temps est compté Le mien aussi Alors OK OK Je clique Je valide et Tu pars Il me faut maintenant retravailler

Nathalie. - Pile à côté Jean-Sébastien, je t'ai ramené de la viande, à ne pas faire cuire, reste là, près de moi, il s'agit de ton plaisir et du mien. Et déjà une jambe qui se décolle. Je vous aime Monsieur Jean-Sébastien, j'ai mis du sel dans mes cheveux et maintenant que je vous ai tout dit, je suis heureuse, prête pour qu'on se rapproche ! Allez Jean-Sébastien, faisons donc le tour de ce qui nous reste à connaître !

Jean-Sébastien. - Indisponible OK Je suis indisponible Changer caractère Couper cheveux femme en promo Laisse-moi Laissez-le ou Je nous quitte (paniquer) Delete-Delete Delete-Delete

Nathalie. - Dans le pli de tes lèvres, Jean-Sébastien, que des mensonges ! Par contre ton souffle est toujours vrai ! Ça fait longtemps que je te suis Jean-Sébastien. A fouiller tes poubelles, j'y ai tout vu. Tout ! Et il n'y avait rien de sale tellement tout m'y a intéressé. Toi, parce que je te connais autant que ça, je t'offrirai mon intimité, ma nudité en plus. Et pour ce qui est du sexe que tu achètes dans les journaux, sache que notre bonheur y répondra, et qu'il nous submergera ! Jean-Sébastien, regarde-moi, regarde-moi dans les yeux, j'en ai plein le corps ! (Je lui présente ma chair, émue) Pupilles partout, par paires, pupilles partout ! Regarde-moi encore ! (J'ai une nouvelle émotion). Je t'ai déjà offert plus que ce que tu pourrais attendre, allez fonds ! Fonds ! Mais depuis le début, j'ai vu dans ton nez l'Amérique qui bouge ! (Et je me rapproche de mon chéri, les mains franches).

Jean-Sébastien. - Manque de contrôle caractérisé OK Bien trop franche pour être honnête Escape Nous ne sommes pas compatibles Toi quand On te reçoit Il faut que tu rançonnes Fermer toutes mes fenêtres OK et Condamner tous les accès Me parler n'est plus possible Même pour tes excuses Merci Bye

Nathalie. - Jean-Sébastien, à dompter ainsi tes carnivores tu n'es pas heureux. Ton coeur n'est géométrique, tes sentiments ne sont pas rectangulaires. Et je vois que tu veux me faire croire tout ça, moi, ça ça me gratte la matrice et j'en passe, car près de toi, Jean-Sébastien, je sens tes vapeurs, tes veines qui chauffent, elles te modifient, et tu penses déjà autrement, que tu le veuilles ou non ! Dans ta voix il y a un sexe, Jean-Sébastien, pourquoi le brimer ? Tu connais pourtant tous les frottements qu'on peut commettre, cette complicité du rien d'autre qu'être deux sous la crudité des corps. Chéri, reçois-moi en nu à nu car c'est ton plaisir que j'aimerais mettre dans chacune de mes rides. Jean-Sébastien, si tu veux je pourrai toujours rester naïve !

Jean-Sébastien. - Honte à tes phantasmes Tu n'as rien de virtuel Exit Parler ainsi te rend charcutière Tu es bavarde Tu es bavarde Se dévoiler Se dévoiler Tes avances te disqualifient Ça me dégoûte Prolifère plutôt chez les va-comme-je-t'encule que Tu mérites Oreille droite annulée

Nathalie. - Mais tu en fais partie Jean-Sébastien !

Jean-Sébastien. - Erreur système Disquette endommagée... Interrupteurs activés

Des nuages de chair traversent le ciel.

Jean-Sébastien. - Pourquoi tu bois Nathalie, ça suffit, tu vas finir par tous nous tuer. Françoise doit arriver, et personne ne m'empêchera jamais d'être l'homme de sa vie !

Nathalie. - Au creux de ton oreille je vais au milieu de tes poumons pour y ouvrir mon coeur au vent de tes inspirations. (Dans une bouée de poussière, je pars pleine de bonnes intentions pour mon chéri).

Jean-Sébastien. - Mais comment ai-je pu me faire ainsi malmener, tout devient complexe. Ne jamais oublier : être proche de ses projets ! Femme qui parle comme un slip restera toute sa vie ouvrière ! Effacer Nathalie, appeler ma Françoise chérie, FRANÇOISE CHERIE VENIR ICI ! FRANÇOISE VENIR ICI !

[...]