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Ce que la 4me de couverture dit :

... Avec Régis Moulu, on sentirait presque que l’écriture est comme une comédie qui nous invite à médire. Car paradoxalement, c’est nous qu’il met en cause dans cette vie à la fois bienheureuse et tragique que nous menons à coups de fantasmes ou de délires bien organisés !...

Au bout du compte sa poésie accuse, nous accuse et s’accuse elle-même de cette complaisance exagérée ou faussement calculée. Un grand défi que cette poétique tellement naturelle qu’elle en devient surnaturelle mais qui nous exulte à nous scruter par les yeux de notre sensibilité qui s’éveille si on y consent.

Un drôle de poète que Régis Moulu dont la sensibilité justement se regarde, se développe jusqu’à « grossir dans la mémoire de nos veines » et qui nous apparaît comme une effervescence de chaque instant.

Ce recueil est sans doute un cataclysme pour notre bonne conscience qui s’approprie à peu près tous les concepts en pensant se faire du bien. Et, une fois cet examen de conscience passé, félicité et sourire refleuriront tant il n'y a pas meilleur terreau que la vérité sans concession.

La poésie, dans ce recueil, est donc signe d'ouverture et s'affirme comme force de réenchantement.

En attendant, nous pouvons toujours suivre un de ses précieux conseils. « Tirons-en la capacité de lever
Notre serpent vertébral à la verticale. »

Quatre poésies extraites de...

Les forgeurs d'étoiles

Et s'il était prouvé
que nous forgions
constamment des étoiles,
que me chuchoterais-tu ?

Dans le sac de l'estomac

Quel bonheur
que de recevoir
la claque de la réalité,
la même que nous infligent les lourds et interminables dîners,

tant qu'on y est,
qu'elle nous brûle aussi,
qu'on s'étourdisse,
chiche ! tombons dans la zone où se dissipent
nos petits atermoiements,
là où il est possible de s'épanouir,
engouffrons-nous y donc de tout notre poids !

Rigide réalité, on te doit tout.
Et face à ta graisseuse vérité,
pas question de lésiner
sur le vinaigre de la plaisanterie,

à boire et à reboire
avant d'atteindre l'irréversible
crise de rire.

Aujourd'hui, j'ai mille sondes
aussi sensibles qu'irritées,
ma conscience ne s'en retrouve que plus aiguisée !

Nulle restriction  ( 2/3 )

Après un plongeon dans le lac des désirs,
le repos nous recrée,
on ne compte plus nos adresses échangées,
nos silences cadeaux,
nos mains chargées à l'extrême pour embellir l'Autre,
le seuil de la folie a donc disparu,
enfin je crois,

on pourrait même s'offrir
des parties de soi-même,
comme par exemple des dons d'organes
qui s'enlèvent comme d'amovibles déguisements,
exécutons-nous

et nos cœurs continuent de s'emballer
comme des oies sans tête,
on les a tous vues et ressenties pour de vrai,
dans le Gers,

c'est pourquoi je t'assure
qu'il faut se défaire de ses couleurs les plus vives,
tout cela est trop voyant,
et remisons nos ambitions-vitrail qui nous traversent
TANT il est grand temps
de risquer tout notre SOUFFLE
POUR UNE SOLIDARITÉ SANS VISAGE,

ainsi naîtra notre plus belle promesse,

puis, nous accéderons à l'élégance,
on n'aura plus peur de rien
puisque la science prouvera qu'on est tous faits de la même moelle,
le comprends-tu ?
le comprends-tu ? si oui, débarrassons-nous de suite
de nos stylos en panne de sang

La grande halte

Ta silhouette ronronne au bord du lit
de la rivière,

la plongée des sexes a commencé,
l'horizon se fend sous nos cris,

nos corps aussi,

l'eau s'écarte,
chassée par nos gestes indéfinissables,

la chorégraphie des algues nous a rejoints,
nous grossit,
un monde se crée, s'écrit avec du sang
imaginaire,

les émotions nous épluchent
et nos chairs de sable se décalquent
sur la plaque d'un ciel fiévreux,

l'attraction terrestre s'est d'un coup inversée,
ma tête flotte comme un nuage achevé,

toutes les distances se sont évanouies

car vie et mort sont semblables
dans cette poignée de données primaires
À laquelle nous avons tant rêvé
contre notre gré !

Œillade en fusée

Cette amitié qui nous fait sortir
de nous-mêmes – 4ème partie

Tout scintille éperdument entre nous,

il y aura toujours la voie lactée
au-dessus de nos rendez-vous,

on ne cesse de partir ensemble
dans la même fusée
alors que normalement,
dans la vie, ça n'arrive jamais !

on est comme deux plantes dans un vivarium
qui vont proliférer ailleurs,
on est d'une sève
dont on fait de sérieux clins d'œil,

et puis on se soumet nos découvertes,

on partage nos étonnements
et ça nous soude,

puis la richesse des sensations
construite dans nos poumons
s'offre à l'autre
comme un coffre s'ouvre
avec la clef de notre disponibilité
dans la serrure de l'humilité,