SAMEDI 1er Avril 2006
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
" L'imagination n'est qu'une formalité "

Animation : Régis MOULU.

Auteurs invités :
Patrice CAZELLES (poète)
Karine LEROY (conteuse)

Thème : L'espace entre les mots
(une histoire de couple)


Une mission délicate qui n'a rien d'impossible nous a obnibulés : celle d'accoupler des mots qui, sans nous, ne se seraient jamais rencontrés vu la distance (c'est-à-dire une de leurs caractéristiques ou toutes) qui les sépare !
Cet acte singulier a créé des "bizarrreries" dont on n'a pu contrôler l'envol poétique !

Bon, d'accord, voilà quelques exemples : des sabots tendres / un chien savant / un rôti bavard / une brique molle…
ou, de façon plus imagée, grâce à quelques citations du poète Alain Minod : un chapeau d'écume / des rêves armés / la tresse de nos matins / une pluie charnue / griffer le silence / le fruit broyé de nos passions / le parapluie de la beauté…

... Ces trouvailles ont ensuite été employées l'air de rien dans une histoire qui devait évoquer une "confession" (thème proposé).

Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support visant à mieux former ses couples a été distribué, histoire d'atteindre du pur youpi !


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "Le bal des spaghettis" de Karine LEROY

- "Un fil de vie" d'Anne-Marie PETTRé

- "Je suis au regret de confesser" de Richard RAPAPORT

- sans titre d'Aurélie BOCCARA

- "Confessions poétiques de nos deux moustiques Ben et Dick" de Bénédicte MOLLIER

- "Pierre au Paradis" de Patrice CAZELLES

- "De la nature des choses ou la vie en oxymore" d'ARGOPHILHEIN

- "Garage de l'avenir" d'Angeline LAUNAY

- "En crédit illimité" de Régis MOULU

- "Cher commisssaire de mon coeur" de Janine NOWAK



"Le bal des spaghettis" de Karine LEROY, conteuse invitée

Ma vie a basculé droit…Ca s'est passé samedi dernier. C'était le soir, je commençais à tourner en rond dans le carré de ma solitude. Ras-le-bol ! tellement à ras que ça commençait à déborder !
Alors, j'ai décidé d'aller au bal. J'ai mis ma robe léopard à rayures bleues, mes lunettes de nuages argentées.
Mon miroir ne reflétait que moi, mais je me voyais déjà en reine du dancing entourées de beaux jeunes hommes frais et langoureux…

Tic Tac Tic Tac Tic Tac… Mes talons aiguilles trottaient sur le pavé. Vite! Je vais être en retard au "bal des spaghettis " ! Les gens vont bientôt se ramollir, s'agiter, se mélanger… Ils vont bientôt s'emmêler comme des lianes aquatiques et je vais encore atterrir comme une quiche dans un étang, plouf ! Tic Tac Tic Tac Tic Tac…

Ouf ! J'arrive " al dente ". Les rideaux du chapiteau viennent juste de s'ouvrir. La foule rentre pas pressée et j'ai juste le temps de me glisser entre deux beaux garçons gominés et bien rasés…Leurs regards survolent à peine mon chignon minutieusement ébouriffé. Même avec les talons, dur d'être à la hauteur !

La musique s'est mise à battre comme un cœur métronomique. Tout le monde s'est mis à se tortiller, à vibrer comme dans une poêle à frire. L'air devenait moite, une fumée liquide dansait devant les lumières écarlates.

Mais tout à coup, une énorme basket jaune a écrasé mes petits orteils déjà compressés ! Je crie, je suffoque, je vais prendre l'air. L'homme aux baskets jaunes me suit. A l'aise, il me demande du feu que je n'ai pas.

Il finit enfin par s'excuser en clignant de l'œil. Je l'insulte avec glamour. Il me demande mon prénom. Je l'ignore avec attention. Il finit par m'inviter à danser un slow. Je le suis à cloche-pied, Tic Tac Toc, Tic Tac Toc…Il m'enlace avec la fureur d'un argentin, je le repousse germaniquement.

Nous dansons un slow et puis un autre. Ses baskets jaunes finissent par s'accorder à mes escarpins à quartz. Et nous virons , chavirons dans tous les sens…Nous nous touchons du bout des cils, nous respirons la même odeur…
Au petit matin, nous sommes rentrés bras dessus, bras dessous, collés comme des nouilles trop cuites. Nous étions complètement cuits mais amoureux !

 

"Un fil de vie" d'Anne-Marie PETTRé

Au cours d'une visite dans la maison de retraite " La Renaissance ", je rencontrai une vieille dame fluette, presque transparente, assise sur un banc mou.
Etant en avance, je m'assis à côté d'elle sous la fraîcheur pâle du soleil d'un matin de printemps. Le silence résonnait et les oiseaux piaillaient ; je pensais à mes études sur les " avalochitechvara " et la consultation des sommiers fonciers lorsqu'un fluide passa entre nous, comme un courant électrique, puis une avalanche de mots sortit de sa bouche.
D'un seul trait, elle me raconta son histoire : " mes parents m'appelait poulette quand j'étais petite, toute ma vie j'ai marché sur des œufs, j'étais timide, ma vie ne tenait qu'à un fil car j'avais une maladie inconnue, on me soignait avec de l'Oxyboldine diluée dans une infusion de camomille en me disant boit camille ça ira mieux demain, très souple et légère, passionnée de cirque, je suis devenue funambule, j'ai parcouru des milliers de kilomètres entre les tours de la Défense, je faisais tendre un fil d'acier trempé et j'avançais droite comme un piquet sur cette corde raide, plus le vide grandissait plus je me sentais légère, légère, grande et sooolide, je m'imaginais impératrice glissant vers un palais de verre sur une allée de glace bordée de buildings en béton fleuri, puis la période de la fonte arriva, la glace fondit, la corde raide se noua, ma vie n'est plus qu'un fil tortueux sans fin, je ne vois pas le bout de la ligne qui disparaît dans le noir, là-bas…… "

 

"Je suis au regret de confesser" de Richard RAPAPORT

Je suis au regret de confesser que je n'ai rien compris au thème de l'atelier du premier avril 2006 : " Confessions ". Confessions ?! Si on coupe le mot en deux … on obtient " con ", " fessions ". Si on joue avec les deux parties, ça fait : " fessions le … ". Moi qui suis naïf et nouveau dans cet atelier d'écriture, par malchance je suis tombé sur un atelier de création pornographique ! D'ailleurs, le début de la notice de Régis renforce mes soupçons " accoupler les mots… ".

Fort heureusement le grand jeu concours de la notice dissipe cette fâcheuse impression. En réalité le thème à traiter, ce sont " les confessions de l'oxymoron ". Par exemple CPE " contrat premier emploi " et son opposé EPC " emploi poubelle de Chirac ". Bof… ça ne m'inspire pas. Peut être ai-je mal compris. Vu la clarté obscure de l'écriture orale des explications écrituro-orales de Régis, il est évident que la demande est sûrement autre. Confessons, confessons, il en restera toujours quelque chose…

Houra, c'est l'illumination, j'ai compris. " Ecriture orale " : voilà un bon exemple de ce qu'on attend de moi. L'oxymoron de l'écriture orale, tout conteur en a besoin pour raconter des mensonges vrais. Un conteur ne se déplace jamais sans le cheveu oxymoroné. Ainsi, seul le conteur peut dire au voyageur perdu qui demande le couvert et le gîte pour la nuit : " demande à mon fils, il est là-bas ". Le fils est un vieux barbu qui dit au voyageur : " demande à mon fils, il est couché dans la chambre ". Le fils du fils est un vieillard cacochyme qui trouve la force de chuchoter " demande à mon fils qui est dans le berceau ". Le fils du fils du fils tête son biberon. C'est un mathusalem tout fripé, tout perclus dont même la mort ne voudrait pas. Eh bien, le voyageur, sa réponse il l'a eue. Cette réponse, vous l'avez entendue ? Non ? Alors ça fera l'objet du prochain grand jeu concours.

Poursuivons : accouplons, accouplons, il en ressortira bien quelque chose. Il était une fois une orchidée vanillée qui se prenait pour une fleur, et un rouge-gorge qui se prenait pour un aigle. Le rouge-gorge avait des serres terribles et des ailes immenses qui cachaient le soleil. Il était amoureux fou de l'orchidée, il l'a saisi dans ses serres et il s'est envolé. De surprise, l'orchidée a laissé tomber la vanille à terre. Dans son ardeur amoureuse, le rouge-gorge a pressé l'orchidée rouge sur son poitrail. C'est ainsi que le rouge-gorge est devenu rouge et qu'il ne mange plus de glace à la vanille. Et pour prouver son amour à sa bien aimée, le cœur du rouge-gorge s'est fait aussi petit que la tête de l'orchidée. Et le rouge-gorge est redevenu rouge-gorge… et moi, je ne sais toujours pas comment traiter le thème de Régis.

C'est alors que j'entends une voix me susurrer dans le creux de l'oreille : " Prends exemple sur ces deux vaches qui parlent anglais et français, admire le rapprochement franco-anglais, ça c'est le comble de l'accouplement des mots !". Mais voila, mes combles à moi, ils sont remplis de toiles d'araignées géantes aux pattes velues et aussi grosses que des filins de fils de soie aptes à retenir les dirigeables au sol.

" Surtout pas d'araignée, me crie la voix. J'ai peur des dirigeables, j'ai tellement le pied sûr que j'en ai le vertige. J'aime le ciel de la mer mais pas le ciel du ciel ! ".

Et zut ! Encore une confession ratée, encore une qui a son avenir derrière elle. Tout ça, c'est banal quoi que… Passé, présent, futur… mémoire, vie, espérance ! On a la mémoire de l'espérance sinon on ne saurait pas ce que l'on cherche. On a l'espérance de la mémoire sinon l'amnésie rendrait infirme le présent sans son passé. Et le présent, la vie c'est quoi ? En cet instant c'est d'écrire !! Allons un peu de courage, continuons de tourner en rond pour se faire la tête au carré.

Des carrés ronds, c'est comme cela qu'on a réussi à calculer la circonférence d'un cercle et à découvrir le nombre Pi. En voilà un accouplement extraordinaire ! L'union du cercle et du carré a produit le nombre Pi ! Trois quatorze cent seize. Quatorze sans seize, il en manque deux que le trois va me prêter obligeamment. Trois devient donc égal à 1. Donc Pi c'est 1, le symbole de l'Unité. Stop ! Si j'ai le malheur de continuer mon raisonnement, il y en a qui vont me dire d'aller me faire voir chez les Grecs !

Alors par précaution et en accord avec son respectable principe, je préfère revenir aux accouplements extraordinaires :

Le dinosaure et l'aigle, ça a donné le dragon
Le petit Poucet et l'ogre, ça a engendré Perrault et Disneyland
Montparnasse et Bienvenue : une gare et le jeu de Monopoly
Etc… etc…
Si ton inspiration baisse, va à confesse ! A force d'aborder tous les sujets, je vais devenir le roi de mes sujets :
Toi l'orange, tu deviendras une orange bleue
Toi l'amour, tu seras l'amour vache mais seulement avec une vache anglaise
Toi le rêve, tu seras éveillé
Toi le sommeil de plomb, tu rempliras les cartouches des chasseurs
Toi le guerrier pacifique, tu feras la guerre à l'Atlantique
Et toi, le roi, l'amateur d'écriture, tu deviendras un professionnel du copié/collé des mots.

 

sans titre d'Aurélie BOCCARA

Hell et Heaven en anglais, ça commence par la même lettre et pourtant ce sont deux opposés : Enfer et Paradis.

Vie et Mort, ces deux mots " opposés ", contraires, s'opposant et se rejoignant en même temps m'attirent.
La Vie, c'est l'amour, c'est l'enfance, la gaieté, la joie, alors que la mort, en gros c'est le contraire tout net, c'est ce qu'on appelle le côté noir qui vient, la noirceur, la solitude, la froideur, la pâleur, la misère, bref, la fin de tout.

Elle ou bien Hell, ça " sonne " de la même façon, et pourtant c'est loin de signifier la même chose. Elle, elle voudrait quitter la vie, donc forcément rejoindre la mort, cette mort qui la hante, qui la " vampe ", qui la taraude, qui la traumatise depuis qu'Elle en a conscience.

Elle, elle est susceptible ; j'ai entendu dire que quelqu'un de susceptible est quelqu'un qui a une mauvaise image de soi, en gros qui ne s'aime pas ; j'en déduirai un peu bêtement sans doute que c'est quelqu'un qui veut " rejoindre ", " retrouver " la mort. En conséquence de quoi, quelqu'un de susceptible est quelqu'un qui a des tendances morbides, voire suicidaires. Elle a donc ses idées, ses pensées les plus profondes qui vont vers le noir, plus, vers cette pâleur noire, ce voile qui fait tout disparaître.
Rien qu'en parlant de " voile ", on pense aux femmes musulmanes voilées. Ce voile est pour le plus souvent noir. Donc, CQFD, on revient encore une fois à cette couleur, aux idées qui l'entourent, au côté sombre, tout bêtement donc, une fois de plus à la mort.
Car, qui dit NOIR, ne dira jamais VIE.

Elle, qu'est-ce qu'elle est morbide avec ses idées noires ! Qu'est-ce qu'elle est " chiante " avec sa soi-disante déprime ! On ne me la fait pas à moi !

Elle, toujours elle avec ses sempiternelles idées noires, alors qu'elle a toujours dans son sac à main " dernier cri " ses lunettes de soleil, ce qui d'après moi est le signe qu'on attend le soleil !
- si on attend, si on est dans la phase d'attente, c'est qu'on est dans une phase d'espérance, c'est donc quelque chose de positif.
- et en plus, si on attend le SOLEIL, c'est qu'on attend la VIE, car sans soleil il n'y a pas de vie et inversement, et pour une femme quand on attend la vie, c'est qu 'on attend un enfant, et quoi de plus merveilleux, extraordinaire, vivant, ensoleillé que la grossesse : ces neuf mois à attendre le SOLEIL, à attendre la VIE.
Et tant qu'il y a de l'espoir, il y a de la vie. Waouh, bof cette phrase.

Revenir, Aller en arrière, à la source, aux sources, en bref recommencer, selon moi cela peut s'interpréter de plusieurs façons. Cela peut vouloir dire :

- qu'on souhaite rester à tout jamais fœtus, dans le ventre de sa maman, là où on est si bien, et où on se sent si bien au chaud, c'est une petit peu se renfermer sur soi-même, ça a un côté un peu, même plutôt négatif, le fait de ne pas vouloir s'ouvrir au monde, à l'extérieur. Certains psys ou pseudo psys vous diront que c'est la négation du père, donc du Mal, avec un grand M, et donc, et donc du " famous " XY. D'autres vous diront que ces propos " poussent " à l ' " homosexualisation " de la pensée en général et en particulier chez les femmes, puisque même si on tourne et on retourne le sujet dans tous les sens, on retombe toujours sur la même chose : seules les femmes sont " capables " de mettre au monde une petite XX ou un petit XY.
C'est la vie, même si pour nos chers males, c'est si difficile à entendre, à vivre même, mais n'y voyez là aucune ironie de ma part.

- qu'on souhaite revivre dans le sens " se faire une nouvelle vie ", c'est à dire en parlant familièrement " prendre sa vie en main " et " commencer un nouveau chemin ", une nouvelle enfance, une nouvelle adolescence, d'autres études, un nouveau " job ", un nouveau mari, d'autres enfants, même si bien sûr on adore les siens et puis c'est par exemple choisir son sexe, et oui, pourquoi n'aurait-on pas le droit de faire, d'agir, " to act " en anglais et non comme on a pas arrêté de le faire : de subir, de se laisser aller au gré du vent, comme il est si facile de le penser et de le dire .

Hell et Heaven, comme je l'ai précédemment écrit, ce sont deux mots qui " sonnent, qui " teintent ", qui " se rapprochent " en anglais. Enfer et Paradis, pas du tout en français…

Du peu de connaissances linguistiques acquises, j'ai appris qu'au tout début de l'histoire humaine, il n'y avait qu'une langue, donc forcément qu'un mot désignant l'enfer et qu'un mot désignant le paradis et peut-être même ces mots-ci étaient confondus en un seul ? Il faudrait creuser de ce côté là, lais je m'éloigne…

Grâce à un objet merveilleux et magique, qui s'appelle DICTIONNAIRE, j'ai pu déceler quelques " fautes " de langage courants.

On dit souvent à une personne qui va à très grande vitesse, qui mène la vie à " tambours battants ", que cette personne mène un train d'enfer. On pourrait croire que la dite personne aime la vie, mais souhaite la mener, comme on dit aujourd'hui " à fond la caisse ", rapidement, presque sans pitié, alors d'un côté on peut penser que cette personne aime la vie et y mord " à pleines dents " et de l'autre quand on imagine une personne qui mène un grand train, en bref (cf. dictionnaire), une personne qui va à très grande vitesse,c'est une personne qui brûle la vie, qui la brûle par les deux bouts de la chandelle, comme il est usuel de le dire ou de l'entendre, et qui en quelque sorte flirte aussi avec la mort.
La personne pense peut-être (sans doute) " monter au paradis ", ou bien " gagner le paradis " . D'ailleurs, c'est bizarre, qui dit " gagner ", dit souvent " gagner " une bataille, " gagner " la guerre, donc on revient au noir, au sang, au rouge, donc à la mort. Alors cela voudrait-il dire qu'on gagne la mort ? C'est pour le moins étrange comme formulation ; ça sonne faux : gagner la mort !
On ne gagne, enfin ose-je l'espérer que de bonnes choses, que de choses positives, donc forcément pas la mort… Ouh là, ça devient trop compliqué pour mes petits neurones…

On dit bien aussi " monter au paradis ", on ne monte pas à la mort, c'est bête, c'est stupide…

On dit également " trouver le paradis sur terre ", or c'est un contresens ou un non sens, absolu, le Paradis, c'est le séjour des Justes après leur mort, une opposition ici, avec l'Enfer, or la mort, ça ne peut pas être sur terre, mais en même temps est-ce juste d'envoyer justement les Justes à la Mort, même si c'est au Paradis. Mais là, je m'égare….

On parle également souvent de Paradis, comme Etat Suprême de Bien-Etre. Or, si l'on est au Paradis, c'est qu'on est mort, et si on est mort, on ne peut pas Bien-Etre. Y a comme un défaut dirait un certain Fernand Reynaud.

De plus, qui n'a jamais dit ou ne s'est jamais entendu dire " Vous ne m'emporterez pas au paradis ", comme une formule de menace et si on entend menace on entend par là quelque chose de négatif, de noir, voire si l'on pousse un peu la mort et donc le paradis mais aussi le geste, l'action par lesquels on exprime son intention de faire mal, par lesquels on manifeste sa colère, donc encore là on parle de rouge, de danger, de sang, donc inévitablement de mort… Au final, que de non-sens, que de contresens, bref d'espace entre le mots !!!!!

Parallèlement ou progressivement qui dit question dit réponse et inversement et cela veut aussi donc dire que chaque question a au moins une réponse et une réponse au moins une question. On est dans la logique banale et familière selon laquelle " chaque pot a son couvercle " puisque qui dit question dit réponse bien sûr, mais celle-ci n'est pas forcément unique. Tout cela au paraître si simple est finalement bien compliqué.


"Confessions poétiques de nos deux moustiques Ben et Dick" de Bénédicte MOLLIER

Le nuage d'un jaune éclatant nous fit sortir du nid poilu dodu et bien chaud de notre boîte. Les gouttes de vents ruisselaient de rosé sur les herbes folles et les coléoptères rampant dorés nous enjoignant à la danse. Les moustiques Ben et dick décidèrent donc de prendre la poudre d'escampette en allant d'un bon pas butiner les fées clochettes de la Forêt de MonImaginaire.

L'air sucré fleurait bon le sel de l'enfance et c'est d'un pas assuré que Ben s'envola suivit de Dick bourgeonnant de plaisir. Les oiseaux broutaient paisiblement au son mélodieux des branches de bambou enchantés. Ben voletait doucement se laissant porter par l'écume tandis que Dick plus terre à mer inspectait prudemment les alentours. L'air iodé des sapins O combien vivifiant sembla enivrer Ben qui partit dans une danse frénétique du bourdon en mal d'amour. Cette parade bruissante d'un silence bruiteux inquiéta Dick qui se posa, non sans douceur, sur les branches ondulantes d'un châtaignier rouge flamboyant. Il interpella son ami Ben en sifflant La Marseillaise d'un air grave et discordant.

Dick : " Ben, reviens ! ou vas-tu d'un si bon pas voletant ?
Ben : " Je suis là Dick, n'ai pas peur. Je m'entraîne juste pour les prochains championnats en apnée du club des moustiques pas typiques. "
Dick : " Fais quand même attention ! la tapette géante bleu citron est de sortie aujourd'hui. L'ouverture de la chasse aux pensées bucoliques a eut lieu en grandes pompes ce matin par le hibou persifleur. Notre tête est mise à prix et notre corps aussi ! ".

Ben rejoignit, d'un coup d'ail, Dick sur la rive de la clairière de la forêt. Les vagues dodelinaient de la tête en chantant la la la…Nos deux moustiques gonflèrent leur plume de bonheur et de joie devant le spectacle de cet océan vert qui semblait n'en plus finir. Ben confia à Dick qu'il était ivre de pleurs tempêtes face à cette nature si joliment laide de beauté verdoyante. Tout à coup la brise vanille se leva et quelques gouttelettes vertes riantes s'échappèrent de la rivière enchantée. Ben ouvrit son parapluie en flaques d'étoiles et Dick le rejoignit doucement sous son ail protecteur. Nos deux moustiques en herbe après cette fine pluie bleutée décidèrent d'aller manger une barbe à papa à la fête du village des Joyeux Lapins en Goguette. Leur ami papillon, nommé " Plume d'oie " devait les y rejoindre. Nos deux amis partirent bras dessus bras dessous en direction du radis jaune glouton, point de départ de tous les insectes mammifères de la forêt pour la fête du village. Ils croisèrent en route, une laitue dodue, un rouge à lèvres anti-décrispant et un stylo dodelinant de la mine, en fin de compte, jusqu'ici rien…. que de très normal !
Le crépuscule de l'aube commençait à s'élever quand nos deux moustiques arrivèrent enfin vers leur ami papillon qui n'avait rien trouvé de mieux à faire que de peigner le coup du pingouin à lunettes du voisin ! Ils se saluèrent en grandes trompettes, battirent des pieds, s'étreignirent à perdre haleine et s'envolèrent en chœur vers de nouvelles aventures épiques de moustiques.
Il était minuit tapante, à l'horloge à la crème à la pistache, quand nos deux héros rentrèrent épuisés mais heureux dans leur boîte d'allumettes.

 

"Pierre au Paradis" de Patrice CAZELLES, poète invité

Seigneur,
J'ai joui d'avoir et de n'avoir pas
J'ai compilé le lucre et l'envie
Mais pis que tout j'ai pensé le drôle et la brunette…

Ainsi
Ainsidieusement
Dieu dit à Pierre :

Ça commence comme ça
Il se peut que la queue nous lance
à distance en sourdine la soutane
élève un gibet de courtoisie
des bandes séminales assaillent l'épiderme.
La libido ne déshonore pas les hommes, mon fils,
toute pulsion est bonne pourvu qu'elle tende à moi
mais nous suivons des chemins récités comme un livre par cœur
chaque page est un trou rebondi qui désespère notre élan vital
et les cloches sonnent avant l'heure du bilan.
Ainsi même moi, qui gère un peu, j'ai vu mon soir heurté par
le glas du matin et l'œuvre du berger laissée
aux brebies déhalées dans la forêt des nombres…

- Mais, Seigneur, nous avons cru en vous !
- Je sais, moi aussi !

 

"De la nature des choses ou la vie en oxymore" d'ARGOPHILHEIN

C'est une lointaine contrée où la vie a pris naissance entre les mots. Lointaine dans le temps et dans l'espace, Oxymore n'est pas à l'origine de la vie, elle ne se situe pas dans les océans comme le fut l'Atlantide déjà connue par Platon. Et pourtant l'Oxymore, comme la séparation par la dérive des continents, divise le monde des mots et par voie ascendante, le monde des idées.

J'y ai vécu, que dis-je j'y vis encore, c'est pourquoi je peux vous en parler.

Oxymore, ce n'est pas une utopie puisqu'elle est intrinsèque au discours de l'homme. C'est un pouvoir sereinement maléfique, divinement facétieux, exocentriquement réducteur, qui permet à la pensée de l'homme d'appréhender le monde sous ses multiples facettes, de sortir des catégories existantes pour en créer de nouvelles... avec des vieux mots. Et où le sens se cache dans les espaces... entre les mots. C'est donc une ouverture encadrée, une sortie dans un univers balisé, celui des mots qui dansent, virevoltent dans la pensée pour se poser brutalement sur la feuille de papier, cadre fixe quadrillé, linéarisé, d'où ils ne peuvent plus s'échapper... sauf à les gommer.

Ce pouvoir, c'est celui de notre raison calculante, qui exprime tout et son contraire pour peser le pour et le contre, faire un rapport entre les choses et leurs propriétés pour en tirer la quintessence. C'est donc par faiblesse que nous avons ce pouvoir. Si nous pouvions exprimer d'un seul coup - d'un seul - toutes les nuances de notre pensée, attribuer un seul mot à chaque objet qui définisse très précisément l'idée que nous en avons, aurions-nous besoin de la raison qui oppose pour ensuite réunir par antithèse puis synthèse ? Pourrions-nous posséder une raison irraisonnée ?

Et bien, nous l'avons, l'intuition est son nom. Quoi, me direz-vous, cet état indéfinissable qui dit à chacun "son" vrai, qui n'est fondé sur rien, pas même un petit jugement vite fait bien fait ? Non, rien, d'un seul coup -d'un seul- et le tour est joué : l'intuition est une fée sans baguette, qui donne instantanément la connaissance vraie à celui qui l'éprouve. Et dites-moi, pouvez-vous me citer une seule occasion où, ne l'ayant pas suivie, ça vous a été profitable ?

En Oxymore, point d'intuition, mais beaucoup d'émotions, d'imagination, pour suivre les sentiers périlleux du non-dit qui peut se trouver dans un citron mauve, une vache réactionnaire ou un CPE qui favorise l'à-venir des jeunes - qui vont ainsi pouvoir le rester longtemps - avec un salaire léger, si bien dégraissé.

L'Oxymore est partout, avec nous, en nous, on ne peut pas lui échapper. Pas plus qu'à ses petits cousins les paradoxes, antonymes, thèses et antithèses qui jalonnent les étapes de notre pensée. Au secours ! Comment sortir de notre structure de penser ?

 

"Garage de l'Avenir" d'Angeline LAUNAY

Il travaillait au " Garage de l'Avenir ". D'avenir, il n'en avait guère justement. Sa vie stagnait au fond d'une impasse… " Garage de l'Avenir "… au fond d'une impasse… Et, à l'entrée de l'impasse, ce panneau de sens interdit. Aussi, personne ne venait au garage.
Ceux qui s'aventuraient dans ce boyau pavé d'intentions contradictoires, arrivaient en marche arrière, poussés - façon de parler - par le sens de l'interdit d'interdire, bravaches en mal de bravades, sirupeux de la caboche ou autres girovagues en quête de non-sens.
Les pires jours étaient ceux où, par la plus ou la moins hasardeuse des déterminations, un policier se postait sous le panneau. Le temps alors demeurait suspendu aux fils des poteaux électriques et la mort pouvait rôder ou onduler de tout son corps de fatale pythonisse.
Au plus profond de l'oppressante vallée des confessions perdues, brillait au noir soleil la pancarte fleurant le neuf sur laquelle étaient peints les mots " Garage de l'Avenir " en rouge et bleu, terre-mer, feu-ciel, souffrance-consolation.
Le patron ne se montrait que rarement. Et donc, la plupart du temps, Ogden se retrouvait tout seul, broyant son cafard aveugle dont le vol incertain ne conduisait nulle part. Parfois, un coup de fil rompait ce silence qu'on dit assourdissant…
- Allo, bonjour, ici " Garage de l'Avenir ". A vot' service ! Il fallait bien sûr expliquer au client potentiel la particularité de l'accès au fond de l'impasse du docteur Freud. Une fois sur cinq, six ou sept, le client bredouillait une phrase incompréhensible et raccrochait.
Pour tromper son ennui, Ogden marchait de long en large en songeant à la pub qui avait décidé de sa vocation. On y voyait le capot très large d'une magnifique voiture sur laquelle étaient étalées deux paires de pantoufles décorées. Dessous, était écrit : " Il ne faut pas confondre une Lamborghini avec des chaussures Goulashki ".
Il aimait beaucoup cette phrase parce qu'il n'était pas très sûr de bien la comprendre. Mais elle avait suffi à lui donner l'envie de travailler dans l'automobile. Les chaussures évoquaient les longues randonnées dans les chemins de tranquille déraison, la Lamborghini lui faisait penser à un fauve de métal prêt à dévorer la distance, quant à Goulashki…
Ogden avait tout son temps pour réfléchir à ce que pouvait bien signifier " Goulashki " mais il préférait laisser flotter le mystère… le mystère flottant des pantoufles Goulashki…
Il les aurait bien chaussées ces Goulashki pour s'en aller déchiffrer les signes du destin… et il s'interrogeait sur le sort que pourrait lui réserver la vie dans un tel lieu… Il lui arrivait de se demander quel crime il avait bien pu commettre pour se retrouver enfermé dans une prison-garage dont l'avenir était aussi compromis que la course d'un voilier enclos dans une bouteille. …/…
A force de se triturer l'esprit, il finit par se rappeler qu'il avait, lorsqu'il était petit garçon, tué un chat gris avec une bande de copains. Faut-il payer pour la mort des animaux ? Mais surtout, il n'avait pu oublier que le chat appartenait à une petite fille qu'il connaissait…
Dans ses rêves, la petite fille jouait avec le chat dans un coffret de fer qui cognait aux quatre coins de sa cage thoracique et, certains jours, c'est comme si les petits habitants de ses pensées enfouies aspiraient presque tout l'air qu'il respirait l'obligeant à suffoquer sans raison avouée. Ses vêtements alors pesaient plus que leur poids tandis qu'il se désaltérait sans y prendre garde à la source amère du remords.
Il imaginait l'homme dessiné par Topor qui pleurait pour arroser ses salades, lesquelles nourrissaient des escargots qui grossissaient démesurément et finissaient par détruire toutes les maisons sur leur passage y compris la maison de celui qui les avait nourris.
Ce n'était peut-être pas terrifiant mais quelle tristesse et quel désastre… ces larmes toutes versées, ces salades toutes dévorées, ce maisons toutes écrasées !
Et quel destin pour la petite fille ? Quel destin pour lui ? - La petite fille devait avoir à peu près son âge aujourd'hui. S'il la rencontrait, que lui dirait-il ?... Il lui raconterait peut-être l'impasse et le " Garage de l'Avenir ", et le coffret de fer dans sa geôle de chair, et les larmes, les salades, les escargots et les maisons dévastées… Elle comprendrait peut-être et qui sait, viendrait peut-être faire réparer sa voiture au garage…
Mais pour l'heure, pas un client de la journée ! Ogden ôta sa combinaison, passa le sas de décompression, quitta cette vallée de désolation… vers quelle rédemption… L'avenir ne le dirait sans doute pas… tant qu'il ne se déciderait pas, un jour, dans un sursaut de colère salutaire et de logique incendiaire, à arracher le panneau de sens interdit puis, dans un élan à la fois doux et fou, à soulever le couvercle du coffret de métal brinquebalant dans sa poitrine.
Ce soir-là, en quittant le " Garage de l'Avenir ", Ogden croisa sur la route une jeune fille. Il ne put s'empêcher de penser : " …et dire qu'elle pourrait être la petite fille au chat gris et que si c'était elle, je ne serais même pas capable de la reconnaître ! "

 

"En crédit illimité" de Régis MOULU, écrivain animateur

Chez Alorbé, en ville. Ambiance de salon. Une télévision boude dans un coin.

Sia (une femme) : Mais qu'est-ce que tu comptes faire ?
Alorbé (un homme) : Ne le dis à personne, mais j'ai déjà tout en tête.
Sia : Mais quoi donc, ne garde pas comme ça, pour toi seul, autant de mots collés à ton dos ! Décroche-agite-projette, décroche-agite-projette et profite de mes oreilles avides de t'entendre.
Alorbé : Tu voudrais que je me confesse !?
Sia : Oui, trois fois "oui" !
Alorbé : Ça tombe mal, j'aime ça, c'est une rechute, imagine seulement que je vais partir…
Sia : Mais c'est horrible, à partir de quand ?
Alorbé : … partir construire une ferme, j'ai acheté un petit terrain à La Défense…
Sia : Ouf, ce n'est pas loin !
Alorbé : Tout y est possible, j'y ai même vu des fous s'y faire des gratte-ciels, c'est pour dire.
Sia : Mais quelle idée, une ferme, en pleine époque du Tetrapack !?
Alorbé : Oui, ce serait une ferme où pourrait y paître l'esprit, en toute liberté, un petit coin sauvage où tout y serait possible. Aux enfants qui voudraient la visiter avec leur maîtresse, je leur dirai ceci :

Alorbé se mit soudainement à cligner d'un œil. La télévision s'alluma. Dans sa bouche, il y avait des images, et Sia entendit ceci :

Alorbé : Non, je ne rêve pas, je le confesse, non je ne rêve plus d'avoir un chien indépendantiste, un mouton affranchi, un cochon à groin carré, une laie ménopausée, un deuxième chien meilleur ami des bêtes, une vache qui pense "je meus" et qui dit aux autres "nous mouvons", un veau qui n'a pas de peau, des grosses mouches albinos, un bœuf petit rat de l'opéra, une moissonneuse battue, un poney sans limitateur de vitesse au point où tous mes chevaux trouveraient ça beau, un tracteur avec une boule à caravane, des grosses mouches albinos, une fermière d'épouse qui ne nous mettrait jamais sur la paille mais dedans, un enfant, notre enfant, angora (pour notre budget, le poste vêtement n'existerait pas, ce qui rend mon projet plus que probable), un dindon famélique suivi d' une oie funambule le jour et somnambule la nuit, des grosses mouches extra-plates, un âne plein de malices, une brebis qui se cache toujours avant le dessert, un canard gonflé à l'hélium, canne comprise, un coq remonté à bloc, des poules italiennes sans visa, des grosses mouches transparentes et repasse un autre mouton affranchi, non je ne rêve pas, l'herbe y serait disposée en chignons, c'est plus facile à brouter pour tout le monde, la terre serait blanche, notre premier enfant n'aurait jamais réussi à se salir, les arbres seraient tous nains, tous les fruits seraient à portée de main, les pommes auraient leur trognon amovible, le jus d'orange ressemblerait à un collier de perles, les grosses mouches seraient parties en vacances, il paraîtrait même qu'elles en profiteraient pour se suicider…
Sia : Excuse-moi de t'interrompre, Alorbé, mais là je crois que je vais fermer la télévision, elle te monte trop à la tête au point où il me semble bien avoir entendu n'importe quoi. J'espère seulement que tu n'as pas vraiment dit tout ce que je n'ai pas bien retenu ! Tu es sûr que tu vas bien ?
Alorbé : Bien sûr que je vais bien. Si je te disais tout cela, c'est surtout parce que ta présence me fait rêver !

Alorbé se laisse alors embrasser par Sia car Sia Alorbé sont femme et mari à la ville comme à la ferme. Fin.

 

"Cher commisssaire de mon coeur" de Janine NOWAK

Samedi, 1er Avril 2006

Cher Commissaire de mon cœur,

Cette date - 1er Avril - m'inspire.
Je pourrais presque dire qu'elle m'aspire . . .
Si je n'avais crainte de faire un vilain jeu de mots . . .
Moi qui vous ai déjà causé tant de maux !
En fait, je vous le dis tout net :
Aujourd'hui, faisant ma mue tel un serpent à " sornettes ",
Je vais perdre mon ancienne peau.
Parfaitement, je vous offre ce vilain cadeau :
Disparu, escamoté, envolé, le " Monte-en-l'air " !
Adieu, adieu, Cher commissaire.

A l'instar de votre homologue Javert,
Pendu aux basques du pauvre Jean Valjean,
Vous m'avez fait vivre un véritable enfer,
A force d'acharnement.

Inlassablement vous cherchiez ma perte,
Me contraignant à fuir à la moindre alerte.
Imitant la lenteur géométrique de l'araignée
Qui tisse sa toile sans discontinuer,
Durant cinq années pleines,
Vous avez - pour ma déveine -
Tourné, implacablement, autour de moi,
Me causant ainsi, bien des émois.

Tel un cloporte, vous vous acharniez.
Avec opiniâtreté, vous me pourchassiez.
A présent, je peux bien vous le dire :
Vous êtes ce que j'ai connu de pire.
Avec vos rondeurs de porcelet bien engraissé,
Boudiné dans un costume mal taillé,
Vous n'aviez pas l'air bien redoutable.
Pourtant - et c'est ce qui est remarquable -
J'ai toujours été fasciné
Par votre personnage à la psychologie tourmentée.
Quel feu, dans votre regard …
Monsieur le Policier de France et de Navarre !
Nos affrontements ne se sont pas faits
A fleurets mouchetés.
Et votre comportement souvent imprévisible,
A plus d'une fois failli m'être nuisible.
Mauvais comme une teigne, tenace, vigilant,
Toujours vous me retrouviez. Inévitablement.
Jamais je ne suis arrivé à épuiser vos réserves de patience ;
Voilà pourquoi, sincèrement, je vous admire, sans réticence.

Ma manière d'être, née du chaos, me séduisait.
Une façon d'être exaltante mais pleine de contraintes et de dangers.
Aussi, à force d'avoir vaporisé tant de brouillard sur ma vie,
Je ne sais plus vraiment qui je suis.
Suis-je pétri de souvenirs réels ou d'illusions ?
Ai-je vécu mes obsessions ?
Ai-je traversé une véritable existence
Pendant toutes ces années d'errance ?
Ce n'est pas seulement avec la Police que je veux en finir.
Je suis las d'être prisonnier d'un tourbillon dont il est difficile de sortir.
Je suis las de voir glisser ces ombres fugitives
M'obligeant à être toujours sur le qui-vive.
Désireux de semer tous les fantômes qui m'escortent,
Il me faut, à présent, employer la manière forte,
C'est-à-dire couper tous les ponts
Et dans une nouvelle vie, repartir à fond.

Je n'ai jamais eu le loisir de profiter de mes richesses.
Aussi, l'âge venant, j'aspire à un peu de calme … et aussi de tendresse.
Souhaitant désormais être libre de toute entrave.
Je me suis organisé : j'ai trouvé un havre.
Ah, ne plus connaître cette situation de précarité !
Et qui sait, un jour, peut-être, trouver la respectabilité . . .

Signé : " Qui vous savez … ".

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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