SAMEDI 13 Novembre 2021
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
"Se doter d'une inspiration extralarge"

Animation : Régis MOULU

Thème : Retrouver la saveur de nos premiers rêves

Il y a quelque de chose de fondamental dans nos rêves premiers, voire même primitifs : ils résonnent au mieux avec ce que l'on a au plus profond de soi. C'est donc comme si l'on donnait la parole à notre âme. Ce désir, puissant comme une genèse, constitue dès lors un moteur incroyable pour s'exprimer et créer. Aussi, nous allons imprégner nos écrits de cette essence explosive lors de notre séance inédite.

Remarque : au-delà de la contrainte formelle (thème), le sujet suivant a été énoncé en début de séance : Écrire une histoire exposant un rêve. Ce texte devra, par ailleurs, inclure les 10 mots suivants : asperge - bille - ébauche - essence - extinction - farce - irisation - mauve - se métamorphoser - vase.
Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support comportant notamment le procédé "Marcel Proust" a été distribué en ouverture de session.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):


- "Entrechat et loup" de Blandine DELGADO

- "Elle gisait sur son lit, yeux écarquillés" de Juliette LAETHEM

- sans titre de Pascale B.

- "Rendez-vous à 15h avec le Docteur Giroudet" de Nadine CHEVALLIER

- "La parcelle des ancêtres qui est en nous" de Régis MOULU



"Entrechat et loup" de Blandine DEGADO


Elle aurait dû mettre plus de coton au fond de son chausson, elle le sait et elle ne le fait jamais. La douleur lancinante qui irrigue ses orteils l'empêche d’ébaucher les derniers mouvements de son ballet.
Sa jambe droite est tellement lourde ce soir et son corps est tant perclus de courbatures qu’elle a l’impression que son tutu immaculé se métamorphose en scaphandre fantomatique. Elle soit rester concentrée, retrouver l’essence de sa danse, la légèreté de ses pas tant de fois répétés, et … “une deux trois, une deux trois, entrechat, pas de bourrée, pas de bourrée...”
- Tiens ! Qui a éteint la lumière ? … Oh là ! Quelqu’un ? … N’avez-vous pas vu que j’étais en train de répéter ?
Silence…
La projection irisée de ses prunelles autour d’elle, lui permet d’entrevoir un point rouge luminescent et un rai blanc au ras du sol. Un instant, une odeur d’asperge rance affleure ses narines et la surprise lui donnerait presque envie de prendre ses jambes à son cou. Mais son instinct lui intime l’immobilité, l’attente.
Enfin ! Un éclairage cru et intense revient et envahit la scène, l’aveugle presque ; elle se demande qui lui joue cette farce qui lui fait perdre tous ses repères dans l'obscurité puis la lumière.
Une ombre douce passe alors devant son regard et lui redonne un peu de l’élan nécessaire pour se remettre à danser et … “une deux trois, une deux trois, entrechat, pas de bourrée, pas de bourrée… “
Mais cette odeur infecte qui persiste… Elle est pourtant persuadée, sans trop comprendre pourquoi, que quelque part, un bouquet de fleurs mauves, piqué dans un vase précieux,
envisage de transporter jusqu’à elle ses effluves divines. Alors elle les attend. Sereine et vaporeuse, et… “une deux trois, une deux trois, entrechat, pas de bourrée, pas de
bourrée…”
- Plume ! … Plume !?
- Qui m’appelle ? Ne voyez-vous pas que j’ai recommencé à danser ?
- Plume ? … Plume ? Est-ce que vous souffrez encore ?
- Bien sûr que je souffre ! Danser est une souffrance, non !? Tout mouvement est une souffrance, non !? Ne le lisez-vous pas dans mes yeux ?
- D’accord Plume, vous l’avez bien mérité…
Et lentement, la bille géante et légère envahit de nouveau son cerveau, tournoie et virevolte avec elle et l’accompagne dans son ballet aérien, et… “une deux trois, une deux trois, entrechat, pas de bourrée, pas de bourrée…”

 

 

"Elle gisait sur son lit, yeux écarquillés" de Juliette LAETHEM


Elle gisait sur son lit, yeux écarquillés, contemplant la surface plane et obscure du plafond, dans le bruit sourd du silence nocturne. Le radioréveil affichait 4:12. Prise d’une insomnie subite, elle se repassait le film du rêve dont elle venait tout juste d’émerger mais dont l’intensité, la palpabilité commençait à s’estomper et à prendre peu à peu la qualité d’une ébauche aux traits incertains et gommés ça et là.
Elle s’était réveillée au beau milieu d’une station-service, plantée là comme si elle venait tout juste de se faire jeter par une voiture pour une raison qu’elle ignorait, mais elle avait la sensation d’avoir commis quelque chose de mal. La station s’étendait devant ses yeux avec pour seul mouvement perceptible le clignotement du néon blanc éclairant la boutique. Elle distinguait sur la vitrine une écriture qu’elle fut soudainement incapable de lire alors que la forme des lettres lui semblait familière. Elle se sentait mal à l’aise et épiée, comme si on l’avait placée là en guise de châtiment et qu’elle devait surmonter une terrible épreuve pour s’en sortir, ou demeurer ici pour l’éternité.
Dans la boutique, le grésillement de réfrigérateurs se faisait plus assourdissant encore que le néon extérieur. Une telle gradation marquait ainsi une continuité là où elle s’était retrouvée propulsée de l’asphalte au carrelage sans avoir exécuté un pas. La tête penchée au-dessus d’un congélateur à légumes, elle tomba nez-à-nez avec un petit crabe en peluche qui venait de surgir entre deux paquets d’asperges surgelées. Il était d’une couleur orange vif, avec deux yeux et un large sourire brodés sur la face qui lui servait de visage, surmonté de deux pinces de part et d’autre.
« – Tu dois trouver les indices pour sortir d’ici », lui intima-t-il d’une voix joviale et enfantine qui eut un effet instantanément apaisant sur elle.
A gauche du surgélateur se trouvait la caisse du magasin, face à laquelle se tenait ce qui s’imposa être le vendeur. Sa silhouette était voutée bien que droite et clouée au sol comme s’il avait été posé là en même temps que le carrelage. Sur sa tête était vissée une casquette rouge au logo inidentifiable bien que connu, et son visage ne constituait qu’une entité noire, tourbillonnante et inaccessible.
« – Dehors, c’est l’extinction », informa-t-il soudain sans bouger ni lever la tête. Elle se trouvait face à lui sans ressentir la notion d’un but précis et fut incapable de dire un mot.
C’est alors qu’une voix familière la héla. Elle reconnut –ou du moins l’identifia-t-elle en retraçant son rêve une fois éveillée, le visage de son petit-ami : barbu, souriant, les yeux noisette et rieurs… Il était toutefois et curieusement affublé d’un costume de clown, chapeau pointu turlututu, pantalon patte d’eph’, chemise verte à poids blancs et, détail qui la marqua particulièrement, large fraise mauve dont les froufrous étaient prêts à engloutir son menton et ses épaules. Un panier en osier à la main, il sortait d’un rayon de farces-et-attrapes et elle put analyser parmi ses achats un coussin péteur et des pots de confiture.
« – C’est génial tout ce qu’on peut trouver ici, s’enthousiasma-t-il. Nous avons bien fait de trouver un appartement à côté. »
Elle s’entendit rire, puis tous deux se mirent à suivre des tâches au sol dont l’irisation évoquait directement de l’essence qui aurait coulé ici et là dans le magasin, dessinant un chemin à suivre qui faisait écho aux recommandations de la peluche crabe du bac à légumes.
Le carrelage blanc ne semblait jamais finir, les rayons s’enchaînaient tels les murs d’un labyrinthe, la boutique révélant ainsi toute sa superficie qu’on n’aurait aucunement supposée en la contemplant depuis l’extérieur. Les tâches irisées la menèrent finalement devant les portes coulissantes qui indiquaient la sortie, à travers laquelle elle s’engouffra alors.
Elle se retrouva assise à une table ronde dans le salon d’un petit appartement. La salle communiquait avec la cuisine, et aux fourneaux se trouvait celle qui devait lui tenir lieu de grand-mère. De la fumée s’échappait de la cuisinière sur laquelle était en train de cuire deux grandes asperges au fond d’une poêle à frire. Elle se sentit en sécurité ici, bien qu’elle doutait maintenant avoir déjà connu cet endroit. Elle s’entendit raconter à sa grand-mère combien son chat était tendre et sage ces derniers temps. Celui-ci était avachi sur la table, face à elle, et ronronnait sous ses caresses. Une sonnette brève et stridente retentit soudain. Dans un sursaut, le chat se redressa, bondit de la table et entraina dans son empressement le vase qui y était posé, lequel se fracassa au sol à son tour et déversa un torrent de billes de toutes les couleurs dont le rebond bruyant et entêtant sembla ne jamais s’arrêter. Le chat s’était métamorphosé en corneille et, dans un croassement agacé, il s’envola à travers l’issue. Sans se retourner, et toujours dans la fumée de sa cuisinière, la grand-mère commenta :
« – Il ne faudra pas le laisser partir la prochaine fois. »
Le radioréveil affichait 4:24.

 

 

Petit jeu avec les mots proposé à l'occasion par Pascale B., hors séance, hors séance


Le vieux jardinier valaisan Joseph Was était à 12 h de retour de la ville voisine : il avait livré sa production d’Iris à Sion et n’avait pas omis de rapporter à son épouse Madeleine, le sac d’un kilo de guimauves qui ne manquerait pas de se métamorphoser en glucose, essence du diabète que Madeleine cultivait tout en le tenant à distance depuis une cinquantaine d’années : l’extinction complète du sac était en général l’affaire d’une heure. Dans le couple Boule et Bille, Madeleine était Boule, en dépit d’un goût prononcé pour les asperges qu’elle ingurgitait à foison y compris en farce dans des ébauches de choux sucrés, contenant qui peinait à circonscrire le substrat diurétique. 

 

 

"Rendez-vous à 15h avec le Docteur Giroudet" de Nadine CHEVALLIER, hors séance et dans les mêmes conditions


RV à 15h avec le Docteur Giroudet

Elle a rendez-vous demain à 15h avec le Docteur Giroudet. Bien qu’elle le cache à tout son entourage, elle est inquiète.
Ce soir, elle ne veut plus y penser mais le sommeil tarde à venir.
Quand enfin, elle s’endort …

La rêveuse a sonné, la porte s’est ouverte. Personne. Elle marche dans une grande salle ensoleillée. Sur un buffet de bois clair trône un vase débordant d’iris mauves.
Trois tiroirs.
Le premier empli de billes de verre translucide où soudain les fleurs se reflètent en un flash d’irisation éblouissant. Saisie d’angoisse, elle ferme brutalement le tiroir. Ouf.
Sur celui du milieu, une étiquette jaunie indique en lettres gothiques « essence des souvenirs oubliés ». Impossible de l’ouvrir.
Le troisième offre au regard de la rêveuse un trousseau de trois clés d’argent poli, dures et froides sous les doigts, numérotées 1, 2 et 15. Les clés des songes, se dit-elle, ça peut servir. Elle les met dans sa poche. En a t-elle le droit ? Elle ne sait pas mais elle doit le faire.

Soudain saisie d’une joyeuse ivresse, elle ébauche un pas de danse, tourbillonnant autour de la table ronde, les bras écartés.
Des voix.
De l’autre côté du mur, des voix d’enfants qui jouent.
Deux portes au fond de la salle. A gauche une chambre vide. A droite, un couloir.

Marcher dans ce couloir qui se métamorphose en une cuisine spacieuse pavée de tommettes rouges. Au plafond pendent des grappes d’oignons, d’ails et de laurier. Toute une batterie de couteaux est alignée au dessus de la paillasse, près d’un évier souillé de terre. Sur la table, une botte d’asperges, des carottes et des boites de sardines à l’huile.
Une marmite sur la gazinière bouillotte doucement, exhalant des parfums de thym et de Provence, de soleil et de vacances. Pas le temps d’y goûter, les voix appellent de l’autre côté du mur.
La rêveuse poursuit son errance. La petite porte verte au fond s’ouvre avec la clé numéro 1 du trousseau. C’est une salle de bains. La baignoire déborde d’un liquide rose pâle, des gouttes de sang maculent le sol.
Vite, fermer la porte, le cœur battant, le souffle court.
Sortir de cette cuisine, retrouver le couloir. Et toujours ces voix de l’autre côté du mur. C’est une farce, se dit-elle, par où passer ?
Une porte bleue qui n’était pas là tout à l’heure, la clé numéro 2, un vaste bureau.
De néons aveuglants allumés en plein jour. La rêveuse appuie sur un interrupteur près de la porte. L’extinction des lumières la fait ciller un instant, elle n’a pas ses lunettes ! Elle les trouve dans la poche de son gilet et les posant sur son nez, elle remarque sur le sous-main du bureau, le compte-rendu qu’elle est venue chercher. Elle tend la main pour le prendre.

Une sonnerie brutale interrompt son geste...

 

 

"La parcelle des ancêtres
qui est en nous" de Régis MOULU
, animateur de l'atelier


Eau croupie d'un jour, eau croupie de toujours.
Le liquide se prenait pour du robusta.

Dans la seille du jardin,
Célestin avait laissé plonger son esprit,
la tête la première.

Narcisse des banlieues usées
qui se tenait encore droit
grâce au coffrage
que lui faisait son adoucissant textile
surdosé.
Un sarcophage à l'aloe vera,
ce qui affolait raisonnablement
quelques insectes devant se contenter, in fine,
d'un parfum de synthèse bien rêche.

Chimie invasive : tout un monde industriel
œuvrant ici, par les airs.

Casser la surface solide de l'eau
que la noirceur élevait au rang de miroir
l'obsédait,
car, de l'autre côté,
se décantait depuis fort longtemps
un modelé de boue,
triste golem dont Célestin se sentait proche,
voisin,
frère,
siamois,
clone,
double,
semblable,
un.

Être deux en un,
c'était bien cela
le but de l'expérience menée.

Et lui de changer à chaque fois de monde
au fur et à mesure que son regard
se dissolvait dans la bouillasse du récipient.

Le jardin qui l'environnait
était celui de ses grands-parents,
et même encore plus vieux !

Lotissements de rêves d'ouvriers
déjà enfermés dans leur époque d'alors,
un temps aujourd'hui échu
mais qui cherche encore à respirer
parmi nous
… les années pouvant s'étouffer d'elles-mêmes, en effet.

Une forme de politesse muette
dont le résultat s'apparente « faussement »
à ce qu'un ménage bien fait produirait, il est vrai :
une sorte de vide propre.

Dans les os du jeune homme
chantait encore sa grand-mère.

Il faut dire qu'il aimait se gironner
dans l'ancêtre
au début de chaque hiver,
lorsque les visages tournent au mauve,
comme pelés par les couteaux du froid.

Une saison, ça vous métamorphose un humain
comme une fleur flétrirait ou fleurirait,
peu importe, tant il y a toujours
un coup de théâtre à la clef.

Le petit-fils était riche de cette farce.

D'y songer le dota de sa bille enfantine,
les cheveux en fouillis
à l'instar d'un lichen folâtre.

Ses yeux étaient alors
grands comme deux fois le monde,
puisqu'on a deux yeux.

Un velouté d'asperge fumait
sur la lourde table de la salle à manger,
elle-même bornée par de lourds meubles
qui en écrasait l'espace,
les grosses poutres au plafond
y ajoutant leur barreaudage de pénitence.

Tendu d'un papier peint
se résumant à une gigantesque auréole jaunâtre,
cette pièce sentait bon la singularité.

Et cette ambiance était propice aux visions.

Combien de fois,
en fixant le vase aux tournesols desséchés,
Célestin y avait consommé
une escapade de preux aventurier !

C'est ainsi que l'enfant avait grandi,
riche d'un vécu
qu'il n'avait que rêvé.

Par conséquent, ce bambin
était fort vieux,
on supposerait, « exagérément fatigué ».

Et cette salle à manger
qu'il avait maintenant dans son dos
l'animait encore aujourd'hui… le remplissait.

Essence pure et impérissable.

L'écume, à la surface de l'eau,
lui servait à présent de crinoline.
Il s'en empara,
comme s'il eût accédé
aux stocks visibles et invisibles
du Marché Saint-Pierre, à Paris.

Évidemment, s'ébauchait déjà une rencontre :
celle d'une jeune fille romantique
que l'aspect idéal rendait
tout autant inaccessible que désirable,
très désirable.

Et il se voyait subitement
se recaper des codes de séduction
les plus délicats.
Il crut même un instant
que la galanterie l'eut choisi
comme mascotte vivante
ou, a minima, chevalier-référent.

La fierté le réinventa intégralement.

Ses ongles furent comme irisés :
il était clairement doué
de la majesté des grands fauves,
vit s'intercaler dans l'accordéon soupirant
de son cerveau au travail
l'image agitée d'un vison d'Amérique,
il répondrait alors de cette sauvagerie-là.
De ce fait, le prisé mustélidé
n'aurait, donc, jamais connu d'extinction
tant chacun saurait, en lui, le faire revivre,
rêve opérant…

Et le jouvenceau s'en trouva tout nerveux,
tout revitalisé
et très odorant, puant.
Les étourneaux le comprirent les premiers,
ce qui déclencha mécaniquement leur envol
dans un désordre électrique,
laissant présumer que Célestin
avait pu être un volcan !

L'horizon semait déjà ses ocelles d'ombres
sur les lotissements
qui faisaient du quartier
un énorme patchwork.

Un râteau dont le manche
était endormi et allongé
contre le tronc d'un lilas
dota le garçon de longs bras
lorsque son regard s'en empara.

Laisser venir en lui une sensation
lui suffisait, en effet,
pour revivre une action autrefois vécue.
Aussi, en son for intérieur,
aucune expérience passée ne mourrait.

Il se trouvait pile en face du carré de radis,
une plantation depuis bien des années
non reconduite.
Et pourtant, ne voyait-il pas
tous ces petits cochons roses
se désenfouir de la terre
lorsque son hallucination tirait sur leurs tiges ?

Traversant leur rideau de feuilles,
le gaillard avait l'impression
de plonger une main
dans une toile d'Auguste Renoir.

Des armadas de voluptés l'envahissaient
au point même où il soutint, une année,
qu'il fut une créature
enfantée par le pinceau-même
de l'homme illustre.

Ainsi venait-il d'être libéré,
et donc enfin exfiltré
de l'imagination flamboyante de l'artiste.

Cette remémoration le troubla,
le « vola à lui-même ».

Ce qui pouvait passer
pour une chance de vagabonder
s'avérait être, cette fois-ci,
un gouffre d'hébétude.

Le jeune homme était comme figé.
Circonscrit à une image.

Sa grand-mère morte depuis douze ans
le remarqua
et vint à sa rencontre.

La faïence bleue et blanche
de ses yeux
avait le pouvoir de faire voyager
n'importe qui à Lisbonne.

La vieille femme avait une peau d'étoupe.

Elle glissa sa main
dans celle de son petit-fils.

Une guirlande limitée à deux bonshommes
s'illumina dans la nuit.
Une constellation de plus.
Mais encore avec les pieds dans la terre.
Une autre forme de radis.

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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