SAMEDI 3 Juin 2006
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
" L'imagination n'est qu'une formalité "

Animation : Régis MOULU.

Auteure invitée :
Karine LEROY (conteuse)

Thème :
La foire aux tromperies

Cette séance peut devenir très drôle si l'on considère les libertés qui hanteront notre écriture. Au pays du détournement-roi seront permises les transformations de vocabulaire suivantes :

* les substitutions homonymiques & calembours

(ex : suite au bal, il ne se releva pas)
,
* les confusions
(ex : l'étoile d'araignée),
* les métaphores
(ex : "artichaut" à la place de "porte-monnaie")
* ou quelques accidents phonétiques ou "à-peu-près" (métathèses, dissimulations et agglutinations)...
(ex, respectivement : une berbis qui ouvre son pauv noeil)

Et, ces trouvailles ont ensuite été employées l'air de rien dans une histoire devant comporter les mots "bottes en caoutchouc", "liqueur", "hurler", "conception" et "moelle". Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support truffé d'exemples a été donné afin que chacun ait un trampoline pour son imagination !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "Vert - Verdi - Verdinette" d'Angeline LAUNAY

- "Réveil dans la brume" de Karine LEROY, conteuse invitée

- "Sans autre forme de procès" d'ARGOPHILHEIN

- "Allons faire un tour à la Foire aux Tromperies" d'Aurélie BOCCARA

- "Codicille" de Janine NOWAK

Figurent en lettres capitales les mots "bottes en caoutchouc", "liqueur", "hurler", "conception" et "moelle" attendus !


"Vert - Verdi - Verdinette" d'Angeline LAUNAY

Estelle et Jonas invitent à dîner :
Rose-Mine et Karim
Andy et Harry

Estelle - Aïe ! J'ai dû marcher sur une écharpe chaude ! Il ne manque plus que ça pour nous avançouiller… Je vais dans la saladouche pour m'alcooliser le pied. J'arrive tout de suitine. Cucuse-moi. Ah, ça prûle ! Je ne vais pas pouvoir ficeler mes banderilles et encore moins enfilocher mes BOTTES EN CAOUTCHOUC… je les adore… mais bien sûr, ce n'est ni-de-circon-ni-de- stances… Jonas ! Ousque t'en es ?

Jonas - Arrête de HURLER ! Je suis en train de fignolasser les salades à boire… Est-ce que je mélange la menthe avec le concombre ou les courgettes avec les spinaches ?

Estelle - Si tu baissais un peu Verdi, je ne serais pas obligée de m'espoumonner ! Pour les concombres masqués, les tatas courgettes et les tontons Popeye, fais comme tu le sens… C'est ça la cuisine familiale d'émotion !

Jonas - Peut-être mais moi, j'ai pas lu le bouquetin de Sophie Brisseau… Estelle - (apparaissant avec des tongs aux pieds) C'est quoi le bouquetin de Sophie Brisseau ?

Jonas - " La table végétale ". Comment ! Tu ne l'as pas louqueté ?

Estelle - Non, je n'ai pas louqueté le bouquetin mais je surveille la parution des livres de recettes monochromes.

Jonas - Monozygote et chromosome…Tu ne vas pas rester en Tong-frères !

Estelle - Pour l'instant, c'est tout-ce-que-je-supporte-au-pieds.

Jonas - Tout-ce-que-je-supporte-aux-pieds… Chattanooga choo choo…

Estelle - Tu crois qu'on aurait dû inviter Andy et Harry ?

Jonas - Pourquoi poque ?

Estelle - Oh, ce Harry-Peau-Rouge ! Il a une tête de patibull, il ment comme un tilleul car seuls les tilleuls-menthe c'est bien connu, et on se demande si un cœur bat dans sa vaste cage jurassique.

Jonas - Pauvre Andy… Bon, ce n'est pas le moment de tergi mais celui de verser les jus d'herbes.

Estelle - Jojo, ça cloche !

Jonas - Tu veux dire… ça sonne…

Estelle - Ben oui, t'as pas entendu ? …Et baisse Verdi !

Jonas - Je baisse, cours, vole et nous venge. (Il ouvre la porte) Bonne soirine, Rose-Mine, quel teint Célestins ! Et toi, Karim, quelle dégageure !

Karim - Eh oui et si et ouistiti ! (Il tourne sur lui-même) Plutôt Gengis Khan ou Gargantua ?

Jonas - Un peu des deux… (A Rose-Mine) Quel joli chapeau de sable sur ton chef… et tes boucs d'oreille… Ravissant !

Rose-Mine - Mer et ci, c'est gen et til. (Voyant Estelle arriver en tongs) Ah, c'est tant et danse… (Elle lui remet un cadeau. Estelle l'ouvre. C'est un toucan en bois des îles)

Estelle - Quelle merveille ! Tu m'as toucanée (offert un toucan). Me voilà touchée en plein cœur par cet emplumé qui trace des arcs au ciel… Je vais le percher sur le porte-manteau d'où il surveillera les poches dans lesquelles - comme chacun sait - d'hypocrates trésors se cachent, à moins que ne s'y réfugient des oursons...

Jonas - Il ne faut pas prendre les poissons-scie pour des termites-temps… Que le spectacle commence ! Venez donc vous vautrer dans notre nouvelle jungle…

Karim - …Des fauteuils-lianes… en mousse de polies sirènes malaxées… Ca c'est du meuble !

Estelle - Jette-toi dans ses bras ! Je te sers un jus d'herbes accompagné d'une sucette vert-pomme de chez Dalloyau. (A Rose-Mine) Tu peux essayer la balançoire pendant que je t'apporte un macaron-menthe-glaciale de chez Ladurée… Tu sais, ils se sont mis au vert eux aussi. (La sonnette retentit. Jonas va ouvrir.)

Jonas - Ah, Andy et Harry, comment allez et venez-vous ?

Andy - Toutes nos ex et nos cuses pour cette intrusion retardataire. C'est que déjà le ciel se traîne et qu'en loutre, le frigoriphérique s'est rempli comme de malentendu de satyres et de raies. J'en suis toute bleue.

Harry - Mais non… toute noire… raie au beurre noir !

Andy - N'empêche que je suis gélatinée jusqu'à la MOELLE.

Jonas - Alors, daigne entrer toute altière en pays exotique… Ici, c'est un univers à la Douanier Rousseau où le rire est roi.

Andy - Il paraît qu'il n'était pas douanier…

Jonas - Ni roux et peut-être pas si sot !

Harry - " On n'a qu'un nom mais on y tient ! "

Estelle - Je crois qu'il est temps de passer sur le plateau. J'ai disposé des micro- végétaux venus de Hollande… Oui, des bébés-plantes aux saveurs d'estragon, d'huître ou de champignon à mâcher négligemment. Attention, les pièces démontées recouvertes de mousse des bois ne se dévorent que des yeux !

Jonas - Karim, goûtes ma salade à boire au fenouil et au combawa…

Karim - Euh… le combawa, c'est ?...

Jonas - Un petit citron vert.

Harry - Ah… la " green attitude "…

Estelle - Précis et sément ! Tu sais que Fabien Foenix fait des sorbets au guacamole, basilic et pointe d'asperge ?

Harry - Aha ! " Guacamole-Condition ", " Basilic-CONCEPTION " and " Pointe d'asperge-Connexion "…

Andy - Mais qu'est-ce que tu racontes ?...

Harry - T'inquiète ! C'est un jeu de l'espiritou…

Rose-Mine - Quel dédé, quelle lili, quel caca, quelle tétesse que cette bouchée couleur gazon ! Je n'ai encore rien mangé d'aussi dédé-lili… je suis aux cieux-cieux…

Estelle - Tu verras, quand tu en viendras au saint-honoré pistache, tu seras baba !

Harry - Cool !

Andy - Tu te rappelles de cette chanson de Pétunia Clark où elle parle de pêcher le petit poisson… Ca m'évoque ma Tamise natale.

Harry - Où veux-tu en venir ?

Andy - C'est tout ce vert sur la table qui me fait penser à l'eau de London-London.

Rose-Mine - Et moi aux plantations des Comores-Comores où j'ai vécu jusqu'à l'adulescence.

Harry - Et quelle pression te produit la Seine capitale ?

Rose-Mine - Paris m'angoisse et je me trouve sous l'emprise de celui qui a dit : " L'odeur des grands autogus sous la lune vaut mieux que la pénétrante amertume des petits métros sous l'eau ".

Harry - Je regrette d'avoir laissé mon pétard en rade car je lui aurais fait la peau à celui-là… " des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous ".

Rose-Mine - C'est du roman noir !

Harry - Evidemment, c'est pas dans les tranches de romans à l'eau de rosette de Lyon qu'on peut lire des phrases percussionnantes du genre : " quand il se releva, il n'était qu'un cadavre… "

Estelle - Mais ça ne veut rien dire! Tu ferais mieux de surveiller tes mots en passant.

Harry - …C'est que je prise fort ces formules " in " et " non " signifiantes : je les note dans ma skin-molle - comprenez ma moleskine - Ca fait " polar de gare "… Ha ha, gare au polar !

Estelle - On nage en pleine série noire !

Harry - Vaut-il mieux sombrer en eaux-troubles ou ramer en auto-nomie ?

Estelle - Tu parles d'une question ! Tu voudrais nous faire croire que tu fonctionnes à l'essence des choses ?...

Jonas - Ah, pas de ça entre vous ! Tenez, j'ai gardé le gamin pour la fleur et le meilleur pour la fin…

Harry - Qu'est-ce qui clôt ?... - Une veuve Cliquot !

Jonas - Non, non, pas la veuve noire, pas l'amante, ni la religieuse mais le nectar qui vient tard, l'élixir des délires, la LIQUEUR émeraude qui rend finaude la plus essoufflée des corolles… Volubilis, ton moulin à paroles peut continuer à tournicoter !


"Réveil dans la brume" de Karine LEROY, conteuse invitée

Ce matin-là, je me suis réveillée avec une tête comme une aztèque…Des mouches celtiques dansaient dans le brouillard devant mes petits yeux à peine ouverts. Peu à peu, les souvenirs de la soirée de la veille me revenaient en gondole vénitienne…Quelle soirée ! J'avais bu comme une charogne. On y servait une sorte de liqueur acidulée rose-bonbon. C'était bon mais pervers ! Du coup, je n'avais pas arrêté de danser, de danser néphrétiquement …avec cet inconnu aux baskets jaunes !
Je me suis levée et me suis dirigée sans radar vers la cuisine. Bing, beng, bong beng patatras ! Je me suis étalée de tout mon long dans le couloir. Mes pieds venaient d'heurter pour la deuxième fois de leur vie, deux énormes baskets jaunes lâchées négligemment sur la moquette.
J'ai hurlé… de douleur, d'étonnement ou de panique, je ne sais plus. En tout cas, à ce moment-là, un homme nu comme un géant vert est sorti de ma salle de bain. Sa tête et le reste m'était complètement inconnu, mais en tant qu'intellectuelle affinée, j'en ai tout de suite déduit qu'il était le propriétaire des baskets sauf que là, il avait la MOELLE à l'air et des BOTTES EN CAOUTCHOUC…
Il m'a relevée en riant et m'a expliqué qu'en voulant prendre une douche ce matin, il y avait eu une fuite d'eau et qu'il était entrain d'éponger. Ca m'a rassurée et je l'ai trouvé craquant avec ma Spontex à la main. Par contre, il me parlait comme si on se connaissait bien, ce qui devait être le cas vu sa tenue mais impossible de me raccrocher aux wagons perdus de ma mémoire éthylique…
" Je te remercie euh mon gudule ! "
Et pour en savoir plus l'air de rien, je lui ai demandé qu'elle avait été sa CONCEPTION de cette soirée plutôt étonnante…Il m'a juste répondu que cela avait été la soirée la plus formidable de sa vie. J'ai pris ma bouche en cœur d'artichaut fleuri et j'ai répliqué le plus naturellement possible :
" Mais pour moi aussi, mon mamour… "
Je suis allée vite me faire un café, en espérant qu'il ne me pose pas trop de questions…
Je ne sais pas s'il avait fini par comprendre la situation mais le soir même, il m'a invitée au cinéma voir : " La Belle aux doigts d'or ment ". Je me sentais visée mais je n'osais pas lui avouer que la seule chose que je me souvenais de la veille d'était de la couleur de ses baskets…On a quand même passé une bonne soirée, le film était complètement nul, pire qu'une série B classée sous X. J'ai fini par l'inviter à manger des spaghettis à la Seyonara et là je lui ai tout avoué.
Il est resté un moment muet comme une taupe. Contrarié, il m'a rappelé son prénom et tout le reste…On a fini par rire comme des baleines.
C'est depuis ce jour-là que j'ai arrêté de boire et que je ne suis plus célibataire !

 

"Sans autre forme de procès" d'ARGOPHILHEIN

Sur la scène d'un caf'conç à Paris, Rimbaud sifflant une verte qui le rend gris nous chantait sa poésie :

" Elle portait des culottes,
"des bottes en caoutchouc,
"elle buvait d'la liqueur
"sur sa moto qui hurlait.
"Elle s'appelait Conception,
"v'nait d'la Sierra Leone
"et j'lui ai donné ma mœlle
"quand elle s'est foutue à poil "...

Une dame vient à passer
qui entend ce chapelet.
Vaurien, dit-elle,
où en est le respect ?

Une mouche qui se collait
sur la vitre du troquet
s'est jetée sur l'absinthe
sans autre forme de procès.

Un nounours qui dormait
dans la vitrine d'à-côté
grogna :
Donnez-moi un kit-kat
ou je vais commettre un chocolat.

Entre la vitrine et le café,
un petit ruban se déroulait
Au bout, une marmite,
qui, attendant le client, déambulait.

Le filon se profila,
la femme l'aguicha.
Il ouvrit sa mitraille
et elle le ponctionna.

Il se mit à meugler,
la péri-femelle s'est échappée,
le nounours a kit-katé,
la dame était interloquée.

La mouche, objet volant identifié,
avait la tête dans les nuages
quand le poète, sorti de son verbiage,
est allé taper le galet.

Olla, s'exclama-t-il,
que se passe-t-il ?
Et tout en sortant du bar,
il enleva son falzar.

Un poulet vint à passer,
la bonne dame s'était barrée,
le p'tit ours était planqué,
restait un faisan qui s'profilait.

Au secours, dit l'artiste, voyant le gallinacé,
j'ai rien fait.
C'est vrai, je suis un ramier,
et si je ne fais rien, je le fais bien.

A ces mots, le flic rassuré,
part à la recherche d'un forfait.
Il trouve alors un crapaud sur le sol
et l'escamote dans ses harnais,
sans autre forme de procès.

Moralité de cette histoire :

Que tu calambourdises,
que tu métaphorises,
que tu homonymises,
que tu métathèses,
que tu soies confus,
que tu dissimules ou substitues,
que tu agglutines ou désagluttines,

Trompe qui peut ! toujours

 

"Allons faire un tour à la Foire aux Tromperies" d'Aurélie BOCCARA

Allons-y pour une foire aux tromperies ! Il paraît qu'il faut faire la foire, alors faisons la foire !
Mais qu'est ce que c'est que faire la foire, c'est en fait faire la fête, tout casser, tout envoyer balader, faire la " teuf " quoi, comme disent les jeunes de banlieue, eh zy-va !!
Ca va danser, ça va " ramer ", ça va swinguer, ça va trinquer et dur même, et tout ça pour quoi, pour faire la foire, et à qui, à quoi, et ben aux tromperies "of course " (bien sûr) !
Mais c'est quoi encore ça les " trom ", " pe ", " ries ". Ils ont de ces mots les écrivains d'aujourd'hui, de la " nouvelle vague " comme on dit.
Moi, je suis peut-être un peu bête, sans doute même, mais moi je ne vois pas le rapport entre la foire, la fête quoi, et les tromperies ; le fait par exemple que mon mec couche avec une autre nana. Vous voyez le rapport vous. Oui. Alors vous êtes vraiment très, très intelligent. Vous avez sans doute fait des études, style, HEC ou " Polynicktamère ". Bref, vous êtes cultivé, vous portez des foulards Hermès, vous avez des sacs Gucci et vous mettez des BOTTES EN CAOUTCHOUC, signées Prada.

En plus de ça, à mon avis, je me trompe peut-être, ouah, ouah, j'ai utilisé le mot " trompe ", comme le prof il a dit, oh, je suis trop " bonne " enfin je veux dire " forte ". Aussi, vous devez pas boire de " rebié ", je veux dire de bière avant de " becter " mais plutôt une petite LIQUEUR. Et puis, vous, vous devez pars être le genre à HURLER après votre mec, quand il vous " emmerde ".
On n'est pas dans le même monde, on a pas le même CONCEPTION de la " life " (la vie). Oh mais ce n'est pas pour cela qu'on ne va pas s'entendre ! N'est ce pas ? Y a pas de raison !!!

On parle, on parle, mais on devait pas faire la " teuf " au départ de la story (l'histoire) ?
Parce que moi, pour ma part, j'adore la foire, toutes les foires, les foires où on s'amuse, où on danse, où on boit et mange, toujours un peu trop bien sûr, mais aussi les foires style grands marchés ou fêtes foraines. Ca je " kiffe " grave !

Sinon, moi je n'achète jamais dans une certaine foire, vous savez laquelle ? je vous la donne en mille, la foire d'empoigne. Pourquoi ? Et bien parce qu'acheter à la foire d'empoigne, cela veut dire voler, et oui, et c'est grave ça, très grave même et moi, je ne suis pas une voleuse.

Autre chose, on emploie souvent l'expression " c'est la foire ", pour désigner le fait que c'est le " bordel " (veuillez accepter mes excuses pour l'emploi, je vous l'accorde, pas très joli, de ce mot), c'est le " souk ", it's a mess (en anglais, c'est la foire), bref il y a du désordre. Or, le célèbre philosophe anglais Thomas Hobbes (" L'homme est un loup pour l'homme ") l'a dit lui-même, il n'y a pas de liberté sans désordre, sans foire. Bref, si on reprend tout et si on résume : pas de foire, pas de liberté. Et oui, Hobbes l'explique très bien : il faut le chaos, et il a fallu la Révolution française, et non une simple rébellion comme l'a cru le pauvre Louis XVI pour qu'il y ait la liberté et les fondements des droits de l'Homme en France : Liberté, Egalité, Fraternité !
On peut également rappeler qu'au XXème siècle il a fallu deux guerres mondiales, sanglantes, faisant des milliers de morts pour que naissent l'OTAN et surtout l'Union Européenne. Et on parle aujourd'hui au XXIème siècle de l'Orient, où des multitudes de guerre ont lieu, comme un des futurs pôles géopolitiques du monde.
Alors c'est peut être encore la foire, le chaos, mais bientôt, sûrement, viendront la paix et l'ordre dans cette partie du monde.

Alors finalement, la foire ce n'est pas si gai, ce n'est pas tellement la fête comme on aurait pu le penser au départ. Alors les apparences seraient-elles trompeuses ? Il n'y a pas de fumée sans feu dit le proverbe populaire.

Alors, il faudrait se déchirer, s'entretuer, se mutiler, se tromper, pour mieux s'aimer ? Qui sait ? Faut-il croire Hobbes ?
Moi, à mon petit niveau j'aurais tendance à dire oui, et même un gros OUI, car on le voit, ce sont les révolutions, les guerres qui construisent le monde et forgent l'Homme.
Tout d'un coup me vient une idée. Attention, je peux me " tromper ", et oui " tromper ", ah, ah, car je ne suis pas très forte en histoire ! Bon, bref, l'homme de Néandertal a bien frotté deux pierres l'une contre l'autre pour " fabriquer ", " former ", " travailler ", " découvrir " le feu, donc la lumière, donc le feu, la substantifique MOELLE de l'existence humaine sur terre.
Donc du chaos, de la guerre qui " opposent " ces deux pierres naît la VIE. N'est ce pas merveilleux, et même magnifique ?
De la lutte, de la confrontation naissent le droit, la liberté, le progrès, la justice même, on pourrait dire aussi la joie, la gaieté, donc la fête, donc la foire et " faire la foire ". Si on reprend le raisonnement, de la foire, naît la foire et vice versa. La langue, et la langage français sont bizarrement faits. On arrive à des bizarreries, c'est la foire quoi !

Par ailleurs, quand on parle de tromperies, pour ma part, j'avoue que je pense surtout, disons en priorité, au mensonge et au fait de " tromper " un ami proche ou pas, bref de le fourvoyer et ça pour moi ce n'est pas juste, ce n'est pas loyal. Tromper son copain, son " pot " ou son petit (e) ami (e) ce n'est pas drôle, ce n'est pas rigolo, ce n'est pas un jeu car on ne joue pas avec les sentiments des autres ! Ce n'est pas bien, ce n'est pas humain !
Alors la foire aux tromperies, donc en gros fêter la tromperie, fêter l'injustice, la traîtrise, ce n'est pas pour moi et cela ne me ressemble pas.

Enfin pour finir, Céline a écrit un jour (forcément un jour, ah, ah, on rigole !!!) : " On se trompe peut être toujours quand il s'agit de juger le cœur des autres " ; il apparaît alors vrai que " juger " et surtout si c'est " le cœur des autres " est difficile ; on peut défaillir, être " moins " au point et donc se tromper, mais dans ce cas-là on ne (se) trompera pas à tort et on ne jouera pas, ce qui est très important à mes yeux, avec les sentiments des autres.

 

"Codicille" de Janine NOWAK

" Quinze ans ! L'âge de toutes les folies, de toutes les déraisons ! Sur un coup de tête, je quittais ma famille et embarquais à Marseille comme moussaillon qui sera mangé, sur un vieux rafiot. En route pour l'Algérie de toutes ses dents !
La traversée fut pénible : je n'avais pas encore le nez marin et la mer était agitée avant de s'en servir.
Enfin, Alger la Belle … Je foulais le sol de la Casbah avec délice et là, je m'offris un savoureux et pantagruélique couscous au lard, arrosé d'une LIQUEUR de figue. L'étape suivante fut l'Afrique Noire. Ah ! Magie de ce continent mystérieux, envoûtant. Sa flore exubérante, éblouissante aux enivrants parfums reste à jamais gravée dans ma mémoire : ibiscus gominés, frangipaniers de l'épiphanie, saules pleureurs, baobabs rieurs, bananiers à collerettes, palmiers-dattiers, palmiers-calendriers, fromagers à 45% de matières grasses …
La faune était tout aussi fascinante : merveilleux oiseaux aux écailles de plumes, lions à crédit, panthères ripolinées, gnous à genoux mous, girafes à reins fuyants … La nuit venue, on entendait dans la jungle toute proche, les singes HURLER et les éléphants de chichourle, barrir.
Ebloui par la splendeur de ce pays, par ses richesses naturelles, je décidais de m'y installer quelques temps. Je quittais sans regret le navire brinquebalant et trouvais refuge auprès d'une belle jeune femme noire à qui j'avais eu l'heur (21 h 50' 28'') de plaire. Un an plus tard, ayant épuisé tous les délices de cette contrée, et malgré les supplications de ma compagne blême de désespoir, je décidais de reprendre la route. J'avais soif d'horizons nouveaux.
Après bien des péripéties, je m'installais au Groenland, comme pêcheur de phoques ( fuck ? non : phoques ; je n'insulte personne !). Dur et ingrat métier. Je partais tôt le matin, la tête chaussée d'un bonnet et les pieds encapuchonnés de BOTTES EN CAOUTCHOUC, prêt à affronter les rigueurs de cette nuit polaire, longue comme un jour sans vin. Cependant, quel bonheur lorsque j'entendais sur ces blanches étendues, le feulement du pingouin en rut ! Déjà, à cette époque, l'idée de coucher sur du papier mes souvenirs de voyages, me titillait. Aussi, je prenais continuellement des notes, recueillant avec précision mes émotions (du bois) et mes sensations (de la planche). J'étais déjà, il faut bien le reconnaître - ma modestie dut-elle en souffrir -, un grand écrivain de post-it.
Mais un jour, brutalement, le mal du pays s'empara de moi.
Je regagnais la France et me rendis directement dans le village qui m'avait vu naître. Je n'ai pas oublié le jour de mon retour (une anecdote en passant : c'était un mardi et il était 15 h). Je déambulais, nez au vent, dans les ruelles inondées de soleil, quand soudain, un glas allègre et joyeux retentit. Tiens, me dis-je, c'est jour d'enterrement.
En approchant de la maison familiale, j'entendis des pleurs, des sanglots. Damned ! J'arrivais trop tard : on portait mes parents en terre. Ils venaient de succomber tous deux à un accident gastronomique : ils avaient été curieux de découvrir ce qu'était le fameux os à MOELLE, tant vanté dans les ouvrages de cuisine. Seulement, les pauvres ignorants, ne savaient pas qu'on ne mangeait que la MOELLE, et ils étaient morts étouffés, en essayant d'ingurgiter l'os. Paix à leurs cendres !
Triste et désemparé, deux jours plus tard, je reprenais ma vie errante. Pendant un temps, je devins cuistot à bord d'un bateau-mouche sillonnant le Lac Léman. Ma spécialité était la truite au bleu de Schubert. J'étais aussi l'auteur d'un fameux cocktail que j'avais baptisé " Faut-y vous l'envelopper ? ", composé d'un quart de champagne, d'un quart de Cointreau, d'un quart de jus de goyave et d'un quart d'eau de Seltz déshydratée.
Mais très vite, je me lassais de cette vie trop bien réglée. Une fois de plus, je fis mon baluchon et m'engageais dans la Légion Etrangère où je subis six mois d'entraînement intensif : trampoline en béton armé, corde à nœud gordien … "

- Pierre : " trampoline en béton armé, corde à nœud gordien " ! Mais je rêve ! Je n'en peux plus moi ! Et puis j'ai faim. J'arrête.
- Chloé : Tu as raison, c'est l'heure du repas. Faisons une pause.
- Pierre : Tu te rends compte ! Nous n'en sommes qu'à la vingt-septième page et il en reste cent quarante huit. On n'y arrivera jamais, jamais, jamais. Je craquerai avant !
- Chloé : Mais non, ne sois pas défaitiste. C'est les vacances et nous n'avons que cela à faire. Allez, détends-toi. Et puis la maison vaut bien que l'on fasse cet effort.
- Pierre : Je dois l'admettre : la maison de ton oncle est magnifique, mais ses souvenirs de voyages, quelle horreur !
- Chloé : Que veux-tu ? C'est la condition expresse pour que nous héritions : lire cette autobiographie d'une CONCEPTION bien particulière.
- Pierre : Il était malin le Tonton Vincent ! Avoir truffé son récit de 167 jeux de mots douteux et nous imposer leur recherche afin que nous puissions en fournir la liste au notaire. Il était ainsi assuré que nous lirions vraiment ses mémoires.
- Chloé : J'espère que tu as bien tout souligné, page par page ?
- Pierre : T'inquiète ; plutôt deux fois qu'une ! Mais pour l'instant, je n'en comptabilise que trente deux.
- Chloé : Bon, je me mets à la cuisine. Je n'en ai pas pour longtemps. Débouche, s'il te plait, le rosé de Tavel. Mais avant, passe-moi le rappeur.
- Pierre : Le rappeur ? Ah bon … Tu veux qui ? N.T.M. ? M.C. Solaar ou Akhénaton ?
- Chloé (hilare) : Mais non, je ne veux pas écouter un chanteur de Rap. Le rappeur … (elle épèle) : r.a.p.p.e.u.r. (Pierre ouvre de grands yeux) … l'instrument pour rapper les carottes !
- Pierre : Le rappeur ! Décidemment, c'est maladif dans ta famille les jeux de mots tordus ! Comme si ceux de ton oncle ne suffisaient pas ! Pffuuu … On ne dit pas un rappeur, mais une râpe et cela s'écrit avec un seul p, comme le verbe dont le mot est issu.
- Chloé : Bouh, que tu es conformiste ! Allez, arrête d'insulter ma famille et passe la moi, ta r â p e !

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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