SAMEDI
3 Juin 2006
dans le cadre du cycle Animation : Régis MOULU. Auteure
invitée :
Thème : |
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- "Vert - Verdi - Verdinette" d'Angeline LAUNAY - "Réveil dans la brume" de Karine LEROY, conteuse invitée - "Sans autre forme de procès" d'ARGOPHILHEIN - "Allons faire un tour à la Foire aux Tromperies" d'Aurélie BOCCARA - "Codicille" de Janine NOWAK Figurent en lettres capitales les mots "bottes en caoutchouc", "liqueur", "hurler", "conception" et "moelle" attendus !
Estelle et Jonas invitent à dîner : Estelle - Aïe ! J'ai dû marcher sur une écharpe chaude ! Il ne manque plus que ça pour nous avançouiller… Je vais dans la saladouche pour m'alcooliser le pied. J'arrive tout de suitine. Cucuse-moi. Ah, ça prûle ! Je ne vais pas pouvoir ficeler mes banderilles et encore moins enfilocher mes BOTTES EN CAOUTCHOUC… je les adore… mais bien sûr, ce n'est ni-de-circon-ni-de- stances… Jonas ! Ousque t'en es ? Jonas - Arrête de HURLER ! Je suis en train de fignolasser les salades à boire… Est-ce que je mélange la menthe avec le concombre ou les courgettes avec les spinaches ? Estelle - Si tu baissais un peu Verdi, je ne serais pas obligée de m'espoumonner ! Pour les concombres masqués, les tatas courgettes et les tontons Popeye, fais comme tu le sens… C'est ça la cuisine familiale d'émotion ! Jonas - Peut-être mais moi, j'ai pas lu le bouquetin de Sophie Brisseau… Estelle - (apparaissant avec des tongs aux pieds) C'est quoi le bouquetin de Sophie Brisseau ? Jonas - " La table végétale ". Comment ! Tu ne l'as pas louqueté ? Estelle - Non, je n'ai pas louqueté le bouquetin mais je surveille la parution des livres de recettes monochromes. Jonas - Monozygote et chromosome…Tu ne vas pas rester en Tong-frères ! Estelle - Pour l'instant, c'est tout-ce-que-je-supporte-au-pieds. Jonas - Tout-ce-que-je-supporte-aux-pieds… Chattanooga choo choo… Estelle - Tu crois qu'on aurait dû inviter Andy et Harry ? Jonas - Pourquoi poque ? Estelle - Oh, ce Harry-Peau-Rouge ! Il a une tête de patibull, il ment comme un tilleul car seuls les tilleuls-menthe c'est bien connu, et on se demande si un cœur bat dans sa vaste cage jurassique. Jonas - Pauvre Andy… Bon, ce n'est pas le moment de tergi mais celui de verser les jus d'herbes. Estelle - Jojo, ça cloche ! Jonas - Tu veux dire… ça sonne… Estelle - Ben oui, t'as pas entendu ? …Et baisse Verdi ! Jonas - Je baisse, cours, vole et nous venge. (Il ouvre la porte) Bonne soirine, Rose-Mine, quel teint Célestins ! Et toi, Karim, quelle dégageure ! Karim - Eh oui et si et ouistiti ! (Il tourne sur lui-même) Plutôt Gengis Khan ou Gargantua ? Jonas - Un peu des deux… (A Rose-Mine) Quel joli chapeau de sable sur ton chef… et tes boucs d'oreille… Ravissant ! Rose-Mine - Mer et ci, c'est gen et til. (Voyant Estelle arriver en tongs) Ah, c'est tant et danse… (Elle lui remet un cadeau. Estelle l'ouvre. C'est un toucan en bois des îles) Estelle - Quelle merveille ! Tu m'as toucanée (offert un toucan). Me voilà touchée en plein cœur par cet emplumé qui trace des arcs au ciel… Je vais le percher sur le porte-manteau d'où il surveillera les poches dans lesquelles - comme chacun sait - d'hypocrates trésors se cachent, à moins que ne s'y réfugient des oursons... Jonas - Il ne faut pas prendre les poissons-scie pour des termites-temps… Que le spectacle commence ! Venez donc vous vautrer dans notre nouvelle jungle… Karim - …Des fauteuils-lianes… en mousse de polies sirènes malaxées… Ca c'est du meuble ! Estelle - Jette-toi dans ses bras ! Je te sers un jus d'herbes accompagné d'une sucette vert-pomme de chez Dalloyau. (A Rose-Mine) Tu peux essayer la balançoire pendant que je t'apporte un macaron-menthe-glaciale de chez Ladurée… Tu sais, ils se sont mis au vert eux aussi. (La sonnette retentit. Jonas va ouvrir.) Jonas - Ah, Andy et Harry, comment allez et venez-vous ? Andy - Toutes nos ex et nos cuses pour cette intrusion retardataire. C'est que déjà le ciel se traîne et qu'en loutre, le frigoriphérique s'est rempli comme de malentendu de satyres et de raies. J'en suis toute bleue. Harry - Mais non… toute noire… raie au beurre noir ! Andy - N'empêche que je suis gélatinée jusqu'à la MOELLE. Jonas - Alors, daigne entrer toute altière en pays exotique… Ici, c'est un univers à la Douanier Rousseau où le rire est roi. Andy - Il paraît qu'il n'était pas douanier… Jonas - Ni roux et peut-être pas si sot ! Harry - " On n'a qu'un nom mais on y tient ! " Estelle - Je crois qu'il est temps de passer sur le plateau. J'ai disposé des micro- végétaux venus de Hollande… Oui, des bébés-plantes aux saveurs d'estragon, d'huître ou de champignon à mâcher négligemment. Attention, les pièces démontées recouvertes de mousse des bois ne se dévorent que des yeux ! Jonas - Karim, goûtes ma salade à boire au fenouil et au combawa… Karim - Euh… le combawa, c'est ?... Jonas - Un petit citron vert. Harry - Ah… la " green attitude "… Estelle - Précis et sément ! Tu sais que Fabien Foenix fait des sorbets au guacamole, basilic et pointe d'asperge ? Harry - Aha ! " Guacamole-Condition ", " Basilic-CONCEPTION " and " Pointe d'asperge-Connexion "… Andy - Mais qu'est-ce que tu racontes ?... Harry - T'inquiète ! C'est un jeu de l'espiritou… Rose-Mine - Quel dédé, quelle lili, quel caca, quelle tétesse que cette bouchée couleur gazon ! Je n'ai encore rien mangé d'aussi dédé-lili… je suis aux cieux-cieux… Estelle - Tu verras, quand tu en viendras au saint-honoré pistache, tu seras baba ! Harry - Cool ! Andy - Tu te rappelles de cette chanson de Pétunia Clark où elle parle de pêcher le petit poisson… Ca m'évoque ma Tamise natale. Harry - Où veux-tu en venir ? Andy - C'est tout ce vert sur la table qui me fait penser à l'eau de London-London. Rose-Mine - Et moi aux plantations des Comores-Comores où j'ai vécu jusqu'à l'adulescence. Harry - Et quelle pression te produit la Seine capitale ? Rose-Mine - Paris m'angoisse et je me trouve sous l'emprise de celui qui a dit : " L'odeur des grands autogus sous la lune vaut mieux que la pénétrante amertume des petits métros sous l'eau ". Harry - Je regrette d'avoir laissé mon pétard en rade car je lui aurais fait la peau à celui-là… " des p'tits trous, des p'tits trous, toujours des p'tits trous ". Rose-Mine - C'est du roman noir ! Harry - Evidemment, c'est pas dans les tranches de romans à l'eau de rosette de Lyon qu'on peut lire des phrases percussionnantes du genre : " quand il se releva, il n'était qu'un cadavre… " Estelle - Mais ça ne veut rien dire! Tu ferais mieux de surveiller tes mots en passant. Harry - …C'est que je prise fort ces formules " in " et " non " signifiantes : je les note dans ma skin-molle - comprenez ma moleskine - Ca fait " polar de gare "… Ha ha, gare au polar ! Estelle - On nage en pleine série noire ! Harry - Vaut-il mieux sombrer en eaux-troubles ou ramer en auto-nomie ? Estelle - Tu parles d'une question ! Tu voudrais nous faire croire que tu fonctionnes à l'essence des choses ?... Jonas - Ah, pas de ça entre vous ! Tenez, j'ai gardé le gamin pour la fleur et le meilleur pour la fin… Harry - Qu'est-ce qui clôt ?... - Une veuve Cliquot ! Jonas - Non, non, pas la veuve noire, pas l'amante, ni la religieuse mais le nectar qui vient tard, l'élixir des délires, la LIQUEUR émeraude qui rend finaude la plus essoufflée des corolles… Volubilis, ton moulin à paroles peut continuer à tournicoter !
"Réveil dans la brume" de Karine LEROY, conteuse invitée Ce matin-là, je me suis réveillée avec une tête comme
une aztèque…Des mouches celtiques dansaient dans le brouillard devant
mes petits yeux à peine ouverts. Peu à peu, les souvenirs de la soirée
de la veille me revenaient en gondole vénitienne…Quelle soirée ! J'avais
bu comme une charogne. On y servait une sorte de liqueur acidulée rose-bonbon.
C'était bon mais pervers ! Du coup, je n'avais pas arrêté de danser,
de danser néphrétiquement …avec cet inconnu aux baskets jaunes !
"Sans autre forme de procès" d'ARGOPHILHEIN Sur la scène d'un caf'conç à Paris, Rimbaud sifflant une verte qui le rend gris nous chantait sa poésie : " Elle portait des culottes, Une dame vient à passer Une mouche qui se collait Un nounours qui dormait Entre la vitrine et le café, Le filon se profila, Il se mit à meugler, La mouche, objet volant identifié, Olla, s'exclama-t-il, Un poulet vint à passer, Au secours, dit l'artiste, voyant le gallinacé, A ces mots, le flic rassuré, Moralité de cette histoire : Que tu calambourdises, Trompe qui peut ! toujours
"Allons faire un tour à la Foire aux Tromperies" d'Aurélie BOCCARA Allons-y pour une foire aux tromperies ! Il paraît qu'il
faut faire la foire, alors faisons la foire ! En plus de ça, à mon avis, je me trompe peut-être, ouah,
ouah, j'ai utilisé le mot " trompe ", comme le prof il a dit, oh, je
suis trop " bonne " enfin je veux dire " forte ". Aussi, vous devez
pas boire de " rebié ", je veux dire de bière avant de " becter " mais
plutôt une petite LIQUEUR. Et puis, vous, vous devez pars être le genre
à HURLER après votre mec, quand il vous " emmerde ". On parle, on parle, mais on devait pas faire la " teuf
" au départ de la story (l'histoire) ? Sinon, moi je n'achète jamais dans une certaine foire, vous savez laquelle ? je vous la donne en mille, la foire d'empoigne. Pourquoi ? Et bien parce qu'acheter à la foire d'empoigne, cela veut dire voler, et oui, et c'est grave ça, très grave même et moi, je ne suis pas une voleuse. Autre chose, on emploie souvent l'expression " c'est la
foire ", pour désigner le fait que c'est le " bordel " (veuillez accepter
mes excuses pour l'emploi, je vous l'accorde, pas très joli, de ce mot),
c'est le " souk ", it's a mess (en anglais, c'est la foire), bref il
y a du désordre. Or, le célèbre philosophe anglais Thomas Hobbes ("
L'homme est un loup pour l'homme ") l'a dit lui-même, il n'y a pas de
liberté sans désordre, sans foire. Bref, si on reprend tout et si on
résume : pas de foire, pas de liberté. Et oui, Hobbes l'explique très
bien : il faut le chaos, et il a fallu la Révolution française, et non
une simple rébellion comme l'a cru le pauvre Louis XVI pour qu'il y
ait la liberté et les fondements des droits de l'Homme en France : Liberté,
Egalité, Fraternité ! Alors finalement, la foire ce n'est pas si gai, ce n'est pas tellement la fête comme on aurait pu le penser au départ. Alors les apparences seraient-elles trompeuses ? Il n'y a pas de fumée sans feu dit le proverbe populaire. Alors, il faudrait se déchirer, s'entretuer, se mutiler,
se tromper, pour mieux s'aimer ? Qui sait ? Faut-il croire Hobbes ?
Par ailleurs, quand on parle de tromperies, pour ma part,
j'avoue que je pense surtout, disons en priorité, au mensonge et au
fait de " tromper " un ami proche ou pas, bref de le fourvoyer et ça
pour moi ce n'est pas juste, ce n'est pas loyal. Tromper son copain,
son " pot " ou son petit (e) ami (e) ce n'est pas drôle, ce n'est pas
rigolo, ce n'est pas un jeu car on ne joue pas avec les sentiments des
autres ! Ce n'est pas bien, ce n'est pas humain ! Enfin pour finir, Céline a écrit un jour (forcément un jour, ah, ah, on rigole !!!) : " On se trompe peut être toujours quand il s'agit de juger le cœur des autres " ; il apparaît alors vrai que " juger " et surtout si c'est " le cœur des autres " est difficile ; on peut défaillir, être " moins " au point et donc se tromper, mais dans ce cas-là on ne (se) trompera pas à tort et on ne jouera pas, ce qui est très important à mes yeux, avec les sentiments des autres.
"Codicille" de Janine NOWAK " Quinze ans ! L'âge de toutes les folies, de toutes les
déraisons ! Sur un coup de tête, je quittais ma famille et embarquais
à Marseille comme moussaillon qui sera mangé, sur un vieux rafiot. En
route pour l'Algérie de toutes ses dents ! - Pierre : " trampoline en béton armé, corde à
nœud gordien " ! Mais je rêve ! Je n'en peux plus moi ! Et puis j'ai
faim. J'arrête. |
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Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet ! |