C'est avec plaisir et volonté de partage que ce texte se retrouve accessible. Mais avant toute représentation, il est conseillé de demander à l'auteur son autorisation et, selon les enjeux, de s'informer sur les droits d'auteurs envisageables (utiliser le menu "contact").

 

Une femme, Marilou, combat son désarroi personnel qui, semble-t-il, a commencé depuis un certain temps. Mais s'ajoute à cela une nouvelle épreuve : le moment des explications définitives avec son compagnon Hippolyte qui cherche à prendre la fuite. Cette rencontre difficile finit bien évidemment par tourner aux règlements de compte...

 

 

Claude-Hélène Cordonny et Michel Theveny, Rencontres Jeux Thèmes - Arcueil, oct. 2000 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Claude-Hélène Cordonny et Michel Theveny, Rencontres Jeux Thèmes - Arcueil, oct. 2000 - mise en scène Régis Moulu (coll. privée)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retourner en haut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Retourner en haut

 

 

 

 

 

 

 

 

 

... Et, devant tant d'infortune Marilou optera alors pour un élan suicidaire : celui de supprimer par indigestion.

 

Extraits de...

La Troisième Main - L'Autre

Approche 3 : J'aurai l'expérience de parler le dernier.

 

Contexte de pauvreté totale même si Hippolyte est très beau. Après un temps tendu :

Marilou. - Où vas-tu repartir ?

(Pesant silence)

Marilou. - Tu ne réponds plus ?

(Silence)

Marilou. - S'IL TE PLAIT DIS-MOI AU MOINS QUELQUE CHOSE DE CRUEL, JE T'EN SUPPLIE VITE !

(Petit silence)

Hippolyte. - Si tu pouvais t'imaginer Marilou comment c'est beau de parler le dernier. C'est presque du silence. Et moi qui aimerais tant y arriver ! Y penses-tu parfois ? Pas mal, non ?

Marilou. - Je ne comprends pas Hippolyte... Et je ne te comprends plus non plus ! S'il te plaît, gifle-moi !

Hippolyte. - Ne serait-ce là qu'une question d'émotion Marilou ? Un coup de sang ? Qui sait ? Ça passe !

Marilou. - Pour moi tu es devenu flou Hippolyte, COMPLETEMENT FLOU ! D'ailleurs mon amie Marie-Pomme me l'a dit aussi. C'est une vraie copine ! Tu deviens con.

Hippolyte. - Mais pourquoi faut-il toujours qu'il y ait une actrice, Marilou, y compris cette fois-ci alors qu'on touche maintenant au coeur de la gravité ! Tu tournes mal Marilou.

Marilou. - Hippolyte !

Hippolyte. - Tu m'appelles ou tu te rappelles ? Rien ou rien ?

Marilou. - Tu as changé Hippolyte. Avec moi tes mots sont nouveaux, tes gestes moins précis. C'est plus comme avant, plus comme au début. Même avec ton corps. Tu ne me regardes plus non plus, alors que moi je suis là, bien là, là et lasse, aussi malheureuse que malaxée, et ô combien mal acceptée par tous par toi... Quand tu ne ma regardes plus je meurs !

Hippolyte. - Et toi tu me regardes trop, Marilouve, tu en deviens rien !

Marilou. - ARRETE HIPPOLYTE ! Il faut toujours que tu me parles comme mon suicide et comme à chaque fois, sans jamais écouter ce que disent mes bras ! Tout ça finira mal Hippolyte ! Il faut me croire ! Mais regarde-moi quand je te dis ça ! REGARDE-MOI ! J'ai une rage de larmes forte comme une rage de dents, et n'importe qui pourrait dire que ça va valser !

Hippolyte. - Tu sais, je ne t'en veux pas, on est nombreux. Et avec toujours plus de questions ! A toi !

Marilou. - Je ne comprends rien. Il n'y a que des cornichons dans le vinaigre. Et le plus écoeurant dans tout ça, c'est bien de voir à quel point je t'ai tout donné. Et je l'ai même fait jusqu'au sang, jusqu'à l'os et même jusqu'à la couleur de mes yeux perdue à jamais tellement j'ai pu te regarder et tellement j'ai pleuré face à tous tes silences, ces fameux silences d'apocalypse qui glaceraient la moelle de n'importe quel coeur. ET CE FUT LE MIEN ! Pauvre de moi, MALEDICTION ! ME VERRA-T-ON PERDUE ? Chez moi depuis ma mère dans ma famille, on est toutes maudites ! Toi tu m'a eu comme tu m'as usé, jusqu'à aujourd'hui où tu me jettes. Je suis pillée Hippolyte, perdue. Et jamais, plus jamais je retrouverai pareille jeunesse ; je te l'ai entièrement donné ! Adieu ! ADIEU ! ET VOILA DONC QUE JE ME CONSUME SANS BUCHER ! - Mais m'écoutes-tu Hippolyte, toi le monstre qui n'a jamais éprouvé les moindres remords, m'écoutes-tu au moins?

Hippolyte. - Oui bizarrement... bien qu'il n'y ait plus rien à deviner !

Marilou. - Alors comment ne vois-tu pas qu'il va falloir désormais faire très très attention à moi ta petite femme ! A moins que tu veuilles le regretter... SURTOUT MAINTENANT QUE JE SUIS DEVENUE LA FRAGILITE QUE TU VOULAIS !

Hippolyte. - Mais pourquoi fais-tu systématiquement l'actrice dès qu'il s'agit de réfléchir un peu ? Tout ça ne colle pas Marilouve, penses-y, je m'éloigne encore plus ! ... c'est trop fort.

Marilou. - CHUT ! Je t'aime. (Silence) Hé, beau garçon, as-tu seulement entendu que la voix suave et sucrée d'une jeune et jolie femme venait de révéler son amour pour toi ? N'en vibres-tu pas ? Et ne sens-tu pas que l'ensemble de ton sang tape à toutes tes portes, pressé par on ne sait quoi ?! On s'aime !

Hippolyte. - (confondu avec les paroles de Marilou qui vont succéder) Convenance de sirène... il faut dire que tout ça t'arrange drôlement : tu en deviendrais presque séduisante Marilouve... pour ne pas dire quasiment une femme ! Mais désolé Marilouve, désolé, avec moi c'est jouer ou savoir aimer !

Marilou. - (n'écoutant plus Hippolyte, parlant en même temps que sa réplique précédente) Alors ne me lâche pas ! ... et saute moi dessus !

Marilou. - Bon, eh bien si c'est comme ça, alors battons-nous ! Tu es un homme, non ?

Hippolyte. - (en égrenant les soutiens-gorge comme s'ils étaient un chapelet) Et désolé disais-je à nouveau et désolé lui répétais-je encore une fois avec distance et avec les mots, car je n'y voyais là aucun risque, aucune nudité, juste de la trompe à l'instar des cors qui sonnent creux, quand bien même elle y avait mis l'aveu de ses prochaines infractions ! Car elles y étaient, car elles y sont ! Provocations tu provoques l'action Marilou, au revoir !

Marilou. - JE T'AIME ! JE T'AIME !

Hippolyte. - Voilà, maintenant tout y est pour qu'on puisse enfin se quitter. Alors adieu, adieu et... en te remerciant encore de m'avoir fait connaître tant de choses sur moi et sur ce que je ne voulais pas. Adieu ! Et souhaitons-nous seulement bon vent. (Hippolyte commence à ôter des habits)

Marilou. - Oh, quel gâchis Hippolyte. Quel gâchis ! Oh, et si seulement je pouvais m'arrêter là, tout me fait trop mal ! Tu es déjà là Marilou ?

 

 

Approche 4 : Le jeu des sosies.

 

Marilou. - Et tout ça parce qu'on s'est trop aimé !

Hippolyte. - (continuant à se dévêtir) Surtout toi !

Marilou. - J'en pleurerais, c'est trop bête !

Hippolyte. - Surtout toi.

Marilou. - Oh comme c'est injuste que je sois encore la seule à le payer. Je préférerais tant que tout ne soit qu'un cauchemar ! Et voilà que je m'en prends encore plein la gueule ! Mais pourquoi est-ce toujours moi qui aime le plus ? Et pourquoi est-ce encore moi qui me fais avoir ? La vérité, c'est que tu n'es pas à la hauteur, pauvre lopette, comme une voiture sans chauffeur. Et tu profites même que le bon dieu n'existe pas, car s'il avait existé, sale ordure, saches qu'il t'aurait déjà fait payé tout ce que tu me dois, vu tout ce que je t'ai donné !

Hippolyte. - Mais y avait-il seulement un peu de toi-même ?

Pour lui avoir donné les habits ôtés et les soutiens-gorge, Marilou en reste touchée un instant...

Hippolyte. - Excuse-moi !

Marilou. - Ecoute bien ! " D'où je viens ? D'où je viens maman pleure... (elle remobilise alors avec empressement son violon tandis qu'Hippolyte l'accompagnera par un chant de plus en plus resserré ; Marilou, en un souffle : ) D'où je viens ? D'où je viens maman pleure ma bouche est une plaie la première par laquelle j'ai crié, depuis je ne sais plus me taire, un bateau sombre et je n'en reviens pas, pas à pas ça ne va plus je ne pense qu'à l'oublier tous mes rêves sont sabotés aussi mes draps s'en souviennent et je me dois de les laver comme pour chasser tous ces curieux fantômes qui se sont prêtés ". Sales idées sale idée, et je n'en reviens pas je ne pense qu'à l'oublier, et je n'en reviens pas je ne pense qu'à l'oublier, à l'oublier, à l'oublier, à l'oublier.

Hippolyte. - Arrête donc de divaguer Marilou ! On connaît ta musique : je n'ai même plus envie de danser ! Accepte plutôt ta réalité, car la réalité c'est que tu l'évites.

Marilou. - Normal, hypocrite ! Puisque tu as saboté chacun de mes rêves avec tes beaux discours d'homme qui sait tout ! Salaud, je t'aurai ! T'en as toujours voulu qu'à mes voûtes !

Hippolyte. - C'est pourquoi Marilouve le chien qu'on a dit qu'on te commanderait arrivera demain !

Marilou. - C'est quoi, ça ?

Hippolyte. - Voilà (il met alors une chasuble et allume une bougie) cette décision est prise !

Marilou. - Oh non, pas demain, pas déjà, je ne savais pas que tu étais aussi sérieux, et puis tu peux quand même pas faire ça avant... avant de me laisser une dernière chance, juste une petite chance... une chance de quelques jours ! Sois sûr qu'ils compteront pour moi comme des années ! Allez fais-moi plaisir... pour mon coeur ! ... et pour tout le sang qui y passe !

Hippolyte. - Tu verras : tu l'aimeras rapidement à la folie ! Et même plus vite que pour moi. Car lui, il sera entièrement à toi et seulement pour toi ! Ce chien est un sacrifice, Marilou, en temps normal quelques secondes de silence s'imposeraient, mais là... Te rappelles-tu seulement de sa photo ? Ne vois-tu pas déjà ses grands poils blancs qui font si propres, propres comme un drap, et ses grandes oreilles prêtes à se dresser pour t'écouter, n'écouter que toi et ta fourchette qui lui donnerez à manger, et puis sa grande gueule qui ne fonctionnera que pour te lécher ou vous lécher juste lui et toi comme si vous aviez encore à vous manger, et puis... et puis enfin sa grande queue, une grande queue qui te fera faire, je l'espère, de sérieux progrès en imagination ! (Il rit) Surtout toi Marilou !

Marilou. - Hypocrite ! Je te préviens que dès que tu seras parti, je te tuerai !

Hippolyte. - C'est curieux mais tu le préfères déjà ! C'est impossible ! Me trompes-je ?

Marilou. - Ou donne-moi seulement toute l'attention que je mérite et on sera quitte !

Hippolyte. - Car à chaque fois que tu parles, tu te parles, comme si tu t'entraînais à te passer de moi ! Peut-être ne verras-tu pas d'ailleurs le moment où je partirai ? Car je devrais déjà être parti Marilouve ! Et je devrai même accélérer.

Marilou. - Tu es mon drame. En fin de compte, tu ne m'auras jamais donné quelque chose qui te coûte vraiment ! Folle que je suis de pouvoir penser que ça puisse commencer ! Et dire qu'il a fallu te voir aujourd'hui pour que je m'en rende compte ! Eh oui parce que je t'aimais, je ne me suis jamais permis de le penser ! Ah, c'est sûr qu'il y a de quoi s'en vouloir ! Pour rien au monde j'aimerais être à ta place ! Néanmoins, il est encore possible de racheter : donne-moi seulement l'adresse d'un de tes si bons copains, comme ça je pourrai tout t'oublier ! Et adieu aussi le chien !

Hippolyte. - Impossible ma chérie, tous mes copains sont comme moi : Ils ne te voudront pas ! C'est pour ça d'ailleurs qu'ils sont mes copains, réfléchis !

Marilou. - Et pourquoi n'aurais-je pas le droit moi aussi de découcher avec eux, pour ne pas dire coucher ! A moins que là encore ils soient tous comme toi, tous pédés !

Hippolyte. - Le jour où tu écriras tout ce que tu dis dans ton journal intime, surtout publie-le, ça nous fera bien rire entre deux matchs !

Marilou. - Non. Je ne le ferai jamais de ton vivant, je ne voudrais pas qu'on se moque de toi ! Mais vous ne pourrez jamais vous aimer assez pour avoir des enfants ! Le sais-tu, ? tu entends, pauvre pomme !

Hippolyte. - Parce que tu crois que c'est dans ton trou que je veux finir ma vie ! Mais c'est trop tard Marilouve, je ne m'y commettrai plus jamais !

Marilou. - (elle se marre) Oui, trop tard Hippolyte ! Tu n'as effectivement plus le choix : je suis enceinte. Tu m'as salie-saillie-souillée : j'ai mal, je suis malade. Oh diable ! et dire que dans mon corps j'ai laisser grandir un enfant de salaud ! (Elle s'agite alors "danrageusement" sur les lieux, prête à sangloter)

Hippolyte. - Je crois que la vie va enfin devenir belle pour nous deux !

Marilou. - Oh pardon amour, pardon ! Il fallait seulement que tu le saches avant de partir, alors maintenant pars, pars... et garde tout ce qui reste à dire pour mon avocat afin que l'enfant ne subisse pas les conséquences de tout ça ! Dehors !

Hippolyte. - Et pourtant, qu'est-ce qu'on a pu rire ensemble ! Adieu Marilouve (Il souffle la bougie). Adieu. Et n'oublie pas l'arrivée du chien, tu sauras l'accueillir !

Marilou. - Espèce de lâche ! Lâche ! Lâche, lèche, laisse-moi et prends la porte !

 

 

Approche 5 : The hamburger attack.

 

Marilou. - (comme parlant au ciel, sans téléphone) Allô ? Hot Dog Factory ? ... Hello Mister ! ... Voilà, je vous invite à me mettre à table. Ne discutez pas c'est une commande ! ... Oui une commande ! Alors livrez-moi à la seconde mille milliards de vos boules de pain je le veux et je l'exige ! ... Oui, mille milliards... Non non je n'ai pas de carte de fidélité et mon mari encore moins, d'ailleurs je viens juste de le mettre dehors vous vous rendez compte ! Oh bien sûr on ne se connaît pas, mais croyez-moi, c'est mieux comme ça. De toute façon depuis que je vous parle, je vais même très bien voire même très très bien ou même dix fois très bien ! Vous savez cher monsieur ce qu'est le bonheur ? ... Non monsieur, puisque je vous dis que je réglerai votre compte à la maison, et puisque je vous invite venez vite, coquin ! (Hystérique) ET NE TRAINEZ PAS SURTOUT PAS ! ... C'est vrai, on ne sait jamais ce qui peut arriver d'ici là !

Tanguy arrive de suite. Ce jeune homme, teint hâlé et les cheveux en casquette entrera précipitamment et à l'américaine (rôle endossé par l'acteur qui joue Hippolyte).

[...]

Contacter l'auteur

Retour page des Pièces

Retour Biographie