SAMEDI 13 mars 2010
de 14h00 à 19h00

dans le cadre du cycle
" JEux d'écriTUre "

Animation : Régis MOULU

Auteur invité :
Claudine VUILLERMET, dramaturge

Thème :

Une comédienne qui fait écrire !


Pour cette séance, le projet a consisté à faire venir une comédienne, Caroline NARDI-GILLETTA. Elle a joué devant nous (avec intériorité, c'est-à-dire sans paroles ni mime) une histoire qui se déroulait dans sa tête ; cette dernière lui a généré des émotions que nous avons tenté de capter et de retranscrire !

Et ainsi a été stimulée notre capacité à laisser jaillir des émotions comme si notre main n'était qu'une courroie de transmission !

Pour stimuler et renforcer l'écriture et les idées de chacun, un support qui expose toutes les façons de mieux solliciter ses ressentis a été distribué... Cool, non ?!

 





 

REMARQUE : Devant son succès, cette séance inédite, qui a été rebaptisée "Des écrivants inspirés par ressentis et émotions", peut être reconduite dans des bibliothèques, pour des associations, des organismes, des entreprises...
Cliquez sur notre proposition
emotions.pdf



Ci-après quelques textes produits durant la séance, notamment (dans l'ordre):

- "La cabine d'essayage" de Céline CORNAYRE

- "L'oiseau qui grandit en moi" de Régis MOULU

- "Mon sac" d'Angeline LAUNAY

- "Il ne viendra pas" d'Anne-Marie PETTRé

- "Première permission de parc à Sainte-Anne" de Janine NOWAK

- "Emotion !" de Marie-Odile GUIGNON


la comédienne Caroline NARDI-GILLETTA (coll. Janine NOWAK)


la comédienne Caroline NARDI-GILLETTA (coll. Janine NOWAK)


"La cabine d'essayage" de Céline CORNAYRE

Je suis contente. Je suis assise. Je suis seule mais je me sens toute envahie de douceur. Je m'encravate. Je pense à lui, alors j'essaie des cravates. Je suis jeune. La cabine est grande et j'ai tout mon temps. Peut être trop. Sûrement de trop.
Alors je pense et je me reviens instamment vers mon sac. Vers ma vie. Vers moi. Je me regarde par la luette de ma poudrière. Et j'ai peur.
Alors je me redresse. Je reprends contenance, je reprends pied. Mes pieds sont froids. Ils touchent le carrelage sans garde-fou, sans airbag. Je retrouve mes chaussures. Je suis sur pieds, je suis remise. Je suis inquiète. J'oscille. Je me sens pendule et mon coq a disparu.
La pendule, c'est moi. C'est mon corps. Pas mon âme, mais mon corps. Pas mon âme, non.
Je lutte. J'ose, je n'ose pas. Peu importe, je lutte. La musique force mon éveil et mon éveil ravive mon inquiétude. Cette peur que j'aie de moi. Non parce que j'essaie désespérément de faire rentrer du 36 dans du 42. Non.
Je me sens insipide. Je me déçois. Je frotte ce bracelet de montre qui n'arrête pas de faire tic et tac. Et mon cœur fait toc. Et cela me fait sourire ! Et toc ! Et quand mon âme montre ses dents, c'est tout mon corps qui s'en ressent. Je deviens vibration. Je deviens caresse.
Comme il est doux d'aimer. Et d'être aimée.
Comme il serait doux d'aimer. Et d'être aimée.
Comme il aurait pu être doux d'…
La pendule revient. Pas celle du magasin, la mienne. Cela m'attriste. Cela me bouleverse tant que je m'en recroqueville dans mon sac. Suis-je bête ! Non, vraiment ce sac ne me protègera pas ! J'ose. Je me sens toute émue. La chaleur de ses doigts sur mon visage m'envahit. Je suis caresse, je suis tendresse.
Et le temps passe et je reviens vers mon sac. Je suis la lune, il est la mer. Impossible de lui résister. Je n'y croyais pas. J'y crois. J'en pleure.
Il me faut quelque chose, un accessoire. Je fouille. Je suis fébrile. Mon coucou intérieur déraisonne jusqu'à ce qu'enfin, je trouve. Je m'orne et je ne me sens pas vache qui rit, je me sens jolie. Ces boucles d'oreille ajoutent à mon charme et j'en suis heureuse.
Je me transporte dans ses bras, j'ouvre les miens. Je suis éventail, je suis jeu de cartes entre ses mains, je suis…
Pendule.
Lourde.
Lourdée.
J'attends. La pendule attend toujours. Et le coq est dans l'assiette. Je retourne à mon sac et je me contemple. Moi, MOA. Je me dégoûte, je me fais mal. Mes glandes lacrymales suent la nausée. Je vieillis de 10 ans.
Au moins.
Alors je pense et je panse. Alors, je suis. J'attrape le remords entre mes dents. Je serre mon sac. Et je me redresse. Et c'est passé. Léo Ferré ne s'était donc pas trompé.
Je m'étonne moi-même.
Et qu'il est doux de s'étonner. De se prendre et de se laisser prendre. Décalquée, dos contre mur, je m'en assois.
Sur le cul, baba, finie, foutue !
C'est toujours la même histoire, je suis une pendule. Je vais, je viens, je vais, je viens, je vais, je viens Et je me souviens…
Je laisse tomber le sac. Enfin.
Je m'ouvre, je m'éventaille, je me casino, je suis l'as de cœur. J'aime.
Je ne me regarde plus. Je le regarde. L'autre.
J'enfourche mon sac, remet l'écharpe et le manteau. Je m'orne. Et je sors. Je m'enfuis de la cabine, j'ai tout essayé.
Le banc public m'attend. Comme il attend toujours les gens qui un jour se sont dit : " je t'aime ".
Je ne suis plus pendule, je suis un entre deux. J'ai vieillis de 20 ans mais je me sens sereine parce que j'ai connu l'instant. Je ferme les yeux. Je peux.



"L'oiseau qui grandit en moi" de Régis MOULU

Quand le doute me revient, ça me prend au cou, c'est si fort que ça me siphonne, ça me perdra, je dois me battre sinon je perds tout, dans ce monde qui transforme chaque chose qui vit.

S'il pleut, je serai une plante, du moment que je voyage que je tombe sur un hasard qui aura la forme de quelqu'un, une personne qui me fera voyager, il le faut, pour tout oublier et tout découvrir à la fois…

C'est fou comme le désir gronde en moi, me mélange, m'organise !

Faites, mon Dieu, que je sois chaque jour redimensionnée, je le souhaite, je veux que le regard d'un homme vienne se poser sur moi, ce seront des yeux qui me feront m'asseoir près de lui, comme ça, pour la vie, " je suis si heureuse " m'entendrais-je lui dire tendrement, en ôtant une chaussure comme on prend un bateau, un bateau en partance pour une destination de rêve, mon rêve !

Et parce que, désormais, je cours moins vite que mon inquiétude, voilà à nouveau que j'hésite, que je suis fragile et tout aussi cassable, alors
" j'y vais ", " je n'y vais pas ",
" est-ce mieux ici, est-ce moins bien plus loin ? " ou l'inverse,
oh non, et toujours ce doute qui me plaque au mur, qui fait de moi une bouteille de vinaigre de vin, qui vieillit ma peau sous une robe que j'ai choisi ajustée.

A observer mes mains, j'y vois des gants mais ce sont mes mains, je vais mal finir, incontestablement.
Je suis dans des bras de l'inquiétude au lieu d'être dans les bras de quelqu'un, l'angoisse me reprend, m'aspire, m'emporte, me transporte, où vais-je ?

Moi, je veux connaître le bonheur qui grandit en soi comme un oiseau, comme un oiseau, j'ai peur, j'ai des peurs qui m'aplatissent, fouiller dans mon sac, c'est tout ce qu'il me reste à faire, voyez comme l'impuissance m'essore, me paralyse, tiens, voilà les belles boucles d'oreille que j'aime, le temps de parler et c'est déjà mis, viens,
ô viens vers moi Grand Contentement,
je ne suis pas folle, je me déplie, je suis dans une suspension,
je me sens heureuse comme quand je danse, presque intimidante, quasiment autour d'un feu, et, sans y réfléchir, j'agite mes cheveux, ma mémoire, bien que toujours inquiète comme me le rappelle ma pauvre main qui parcourt frénétiquement l'anse de mon sac croyant tenir là un chapelet,

que faire, que faire,

je dandine de douleur et je suis sûre que ça se voit, je déverserais bien,là, maintenant, si je ne me retenais pas, tout ce que j'ai appris depuis que je suis née, mais j'hésite, par peur que la bascule soit définitive,

j'aimerais encore avoir la force de me vérifier,
suis-je prête, suis-je assez concrète, suis-je correctement incarnée, car c'est important pour moi de savoir exactement comme je suis,

je m'horrifie, m'agace, j'étouffe, me trouve élargie, à chaque fois c'est un choc qui me tasse, toujours davantage, je suis toujours plus plate sur le sol, de plus en plus fatiguée, je ne me suis jamais sentie autant en face de mon passé, si assiégée par toutes les couleurs que j'ai croisées,

je pense surtout à conserver ma droiture d'être humain, aimer au moins cette idée, je n'en puis plus, le moment est cruel, je vais exploser, je le sais, ça se fera,

le ciel a une de ces hauteurs aujourd'hui qu'il m'a bel et bien vissée dans la terre,

et dire que la félicité a fait de moi, autrefois, son lièvre bondissant, un rêve, j'ai même connu la joie de me retrouver totalement dans mon corps, c'est véridique, et d'être intégralement ses mouvements, je vous jure que j'ai vécu entièrement rassemblée,
oui, j'ai connu cette extase, je me sentais somme disponible au Monde,
j'étais vraie de vraie,
mais ce lièvre qui devrait encore sommeiller en moi,
que fait-il, j'ai besoin de lui,

c'est une angoisse ce resserrement que je vis, vite, mon sac, que je mette mon foulard blanc, que je parte m'installer sur mon banc, dans mon parc,
que j'aille faire de moi un "i" assis parmi les "l" que sont les arbres.

Puis,
là-bas
je me mettrai à converser avec l'Univers

et je frémirai secrètement à l'idée qu'un inconnu vienne me voir,

il viendra surtout constater que je cherche encore à m'épanouir.

Car de toutes mes forces, je rêve d'être quelqu'un,
quelqu'un de simple, de doux et de malicieux,
quelqu'un de majestueux, qui soit aussi complet que profond...

Puis-je aussi vous avouer que j'aimerais que vous soyez heureux et nullement gênés de vous être arrêtés pour me regarder !

 

"Mon sac" d'Angeline LAUNAY

Je souris
Je m'interroge
Soudain l'imprévu
Comment ne pas rire
Autour des hanches, attachons une ceinture de cravates
Pas mal
Un, deux, trois, quatre
Voyons, combien ?
Encore un sourire mais cette fois avec une lueur étrange dans les yeux
Je porte la main à l'estomac
Je regarde par la fenêtre
J'hésite
Surprise, oh surprise
C'est ample, je n'en reviens pas
Que m'arrive-t-il ?
Ces chaussures, il faut les mettre
Mon sac
Quelle heure est-il ?
Ça va aller
Enfin, pas tant que ça
Oh et puis si
C'est embarrassant
Je ne sais que penser, que faire
Il faut que je me calme
Bon je vais me laisser aller
Enlever ma montre
Pas moyen de l'enlever
Une musique arrive de nulle part
Elle coule sur ma tête, mes épaules
Je flâne, je plane
Apesanteur, bonheur
C'est comme si je dansais
Des images font la ronde
Le silence revient
Mes yeux clignotent
Dans mon sac je vais trouver une réponse
Mais non
Encore ma montre
Encore le temps
Je déploie mes ailes
Je me dis que décidément dans mon sac
Mais toujours non
Bon, s'asseoir
C'est hilarant
Enlevons nos chaussures
Remettons-les
Levons-nous
Tiens, je marche sur le mur avec mes doigts
J'ai dû oublier quelque chose dans mon sac
J'y plonge la main
Elle en sort congestionnée
Et ça me fait rire
Je me sens décontenancée
Une chanson me revient à la mémoire
Me donne envie de danser
Tout va bien
Et puis rien ne va plus
J'ai vraiment peur
Que se passe-t-il ?
Il faut que j'enlève cette montre
C'est incroyable
Je sens le vent
Le paysage défile
Comme le matin, avant le petit déjeuner
Je m'éveille à la journée
Le plafond scintille
Me voilà dans un grand dénuement
M'asseoir par terre et pleurer
Forcément pour quelque chose
Mon sac
Il en sort une joie
Suis-je présentable ?
Parce que j'ai entendu des pas
Mais que fait-il ?
Veut-il me surprendre ?
Va-t-il me caresser le visage ?
Passer du rire aux pleurs
Je ne comprends pas
Je n'ai pas voulu ça
Désespoir, oui désespoir
Ça y est Je l'ai trouvée dans mon sac
Cette paire de boucles d'oreilles
Il me les avait offertes
Les porter me fait danser
Ça me rappelle
On était si bien
Tout me revient
Même ce qu'il ne faudrait pas
Mais chassons tout ce gris pour la couleur du plaisir
Nous avions dansé Il m'avait murmuré des promesses à l'oreille
Où est-il aujourd'hui ?
Je suis là avec mon sac à regrets sur les genoux
Faut-il en faire un plat ?
Un plat de lentilles grossissantes
Mon petit miroir me dit
Tout ça n'est que mirages
Je n'arrive pas à y croire
Je ne me sens pas bien
J'étouffe
On m'a empoisonnée
Je perds tout contrôle
Je titube, fixe le vague, cours vers la vague
Mon sac reste ouvert tel une bouche muette
La nausée me reprend
Mais je vais m'en sortir
Quelle histoire
Mais quelle idiote
Il ne faudrait peut-être pas me prendre pour une idiote
Tout ça n'a aucun sens
S'asseoir
Reprendre ses esprits
Après tout, il y a autre chose là-bas, derrière la fenêtre
Se laisser attirer vers l'inconnu
Tout ça n'en valait-il pas la peine ?
Quand même…
C'est grotesque, risible, moche
Je deviens folle
La montre
La fenêtre
La musique qui s'insinue
Le plafond qui s'éloigne de moi
Il va venir
Je l'attends
Je caresse l'air avec ma main
L'autre main serre la bouée de sauvetage
Mon sac
Me détendre les nerfs
Je joue à cache-cache
Trouvera, trouvera pas
Qui es-tu donc ?
J'aperçois quelque chose ou quelqu'un
Oh, tout s'explique soudain
Je crois que j'y vois clair
C'est affreux
S'asseoir, il faut s'asseoir
Comment me sortir de là ?
Quelle folie
C'était si bien quand j'y pense
C'est ce qu'il m'est arrivé de mieux, pas vrai ?
Je n'ai pourtant rien inventé
On a tellement ri, tellement rêvé
Tu étais si enveloppant, si fort
Que reste-t-il ?
Ma pauvre fille, tu passes ton temps à fouiller dans ton sac
Ta boule de cristal
Tu y cherches ton chemin
Pour quel voyage, quel destin
Je repars à la chasse à l'espoir
Je suis la femme aux bas "nuit noire"
Au regard perçant
A l'inspiration cosmique
Qui me veut ?
Qui me danse ?
Et l'horizon répond
Vite mon sac, mon écharpe, mon imper
Je file
Un banc, le ciel, l'air frais
Je suis juste là
Assise
A humer l'air
A sentir les choses
Pas plus mal
Pas pire
Peut-être qu'il fait froid
Peut-être qu'il fait joie
Peut-être que la vie me laisse là sur un banc en bois
J'attends ou je n'attends pas
Mon sac à côté de moi.

 

"Il ne viendra pas" d'Anne-Marie PETTRé


Je rentre à la maison, j'allume la radio et me prépare. L'horloge sonne, je compte : 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7. Ah ! NON ! 7 heures.
Je me regarde dans la glace et pense que je ne suis pas mal habillée, ma ceinture m'affine, hum ! pas mal la fille. J'avance le long de la baie vitrée, quelqu'un me regarde, j'hésite, j'attends, va-t-il me reconnaître ?. Oh ! il m'a vu ! que dois-je faire ? AAAH ! c'est le laveur de carreau qui était venu la dernière fois laver mes vitres. Dans l'excitation, j'oublie de mettre mes chaussures. Je cherche dans mon sac le nom de la personne avec qui j'ai rendez-vous, son nom m'échappe, l'angoisse me reprend. Je traverse l'appartement, essaie d'oublier ce laveur de carreau, j'ai peur, j'ai envie de pleurer, je ne sais plus quoi faire, je panique. J'augmente le son de la radio et vais m'allonger pour me détendre et attendre calmement qu'il vienne me chercher.
Il est 9 heures, toujours personne. Je suis prête, j'ai pensé à mettre mes bijoux et ma montre. Je suis plus détendue après ce petit somme. Je refouille dans mon sac, me rassoie, retire mes chaussures, les remets, elles me font mal aux pieds, je retraverse l'appartement, mais que cherches-tu ? Je cherche la bague qu'il m'a offerte. Elle n'est pas dans le sac, je ne la trouve pas. Vite, vite, il va arriver et je ne l'aurais pas. J'étouffe, de l'air, j'ouvre la fenêtre et respire HUMM ! HA ! l'odeur du printemps, cette odeur particulière du printemps fraîche, douce comme la nature, m'envahit et je me sens bien.
Mais qu'est-ce que j'aperçois sur le pont ?. Une voiture, elle s'avance, s'avance très vite, très vite de plus en plus vite dans la direction de l'appartement, est-ce lui, va-t-il s'arrêter ? Il va vite, vite de plus en plus vite. Non, non, la voiture est passée, ce n'était pas lui, calme toi, ne te laisse pas envahir par des idées noires, reprends toi, il va venir te chercher comme convenu, repose toi, vide ta tête, ne pleure pas, il va arriver. Je finis de m'apprêter et écoute les bruits dans l'escalier. Ma peau est douce, je n'ai pas tant de rides.
10 heures. Mon sac, j'avais mis un papier avec l'heure à laquelle il devait venir me chercher : 9 heures, il est 10 heures. Non il ne viendra pas, encore une fois je me suis fait des illusions. Je suis nulle, je n'ai plus que mes yeux pour pleurer. Je fouille dans le sac et enfin retrouve les boucles d'oreilles qu'il m'avait offert à notre premier rendez-vous. Je les mets et danse devant le miroir en repensant à cette soirée où nous avions dansé toute la nuit, mais ce n'est qu'un souvenir.
Il ne viendra pas. Je regarde à nouveau par la fenêtre et lis le mot qu'il m'avait écrit. Je me trouve belle, bien coiffée, souriante, il me le dira sûrement. Assieds toi à la porte et attends, non ne pleure pas, attends, regarde les gens passer dans la rue, fais toi confiance, essaie de faire le vide dans ta tête, il va ARRIVER !
Je stresse à nouveau, oui j'ai toujours du rouge à lèvres et ça ne se voit pas que j'ai pleuré. J'écoute, l'angoisse monte, je sens mauvais, j'ai froid, je transpire, j'ai mal au coeur, la gastro d'hier revient, je ne peux plus rester à attendre, que vais-je faire ?. C'est comme si j'étais sur une plage allongée, ne pouvant plus bouger et les vagues me recouvrent, la mer monte, j'avance à petits pas dans la mer et me laisse submerger. Je pleure, il ne viendra pas. Les convulsions reprennent, j'ai mal au coeur, je vais vomir (bien sûr que tu ne peux pas vomir tu n'as rien mangé depuis deux jours). Je sens une goutte sur mon front, à la fenêtre, je reçois des embruns, j'ai un peu froid.
Attendre, attendre...Ah ! mais c'est la fête dans la rue, oui c'est carnaval, les gens défilent, déguisés, et moi qui suis toujours là à attendre.
Oh ! mais calme toi, repose toi, fais toi confiance, il va venir.
Où ai-je mis mes clés ? J'entends quelqu'un monter dans les escaliers, c'est peut-être lui, il monte, il monte, je reconnais son pas, il monte de plus en plus vite, ses pas se rapprochent, j'ai peur. Je me cache dans le couloir pour pleurer et qu'il ne me voit pas. J'attends, les bruits ont cessé et je me suis fait encore des idées, c'était le voisin qui rentrait chez lui. Je retourne à la fenêtre respirer l'odeur du printemps, j'entends le ressac de la mer. Il est 11 heures. Je mets mon manteau et vite sors dehors attendre sur le banc en face de la maison. Est-ce lui que j'aperçois au loin ? Non. Tu es bête. Mais non, pense à des choses gaies, pense aux histoires que tu inventais quand petite tu attendais l'autobus pour aller au cours de danse. Il faisait froid, tu regardais à gauche, à droite puis face à toi et tu essayais de ne plus bouger, même pas un cil pour te transformer en statue.
Il est 11 heures 30 à ma montre. Il ne viendra pas.



"Première permission de parc à Sainte-Anne" de Janine NOWAK


Par quoi terminer ma toilette aujourd'hui ? Il faut mettre un accessoire gentillet. Ceci m'est recommandé. C'est bon pour le moral m'a-t-on dit. Rester féminine, coquette, sexy. Ne pas se laisser aller, surtout.
Voilà un large ceinturon qui devrait faire l'affaire. Un coup d'œil au miroir… Parfait. Mon vêtement tombe bien et ce petit complément arrange ma silhouette, met ma taille fine en valeur, dissimulant mes hanches que je trouve un peu larges (à tort, parait-il). Voici comment de ses faiblesses, on fait des qualités. Quelle chance d'être bien " roulée " ! Tout me va. Il suffit d'avoir un peu de goût, s'avoir s'arranger et le tour est joué : je suis presque un top model !
Serais-je narcissique ? Sans doute que oui : j'aime bien me regarder ; évoluer devant les glaces est pour moi une jouissance.
Bon, les pieds, à présent. Cet escarpin est très seyant. Adopté. Le second s'impose. Me voici fin prête.
Fin prête ? Ah non, il manque encore… Où les ai-je laissées ? Ah, dans mon sac, sans doute. Fouillons… Ah, voilà ! Hé non, ce n'est pas ça. Etrange. Etrange et même angoissant. Qu'en ai-je fait ? Ouh, je déteste ne pas trouver ce que je cherche, d'autant plus quand ce sont des objets de valeur. Où sont-elles ? Cela m'oppresse. Je ne vais pas faire ma crise d'asthme, quand même ? Un rien en déclenche une. C'est comme pour l'urticaire. Tiens, il suffit d'en parler : c'est parti : j'ai le poignet gauche qui me démange, là sous la montre.
Bon, du calme. Détends-toi, ma fille. Ferme les yeux. Imagine-toi à ta séance de musicothérapie. Garde les yeux fermés, balance toi doucement, lève et remue les bras gracieusement, imagine que tu es un oiseau qui s'envole. Tu l'as assez consulté ce thérapeute pour savoir recréer sans lui, les mouvements qui conviennent.
Ah, je commence à ressentir un mieux. Très efficace ce petit instant de décontraction. Toutefois, ceci ne règle pas mon problème : bon sang, il faut quand même que je les retrouve. Mon sac, vite, je n'ai pas dû bien explorer ! Non, décidemment, je ne vois rien. C'est fou comme la moindre contrariété me perturbe ; et voilà, çà recommence : je me gratouille le poignet. Relax, non de non !
Je suis pourtant sûre qu'elles ne peuvent pas être ailleurs, je dois mal chercher. J'y retourne. Hé non, non et non : rien à faire. Grrrr !
Bon. Essayons de penser à autre chose. Je vais m'installer confortablement.
Ces souliers sont ravissants, mais neufs ; ils me serrent, me blessent un peu. Allez hop : je les enlève pour me soulager un instant ; cinq minutes, pas plus, sinon ce ne serait pas correct. Il faut à tout prix éviter le négligé. C'est impératif. Le délai est écoulé et il est temps de me rechausser.
Ca me turlupine le fait de ne pas trouver ce que je cherche. Il faut que je recommence mon inspection : hélas, toujours rien dans ce satané sac. Ah c'est décidemment contrariant, et du coup je me sens mal. Je suis oppressée, j'ai l'impression de manquer d'air. Il est urgent de reprendre la thérapie. Appliquons une autre leçon : savoir faire face à l'adversité et rire de ses ennuis. Plus facile à dire qu'à réaliser. Enfin, essayons. D'abord, sourire et même, si on peut, rire. Voilà, je ris. Les massages à présent, sur le corps, comme des caresses, me recommande mon spécialiste. Basculer la tête, la faire tourner doucement ; les mains palpent toujours, le corps est souple comme une liane, dansant ; le visage détendu. La bouche sourit largement. Les bras s'envolent en de larges gestes.
Ah que c'est difficile ! J'ai beau faire, ma boule d'angoisse persiste, remonte à la gorge. C'est sans espoir. Et encore ces démangeaisons au poignet.
Je lutte et c'est épuisant. Me voici accroupie, à présent. J'ai du mal à me dominer. " Vous devez prendre sur vous, arriver toute seule à vaincre cette anxiété qui empoisonne votre existence ". Voici le précepte. J'ai beau m'entraîner à respirer calmement, posément, le nez enfoncé dans les mains en cas de crise pour ne pas inhaler trop d'oxygène, j'ai beau me forcer, m'imposer des contraintes, il faut en convenir : je suis encore trop vulnérable et je n'arrive pas à me dominer.
Ce sac m'obsède. Je m'acharne dessus. Je l'ai déjà inventorié quatre fois, sans résultat. Pourtant, quelque chose me dit que c'est là ! Non, toujours rien. Tu deviens folle, ma pauvre fille. Retourne vite à tes exercices. Histoire de changer un peu, je vais me regarder. J'ai constaté que dès que je me scrute dans un miroir, je me sens revivre et oublie ce qui m'entoure. J'ai du plaisir à me détailler. Il me reste au moins celui-là, de plaisir. Car ma vie n'est pas simple, en ce moment.
Allez, reprenons les " devoirs à la maison " : la main gauche se pose à plat sur la joue gauche. Elle suit le contour du visage, arrive sur la joue droite. La main tourne, les doigts se plient et c'est un poing délicat qui revient sur la joue gauche. Doucement, de plus en plus doucement, comme une caresse de l'être aimé (dixit mon thérapeute !).
Mon sac, vite ! Rien ! Ah je suis vraiment malade ! Comment on appelle ça déjà ? Ah oui : des tocs ! C'est déprimant, désespérant ! J'en chialerais. Quand vais-je m'en sortir ? Ce n'est plus vivre que de vivre ainsi. J'ai le cœur gris, je suis déphasée. Je pleure vingt fois par jour. Je n'arrive pas à me secouer, à me libérer de ces tourments. J'ai mal. J'ai mal à l'âme et ce mal gagne mon corps. J'ai mal aux bras, j'ai mal aux jambes. J'ai mal au visage. J'ai mal partout.
Ah si je les retrouvais au moins ! Mon sac… Non…rien …non… Et pourtant ? Victoire ! En voilà une… une boucle d'oreille, coincée dans mon portefeuille. Vite je la mets. L'autre, à présent… elle est là aussi ! Mais quel bonheur enfin… quel bonheur !
Danser. Dans les moments d'allégresse, le Docteur Windisch me conseille de danser, de valser, de tourbillonner, de m'imaginer être entre les bras de mon amant, de m'étourdir dans la danse, dans l'amour. De faire ainsi provision de joie.
Quelle volupté ! Le corps en mouvement allège mon esprit, le libère de ses idées noires. Tourne, tourne, virevolte, valse. Sois le Bolchoï à toi toute seule !
Ah, je me sens bien, détendue, reposée, comme après l'amour.
Toujours terminer la séance par une série de massages et de caresses. Ne rien oublier, pas une seule parcelle du corps : épaules, bras, torse, cou, ventre, jambes et pour terminer, les cheveux, longuement.
Hélas, le répit aura été bref. Voici les picotements qui me reprennent, signe avant-coureur de nouveaux malaises. Dans ces moments là, je me sens toute étourdie. Il faut que je m'assois. C'est désespérant : j'étais si bien, il y a un instant. Comme après une étreinte, me disais-je. Voilà justement ce à quoi je ne devrais pas penser. L'amour, ici…
Mon sac ! Ah, il est sur mes genoux. Je prends mon petit miroir à main et admire ma beauté. Admire, admire toi, vieille branche. Si tu continues à te torturer ainsi, ta fraîcheur ne va pas tarder à s'évaporer et tu vas devoir en plus, être obligée de te maquiller comme une voiture volée.
Ah, j'étouffe carrément. La crise est imminente ; elle gagne du terrain, me tord l'estomac. J'ai des nausées. Je n'en peux plus. C'est trop dur la vie. Je vais vomir. Il faut que j'aille vomir. Mais je dois me mettre debout et c'est difficile. Il le faut pourtant. C'est une impérieuse nécessité.
Ah, je suis quand même arrivée à me redresser. Je suis mieux ainsi. Mais j'ai les jambes lourdes et l'impression d'avancer dans un marécage ; cependant, la nausée s'atténue.
Je dois me calmer. Je vais m'auto-hypnotiser - si j'y arrive -. Ca marche, quelquefois. Chance, j'y parviens, mais c'est épuisant et je vais devoir me rasseoir. Je me sens encore un peu barbouillée et toute fiévreuse ; oui, mon front est couvert de sueur. Mais bon, l'un dans l'autre, cet épisode douloureux s'apaise. Peu à peu, mes tourments diminuent. Je suis capable de me lever sans trop de difficulté.
Allez, Narcisse, va t'admirer un coup. Ah tu es belle, ébouriffée comme un oiseau qui vient de naître !
Mais bonne nouvelle : cette fois-ci, j'ai la conviction d'avoir vraiment surmonté cet intolérable mal ; je ressens un vrai relâchement, bien que mes muscles soient encore tendus comme des arcs. Je vais m'asseoir pour effectuer quelques exercices d'assouplissement. Je dresse ma tête bien haut puis je la redescends dans les épaules ; je caresse mes cheveux. Et toujours, bien ouvrir la bouche en un éclatant sourire. Oh que c'est bon, que c'est bon. J'en grogne tout haut de satisfaction. C'est euphorisant. Petit test : fermer les yeux et tendre la main ; gagné ! Elle ne tremble pas. Je me sens enfin décontractée et je savoure totalement cet instant de repos. Me voilà confortablement installée sur cette chaise, sereine, bien adossée, alors que d'habitude je me pose sur le bord du siège, tel un oiseau prêt à s'envoler à la moindre alerte. Et puis j'ose remuer, modifier ma position, m'asseoir en biais, croiser les jambes.
J'ai l'impression d'être toute neuve. Ce n'est plus moi. Je suis aussi changeante qu'un ciel Breton !
Ah, mon sac. Et pourquoi je l'ouvre, celui-là ! Incorrigible manie !
Allez, debout. Impeccable : je me tiens bien droit. Finis les vertiges. Ça me gratte encore un peu au poignet. Une habitude à perdre, aussi.
Je vais marcher doucement, prudemment, pour voir comment je me comporte. Ce n'est pas encore idéal ; je reste fragile, quand même. C'est bien normal, car je viens d'être soumise à de si rudes épreuves ! Alors, comment retrouver cette insouciance qui me donnait une démarche si aérienne, presque immatérielle, qui faisait mon charme ?
Me voici, avec mon sac à la main. Hé bien NON, JE NE L'OUVRIRAI PAS. Je m'assois pour souffler un court instant. Et à présent, debout ma fille, remue, gigote. Quel plaisir de se sentir le corps dégagé. Ils ont raisons, les toubibs : ils recommandent de bouger. C'est la seule recette. Lever les bras, faire des gestes, imiter les sémaphores, et puis surtout se forcer à sourire, à sourire large, presque à rire. Pousser des soupirs de satisfactions, des petits gémissements de bien-être.
Comme je me sens légère tout à coup, aérienne, plus forte, moins vulnérable, libérée.
Mon sac ; non, je n'ai rien à faire avec. Mais si, après tout, je dois l'emporter, car aujourd'hui, grande première pour moi : j'ai un bon m'autorisant à sortir dans le parc de l'établissement. Je sais qu'il existe une cafétéria et j'ai l'intention de m'y rendre pour m'offrir un petit café. C'est un premier pas vers une vie ( presque ) normale. Donc je le saisis ce fameux sac, et je l'ouvre dans un but précis : je sors mon foulard qui se trouve à l'intérieur et je noue celui-ci autour de mon cou. Mon manteau, à présent, car il fait frisquet. Et sans plus tarder, me voici dehors.
L'air me soûle (forcément, après quelques jours de claustration, on perd vite l'habitude). Il fait bon, dans ce parc boisé. J'avise un banc. Je m'y assois. Je regarde posément autour de moi. J'écoute le chant des oiseaux. Je suis bien, si calme, si détendue. J'ai envie de sourire, mais tout naturellement cette fois, " pour de vrai ", sans me forcer, rien que pour moi, pour marquer mon réel plaisir. Je viens de remporter une grande victoire sur moi-même et j'en suis fière.

 

"Emotion !" de Marie-Odile GUIGNON


Et... Que le spectacle commence !
A la fois dans le dehors ! Et..... A la fois dans le dedans... !

Je suis les yeux :
Les yeux qui lisent, les yeux qui parlent, les yeux qui bougent, les yeux qui racontent, les yeux qui savent, les yeux qui ressentent car...
Je suis le regard :
Le bleu de la peur, le rouge de la colère, le gris de l'angoisse, le jaune du rire, l'or du sourire, le blanc de l'étonnement qui m'écarquille...
Je suis le corps :
Le corps qui se pare. J'assemble mon torse qui respire, mon ventre qui s'habille avec mes membres :
En haut mes bras :
Mes bras longs s'étirent et enlacent pour que mes mains farfouillent dans le sac et caressent, effleurent, se crispent ,s'écartent, elles racontent leur inquiétude, leur énervement, leur désarroi et... parfois s'en lavent !
En bas mes jambes :
Elles me déplacent, m'assoient, chaussent mes pieds pour être dans leurs petits souliers quand elles s'effarouchent ou veulent se changer les idées...Pour les idées :
Je suis la tête :
Elle tourne sans cesse, elle visite l'atmosphère, les univers proches et lointains, à la limite de l'horizon et c'est elle qui prend les décisions. Elle s'y connaît en démonstration...

- Le rideau se lève -

Acte 1
Le corps attend dans l'éventualité d'une peur et en même temps la tête pense à quelque chose de très agréable... Et puis, les yeux deviennent humides, le regard se charge de peine et subitement les jambes bougent, s'élancent comme une fontaine, qui, à peine née, l'évacue dans un rêve musical.
Les bras se cernent d'une douce tiédeur et nagent, submergés de vague à l'âme. Le réveil brutal du regard fixe le corps en tension dans une sorte d'impatience et les bras s'en vont à la suite des mains : dans le sac !
Elles aiment le sac, ça les occupent, c'est un lieu de communication ce sac. Il a le don de faire respirer fort le buste, de favoriser l'envol des bras, de répondre aux questions de la tête, de rassurer par des réponses : Il fait disparaître l'incertitude et fait renaître la satisfaction.

Acte 2
Les pieds ont hésité avec les chaussures. Le corps s'est assis, levé, déplacé...
La tête calcule... Voyons fiction ou réalité ? Le regard cause avec les mains ne sachant que choisir.
C'est le corps qui décide : il bouge, glisse, ondule de joie et de bien-être. Attention, changement ! Il commande au buste l'essoufflement, la douleur, la souffrance presque...
Non ! La musique extérieure arrive entre calme et agitation, elle illustre un monde qui transporte ou qui écrase, qui inquiète et qui étonne, qui finalement déçoit et peine...

Acte 3
Vérifier : - Le corps entier - La tête - Les yeux avec le regard - Pour être rassuré et avoir de la joie - Pour se trouver bien - Pour séduire - Pour plaire - Et l'attente arrive, insoutenable, c'est trop vaste...
S'installe le contraste intérieur de la surprise de comprendre sans savoir, le sentiment d'être accueilli germe pour goûter le plaisir et s'en souvenir.
Des rires, des sourires... Des pleurs...

Acte 4
Les mains fouillent dans le sac encore et encore...
Le corps de beauté, de séduction, danse gaiement dans ses souliers de cendrillon avec le prince si charmant qui comble d'émotions...
Mais la tête se raidit, toujours elle pour décider du temps de la réflexion en compagnie du regard et des mains. Les mains elles, c'est pour saisir le bonheur ! Le bonheur lui, c'est pour s'évader avec, bien dans sa peau d'âne, les cheveux dans le vent, à l'instant du conte.

Acte 5
La tête a mal, les yeux s'essorent des larmes du corps qui gémit... Le sac, le sac, le sac, les mains cherchent dedans tâtent et retâtent... Tout est dans le soi-même, l'obscurité, l'éblouissement, l'étouffement, le hoquet... Mais la musique revient avec sa mélodie envoûtante comme un havre de trêve dans la bousculade des épreuves.

Acte 6
Tiens voilà de la matérialité :
Un mur ! C'est utile pour afficher les blessures, les dégoûts, les rancœurs... Voici une chaise ! pour s'asseoir, un lieu où il fait bon évoquer les souvenirs et inventer des stratégies, un endroit pour contempler la mémoire dans le creux de sa main, un support pour en sourire et s'étonner de son imagination en respirant fort toujours plus fort dans le ressenti...

Acte 7
Le bras d'un coté s'agrippe au geste de contact du bracelet de l'autre bras, ce n'est pas la première fois, parce que la tête le rappelle aux pensées en même temps que la musique qui s'immisce pour l'histoire incroyable d'une évocation qui s'accroche et se poursuit à en faire sangloter tout le corps qu'elle saisit...

STOP - Entracte -

" J'en ai marre du spectacle de ce tout qui bouge sans cesse pour me raconter une histoire à laquelle je ne comprends rien ! "...
- Hum... Est-ce si certain ?
" Ce sac! C'est nul, ça se jette ! Voilà ! " - Hum...
C'est la volupté du plaisir qui revient ?
Mais, les fenêtres ne sont pas closes ?
Où est l'oiseau ?
Et le plaisir d'être en se réveillant ?
Pourquoi regarder le spectacle du monde de l'intérieur de soi à l'extérieur de soi ?
Pour se satisfaire de la méditation interrogative et en être détournée ?...
Maintenant, c'est le moment de se préparer à en sortir, de s'échapper pour subitement se retrouver dans une allée, assise sur le banc dans une posture raide, contractée dans le spectacle du monde du dedans et du dehors, perdue dans des bruits inaudibles, pour s'éterniser complice d'un sourire qui se dessine, interroge, et qu'il faut vivre !

" Je pense et repense et ça me fait sourire... Mais je n'ai pas envie de rire. "

-Reprise -

Acte 8
Sur un banc dans le parc, le corps, enveloppé dans un manteau s'installe assis, les deux pieds réunis serrés, une écharpe blanche enroulée sous la tête, le sac noir sur les genoux... pour joindre les mains dessus...pour passer le temps... pour fermer les yeux... pour ne rien faire... QU'ATTENDRE...

- Le rideau se ferme -

Les textes présentés ci-dessus sont sous la responsabilité de leur auteur. Ils sont quasiment le fruit brut qui a été cueilli en fin de séance... sans filet !
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